Salomé Leclerc : De l’aurore au crépuscule
En congé «forcé» presque tout l’été, l’auteure-compositrice-interprète centricoise Salomé Leclerc nous revient avec 27 fois l’aurore, un deuxième album électro-pop sombre en rupture avec la tangente folk de son précédent.
Initialement prévu pour le mois d’avril dernier, ce nouvel opus est terminé depuis un bon moment. «Côté musique, tout était prêt depuis le retour des fêtes. Le bogue, c’était sur le plan visuel. On aurait pu se presser et tourner les coins ronds en prenant des photos n’importe où, mais on voulait que tout soit fignolé», explique une Salomé Leclerc reposée, heureuse d’avoir profité de son été. «Anyway, c’est une musique d’automne, une musique de frette.»
Le paradoxe avec le titre s’avère notable: ce n’est pas la lueur de l’aurore qu’on voit surgir tout doucement, mais bien la noirceur annoncée d’un crépuscule particulièrement lugubre. «C’est vrai que c’est pas mal sombre… C’est peut-être dans le choix des sons», réfléchit à haute voix la chanteuse qui s’est dit notamment inspirée par James Blake, Braids et Atoms for Peace durant l’écriture. «Sur l’autre, y’avait pas de claviers pantoute, et la guitare acoustique ajoutait un petit côté happy. Là, mon côté dark s’est enligné de même. Des fois, les gens sont inquiets, mais je suis pas comme ça dans la vie. C’est plus une façon d’extérioriser certains trucs, comme si la musique était ma porte de sortie.»
Se détacher du folk
Si le ton mélancolique, parfois fataliste, des paroles s’inscrit en continuité avec son précédent Sous les arbres, paru il y a trois ans, les arrangements, eux, tendent plus vers l’électro et l’électrique. «Je voulais volontairement me détacher du folk», admet l’artiste de 28 ans. «On m’associait à ça, mais c’était de moins en moins vrai durant mes spectacles. Sur scène, on est passé d’un truc bien folk, assez dépouillé, à quelque chose de plus électrique, presque rock. Je voulais poursuivre dans ce créneau-là.»
Le premier extrait, Arlon, vogue effectivement entre guitares rock ambiantes et synthés cold wave. Pour le reste, les claviers de Philippe Brault, qui a coréalisé l’album, se démarquent et viennent supporter la voix tourmentée et poignante de la chanteuse. «Brault, c’est un fan de hip-hop. C’est lui qui a amené la couleur plus électro avec ses claviers», indique Salomé Leclerc. «Ce qu’on voulait, ce n’était pas d’empiler les couches pour rien, mais plutôt de s’arranger pour que chacune d’entre elles prenne de l’espace dans le mix final.»
Pas vraiment de compromis commercial à l’horizon – à l’inverse de plusieurs de ses collègues musiciens qui entrent en mode séduction grand public lors du deuxième album. Pour la chanteuse, le potentiel pop d’une chanson n’a pas à être prévu. «Même si, généralement, les maisons de disques aiment bien ça, nous, on n’a jamais eu la radio en tête pendant l’enregistrement», avoue-t-elle, franchement. «Sur le dernier, on avait fait un effort avec Tourne encore en essayant de la tourner un peu plus pop. Maintenant, c’est elle que je skip quand je réécoute l’album… Elle tourne pu pantoute!»
C’est pourtant ce que la chanteuse fera prochainement, tourner. Salomé Leclerc sillonnera le Québec après un arrêt de quelques dates en France, là où paraîtra 27 fois l’aurore en octobre. Comme quoi s’affranchir des étiquettes pour créer une œuvre intimiste paie parfois plus que le compromis opportun et convenu.
27 fois l’aurore (Audiogram) disponible le 23 septembre; Spectacle de lancement (Montréal) le 25 septembre au Nomad Nation (129, Van Horne) à 17h Spectacle de lancement (Québec) le 2 octobre au Théâtre Petit Champlain à 20h