Le retour en force du vinyle
Vous pensiez le vinyle mort et enterré? Eh bien, vous vous trompez, il est toujours très populaire. Petit tour en magasin avec le spécialiste et collectionneur Benoit Huot, propriétaire de la boutique CD Mélomane.
Après avoir éclipsé le 78 tours et dominé le marché de la musique pendant des décennies, le vinyle était promis à une mort certaine lorsque le disque compact a été lancé. Effectivement, en dehors d’irréductibles adeptes de ce support, il ne semblait plus y avoir grand monde pour en acheter. Puis, on a assisté à un certain regain du vinyle grâce au travail d’échantillonnage de DJs. Et sans qu’on sache trop comment, la spirale s’est inversée, si bien qu’« aujourd’hui, 75 à 85% des artistes anglophones produisent des versions vinyles de leurs albums en même temps que des versions numériques », explique Benoit Huot, qui voit aussi la production francophone suivre progressivement cette tendance. Qui aurait parié, il y a encore 10 ans, sur un tel retour en force?
Le vinyle : une expérience d’écoute différente
Pourquoi décide-t-on d’acheter un vinyle plutôt qu’un disque compact? Après tout, ce support nécessite a priori plus de matériel et vaut plus cher neuf que son équivalent numérique. Voici ce qu’en pense Benoit Huot : « Le son du vinyle, enregistré en analogique (sauf lorsque des compagnies malhonnêtes se contentent de copier sur ce support des enregistrements numériques), est plus chaud et ample que celui d’enregistrements numériques. Son écoute est plus naturelle, plus agréable. De plus, il faut prendre son temps quand on choisit d’écouter un vinyle, on n’a pas juste à appuyer sur un bouton pour démarrer ou sauter à la fin de l’album. Et ça, ça change totalement l’expérience d’écoute. » Les jeunes eux-mêmes se rendent chez CD Mélomane pour y trouver des vinyles, une fois qu’ils ont compris que la qualité d’un mp3 est moindre et qu’ils sont séduits par le rituel « sortir le vinyle de sa pochette – l’essuyer – le poser sur le tourne-disque – lever le bras de l’appareil et poser délicatement l’aiguille ».
Un marché de collectionneurs
« Une fois qu’on a écouté des vinyles, on devient vite accro», avoue Benoit Huot, qui collectionne les vinyles depuis près de 50 ans. Mais il existe bien sûr différents types d’adeptes du vinyle. Il y a tout d’abord les complétistes, ceux qui souhaitent réunir le plus de documentation sonore possible sur un artiste ou un groupe. Il y a aussi ceux qui préfèrent les nouveautés, ceux qui attendent les rééditions (comme par exemple celle toute récente de tous les premiers albums des Beatles en version mono), ceux qui adorent les pochettes illustrées et les versions de luxe, ou encore ceux qui tâtonnent entre ce qu’ils connaissent et ce qu’ils ont envie d’essayer. Bref, il y en a pour tous les goûts. Et toutes les bourses, puisque l’on peut trouver chez CD Mélomane des vinyles usagés à compter d’1 ou 2 dollars lorsqu’ils ont été populaires et produits en grande quantité, puis de 5, 10, 20 ou 30 dollars s’ils sont plus rares. Quant aux vinyles neufs, ils se détaillent entre 20 et 50 dollars.
Équipement requis
C’est bien de se procurer des vinyles, mais encore faut-il les écouter avec les bons appareils. « Cela prend un investissement minimal de 400 à 500 dollars, il ne faut pas le nier, précise Benoit Huot. Il faut un tourne-disque avec une bonne aiguille (si ça griche, c’est qu’il faut la changer), un amplificateur, des haut-parleurs. On n’a pas juste à se procurer un iPod. » Toutefois, le jeu en vaut la chandelle, car contrairement aux disques compacts, le vinyle, lui, peut vous suivre toute une vie. Et toute une vie avec de la musique de qualité, ça n’a pas de prix.
CD Mélomane
248, rue Saint-Jean, Québec
418 525.1020