Loud Lary Ajust : À la recherche de la jeunesse perdue
Coup de coeur francophone 2014

Loud Lary Ajust : À la recherche de la jeunesse perdue

En pleine crise de la mi-vingtaine, Loud Lary Ajust propose Blue Volvo, un deuxième album à la fois plus sombre et accrocheur.

Symbole d’une adolescence insouciante révolue, la fameuse Volvo bleue en toile de fond durant tout l’album appartenait à un ami proche des rappeurs montréalais Loud et Lary. «On a vécu toute notre jeunesse à travers elle, autant nos bons que nos mauvais coups. C’était l’objet mythique de notre adolescence», confie Loud. 

«Elle représente tout ce dont on veut se détacher et tout ce qu’on aspire à rester», ajoute Lary, qui aura 27 ans dans quelques semaines. «Sans nécessairement être nostalgiques de notre adolescence, on regrette la forme de liberté d’esprit qu’on avait à cette époque-là. En fait, on est nostalgiques de la jeunesse en général.»

En découle un album divisé en deux parties: une première davantage légère, inconsciente et «adolescente», majoritairement axée autour des partys qui dégénèrent et des idéaux de vie américains, et une deuxième plus sombre, lucide et «mature», qui explore avec un certain recul fataliste les méandres de l’esprit des rappeurs.

Lary se confie notamment avec une intensité trouble sur 14 AM: «J’suis un produit de mon ordi / Élevé par la porno, j’traite ma copine comme un objet / Jamais beaucoup de sommeil, j’avais 16 ans, j’gettais blunted / Pis j’checkais des films de torture avec mes amis au lieu de dormir / Motherfucker, y’a pas d’espoir».

Les deux rappeurs naviguent ainsi entre euphorie et dépression. À travers ces deux extrêmes combinés, ils réussissent à dresser un panorama somme toute honnête de qui ils sont à l’heure actuelle. «Je ne nous ai jamais perçus comme des personnages. On se permet souvent d’aller plus loin dans notre délire, mais ça reste des traits de notre personnalité», indique Loud.

«Notre rap, c’est un gros fourre-tout qui, malgré toutes les différentes émotions qu’on met dessus, suit une seule direction: celle du beat», explique Lary.

Plus accessible 

Aux commandes des dix productions, Ajust mise sur une trame plus élaborée, fignolée et cohésive. L’aplomb qu’on retrouvait sur Gullywood y est toujours, mais sans son côté brut caractéristique. «C’est une évolution naturelle, tout simplement», explique le producteur, qui a fait appel au légendaire Ruffsound pour l’aider dans le processus de création. «J’écoute beaucoup de musique pop et j’ai un penchant général pour la sonorité “radio” dans le rap. Je voulais prendre une direction artistique plus accessible.»

De l’avis des trois principaux intéressés, ce tournant «accessible» n’est aucunement relié à leur récente signature avec Audiogram. «Ils ne nous ont absolument rien dit», indique Loud.

«C’est juste le fun de faire évoluer notre musique. Avec ou sans label, ça aurait été comme ça», ajoute Lary. «Faut dire que, la copie physique, c’est un bel aboutissement aussi. Ça ajoute au côté nostalgique de l’album.»

Le trio prendra la route prochainement pour quelques dates aux côtés de ses alliés Koriass et Eman X Vlooper. Bien entendu, le nom de la tournée, Rap Queb Money Tour, se veut sarcastique et faussement prétentieux.

Le groupe est bien au courant que, malgré son rayonnement à Montréal et dans la capitale, il reste généralement méconnu à travers la province. «Oui, on est très médiatisés, mais, en bout de ligne, on vit dans un microcosme. Le nouveau rap québ’, c’est une invention qui, pour la plupart des gens, ne veut rien dire», admet Loud, sans amertume.  

Considérant le penchant un peu plus mature et accessible de Blue Volvo, le trio saura-t-il élargir son public et ainsi s’imposer à la grandeur du Québec?

«Peut-être. Ma mère, par exemple, aime mieux le nouvel album que l’ancien», répond Loud.

«Sérieusement…», riposte Lary.

«T’as vraiment envoyé l’album à ta mère!?»

Blue Volvo

(Audiogram)

En magasin dès le 21 octobre

À lire : notre critique de l’album

Rap Queb Money Tour avec Koriass ainsi que Eman X Vlooper:

  • 5 novembre au Théâtre Granada de Sherbrooke
  • 8 novembre au Club Soda de Montréal (dans le cadre de Coup de coeur francophone)
  • 11 novembre à la Salle Odyssée de Gatineau
  • 13 novembre au Cercle à Québec
  • 14 novembre au Palace Arvida de Jonquière
  • 15 novembre au centre culturel de Rivière-du-loup
  • 19 décembre au  Centre Richelieu de Lorrainville
  • 20 décembre au Paramount de Rouyn-Noranda