Dead Obies : Bâtards sensibles
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Dead Obies : Bâtards sensibles

Porté par le buzz de Montréal $ud, un audacieux premier album paru il y a à peine sept mois, le sextuor hip-hop franglo-québécois Dead Obies propose Collation vol. 2 – Limon Verde: La Experiencia, un «terrain de jeu» exploratoire qui repousse les barrières linguistiques.

Alors que Montréal $ud impressionnait par sa thématique globale et son enrobage musical cohérent, cette nouvelle mixtape est un ramassis de chansons hétéroclites, enregistrées à gauche et à droite durant la dernière année. «On avait juste le goût de sortir quelque chose cet été», explique l’un des rappeurs du groupe, Yes Mccan. «Notre album de l’an dernier, c’est pas un summer fun thing, c’est super chargé et dense. Là, on voulait se permettre d’être plus léger, en essayant des affaires, en allant dans plein de directions.»

Entre la fuzz expérimentale C’est mort, la trap auto-tunée Le Do it et la jazzy soul I Get High, Dead Obies se promène habilement et transcende les genres. «Un gros terrain de jeu», comme le dit Snail Kid.

Pour ajouter une certaine ligne directrice à la compilation, le groupe a décidé d’axer son concept autour du classique documentaire Kings of Cannabis produit par VICE – dans lequel un producteur de marijuana part à la recherche du Limon Verde, la variété de cannabis la plus pure connue à ce jour. «La mixtape devient une expédition, une quête à travers le monde, grâce à des extraits du documentaire et des samples de jungle», indique Yes Mccan. «Le punch, c’est qu’à la fin de l’album, on «puff» le stock», ajoute Snail Kid, avant d’éclater de rire.

Par-dessus tout, le côté léger de Collation vol. 2 permet aux cinq rappeurs (complétés par RCA20Some et Bear) et au producteur VNCE de prendre du recul face à leur premier album, tout en créant plus librement. «On n’était pas prêts à reconceptualiser un nouveau shit aussi complexe», avoue Snail.

«Actuellement, les styles de hip-hop changent aux six mois. Ça nous prenait un projet comme ça pour être capable d’absorber les nouvelles tendances et d’évoluer en tant qu’artistes», analyse Mccan.

«On est des bâtards»

L’évolution du côté de la langue est particulièrement notable. En général, le groupe mise davantage sur la sonorité des mots que leur signification, tout en mélangeant avec une volubilité naturelle l’anglais et le français. C’est d’ailleurs ce franglais qui avait dérangé quelques journalistes et membres du jury lorsque le groupe était passé en finale des Francouvertes l’an dernier. «Ce qui a le plus dérangé, je crois, c’est qu’au lieu de se plier à leurs normes, on a décidé de porter cet étendard-là», explique Mccan. «Vous nous dites qu’on est des bâtards? Ben, on est des bâtards.»

Jusqu’à maintenant, cette façon audacieuse de métisser le langage a toutefois mis des bâtons dans les roues à la formation qui, en plus de se faire bouder par les radios et les plateaux de télévision, s’est notamment fait refuser deux subventions de vidéoclips. «Y’a des raisons politiques derrière les subventions et, nous, on fitte pas là-dedans», déplore le rappeur. «Au Québec, on est tellement en retard. Ça me fait capoter. À Tout le monde en parle, on invite Sylvain Cossette pour parler de son vieux disque de reprises des années 1970, mais on n’invite pas Kaytranada ou High Klassified, deux producteurs qui sont littéralement en train de mettre le Québec sur la mappe. Après, faut pas se demander pourquoi ils s’exilent dès qu’ils font un peu d’argent… Nous, c’est différent. Vu qu’on fait un truc vraiment québécois, on n’a pas le choix de rester ici et d’évaluer les options pour nous en sortir. I guess que c’est notre quête.»

Collation vol. 2 – Limon Verde: La Experiencia disponible gratuitement le 17 juin.

En spectacle aux FrancoFolies de Montréal: le 20 juin à 19h au Club Soda (première partie: K6A), puis afterparty/DJ set au Shag du Métropolis dès minuit

Pour toutes les dates de spectacles: deadobies.com

Collation vol. 2 – Limon Verde: La Experiencia maintenant disponible en écoute!

Découvrez aussi les cinq objets qui inspirent Dead Obies, dans cette capsule tournée par Joseph Elfassi :

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