Un nouvel album pour Boundary : Le contraire d'un film d'action
Musique

Un nouvel album pour Boundary : Le contraire d’un film d’action

Le manitou de l’électro montréalais Ghislain Poirier renoue avec son projet ambiant Boundary et livre Still Life, un deuxième album minimaliste plus calme, partiellement inspiré par des classiques de science-fiction.

Pour arriver à s’imprégner de l’univers de Boundary, Ghislain Poirier a privilégié les sessions de création nocturnes. «Au début, j’avais de la misère à me concentrer», admet-il. «J’étais constamment harcelé par le rythme journalier, le bruit des e-mails, les notifications Facebook… Finalement, j’arrivais juste à composer la nuit, quand la ville était endormie, quand le noise de l’Internet était pu là. Fallait que j’attende que les gens aient fini leur journée au bureau pour créer calmement.»

En résulte un album dense, atmosphérique, qui s’inspire notamment des travaux de Brian Eno et du pionnier minimaliste Steve Reich. «C’est tout le contraire d’un film d’action», indique le musicien. «Vu que c’est un disque très tranquille dans lequel il ne se passe pas beaucoup de choses, il a fallu que j’sois sûr de ce que j’faisais. C’est un peu le même défi qu’un comédien en solo au théâtre qui doit captiver son public.»

Still Life est loin de l’action, certes, mais proche de la science-fiction. Durant la composition des pièces, Poirier avait en tête des trames sonores de films classiques, comme Blade Runner de Ridley Scott et THX 1138, le premier long métrage de Georges Lucas. «J’ai voulu rendre hommage à ces œuvres-là qui m’ont influencé», explique-t-il. «L’idée principale, ce n’était pas d’aller les réécouter, mais plutôt de m’en inspirer avec le souvenir que j’en avais. Ça m’a porté à faire une recherche approfondie au niveau des textures afin de créer un monde particulier.»

Pas ancré dans un style à la mode

Cet univers «particulier» s’affranchit de toute notion de temporalité. Malgré la fascination de son créateur pour les objets culturels datés, la facture sonore de Still Life n’est pas reliée à un espace-temps défini. «Je n’ai pas été guidé par un sentiment de nostalgie, mais plus par la volonté de créer quelque chose d’intemporel», soutient Boundary. «Je voulais quelque chose qui soit capable de traverser les générations, pas nécessairement ancré dans un style à la mode.»

Pour apprécier l’album à sa juste valeur, il faut évidemment être capable de faire comme Ghislain Poirier et prendre une pause momentanée du rythme journalier. Le créateur voit à travers son projet Boundary une idéologie qui dépasse toute forme de débat artistique. «Le but, c’est de prendre le temps d’écouter et d’arrêter d’être en réaction contre n’importe quoi sur les réseaux sociaux, alors qu’on n’est même pas capables de lire un article de plus de deux paragraphes», fait-il valoir, allumé. «Tout le monde a la faculté de s’intéresser à des trucs plus exigeants, faut juste arrêter de vouloir plaire au plus grand dénominateur commun.»

C’est dans cet ordre d’idées que le compositeur propose une session d’écoute intégrale de Still Life à la Satosphère — salle immersive de la Société des Arts Technologiques (SAT). «J’ai envie que les gens l’entendent fort», indique-t-il, amusé. «Pendant une soirée, on va sortir de la culture du jetable, on va s’arrêter quelques minutes pis on va l’écouter, l’ostie de disque!» 

La session se tiendra le mardi mardi 9 septembre à 21 h et l’album sera disponible le même jour. Quelques places seront disponibles à la porte pour cet événement. La session d’écoute est gratuite et suivie d’une période de question. Les dates de tournée de Boundary seront dévoilées sous peu. Site officiel du projet : noboundary.ca