Couturier : Sous peine d’amour
Ancien membre d’O Linea et Kodiak reconverti en participant à La Voix puis en beauté du Banquier, Couturier sort d’une longue période sombre et propose Comme un seul homme, un premier album solo teinté par une pénible peine d’amour.
Félix-Antoine Couturier l’admet d’emblée: la dernière année a été difficile, très difficile. «Après la rupture, j’ai été depress, vraiment. Pour passer à travers, j’me suis assis devant mon laptop pis j’ai composé des tounes pendant un an», confie l’auteur-compositeur-interprète natif de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Seul, la mine basse, il compose beaucoup, sans se poser de questions, puis enregistre des maquettes qui finiront par devenir les enregistrements finaux. Aucun album en tête à l’époque, ni quelconque EP pour faire suite à son précédent Fuir le plancher, paru en 2013. «Même qu’au début, ça m’avait même pas passé par la tête de les partager, ces chansons-là», relate-t-il. «Ça a pas du tout été fait dans un but de carrière précis. C’était juste un moyen de survie.»
Se mettre à nu
Intimiste et mélancolique, sans verser dans le mélodrame larmoyant, Comme un seul homme mise sur les contrastes et navigue entre guitares rock, structures pop et moments acoustiques plus prenants. «Je sais pas si, en fin de compte, on peut dire que c’est un album lumineux. En fait, ça me semble encore être un gros chaos assez flou», avoue-t-il. «Quand j’écrivais les tounes, j’étais quand même conscient de l’état dans lequel j’étais. Au lieu de me tirer par en bas, j’avais envie de m’élever.»
Frappante métaphore sur ce contraste émotionnel des hauteurs, le vidéoclip de la pièce-titre, réalisé par Didier Charette, met en scène un Félix-Antoine Couturier complètement nu, pendu par les deux pieds, qui tournoie dans un vide infini. Un tournage à la fois éprouvant et libérateur pour l’artiste. «Sérieusement, j’ai souffert ma vie!» se rappelle-t-il, non sans émotions, évoquant au passage la gêne «de se mettre à poil devant 10 personnes». «Quand j’ai regardé les images après, je me suis trouvé vraiment laid. Et dans cette laideur-là, y’avait quelque chose qui était directement relié à ce que j’avais vécu durant la dernière année. Le message transcendait la toune.»
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La «grosse machine»
En plus de sa peine d’amour, le chanteur a connu une autre montagne russe d’émotions en participant à La Voix l’an dernier et, de surcroît, en passant les trois premières étapes avec succès dans l’équipe de Marie-Mai.
Un peu réfractaire aux téléréalités à la base, celui qui avait déjà fait sa marque à Granby et à Petite-Vallée s’est lancé dans l’aventure après multiples réflexions: «Je venais d’avoir 30 ans et j’gagnais pas encore ma vie avec la musique. J’me voyais pas avoir le luxe de cracher sur cette tribune-là. Je pouvais pas l’ignorer et dire que c’était d’la marde avant même de l’avoir essayé. Anyway, la grosse machine, elle organise seulement les gens qui savent pas c’qui veulent.»
Et la «grosse machine» du Banquier dans tout ça?
«C’est vraiment juste pour payer le loyer», admet Couturier, en riant. «C’est sûr que c’est un peu weird d’être à la fois beauté au Banquier et d’avoir un clip dans lequel je suis pendu à poil… En même temps, quand j’regarde ça, j’trouve ça vraiment drôle.»
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Comme un seul homme
(Slam Disques)
Disponible le 12 novembre
Montréal: Lancement gratuit avec prestation le même jour 17h30 à la Sala Rossa, dans le cadre de Coup de coeur francophone