Montréal en lumière : Mara Tremblay: Un air de famille
À peine un an après la fin de sa tournée solo, dans laquelle elle abordait avec une belle humilité son trouble de bipolarité, Mara Tremblay renoue avec sa guitare électrique, le temps d’une nouvelle série de spectacles plus rock qui aura des airs de réunion de famille.
Pleinement consciente qu’À la manière des anges, son cinquième album studio paru en octobre dernier, se rapproche plus des synthés planants de Tu m’intimides et de la beauté envoûtante des Nouvelles lunes, ses deux précédents, que de l’intensité rock plus brute de ses deux premiers, la chanteuse baie-comoise a tout de même choisi de privilégier les guitares au détriment d’une «ambiance électro plus moderne» pour son nouveau spectacle.
Une décision partiellement attribuable à l’ajout de deux musiciens aux résonances rock qu’elle affectionne tout particulièrement: l’ancien guitariste des Breastfeeders Sunny Duval, son copain, et le batteur Victor Tremblay-Desrosiers, son fils de 18 ans. «Ça fait longtemps que j’avais envie de jouer avec eux, et là, le timing était parfait», indique-t-elle, excitée à l’idée de retrouver sa famille sur scène. «J’me rappelle des sœurs McGarrigle qui invitaient parfois leurs enfants et même leur père sur scène. Je trouve ça touchant quand l’esprit de clan est palpable comme ça.»
Aborder franchement la bipolarité
Entourée par deux autres musiciens, Victoria Lord à la guitare et François Plante à la basse, Mara Tremblay offrira un spectacle davantage musical que sa précédente tournée solo panquébécoise, dans laquelle elle se confiait sur plusieurs épisodes de sa vie.
Toutefois, elle abordera encore son diagnostic de bipolarité, comme elle le fait d’ailleurs sur l’émouvante chanson Que la peine passe. Diagnostiquée depuis maintenant six ans, elle vit en paix avec sa maladie, malgré des moments plus difficiles, qu’elle apprend à apprivoiser. «En général, quand t’es malade, les gens viennent près de toi et veulent t’aider, mais dans un cas comme le mien, tu deviens haïssable, et ça éloigne les gens. C’est une maladie de solitude extrême puisque tu es seul dans ta tête», confie-t-elle.
«En fait, les psychiatres savent même pas vraiment ce que j’ai parce que la bipolarité, comme toutes les autres maladies mentales, ça ne se voit pas avec une prise de sang… C’est pour ça que chaque personne le vit différemment et qu’au bout du compte, il faut en parler pour s’en sortir. Faut arrêter de voir ça comme un grand tabou parce que, oui, on peut fonctionner en société si on est bien entourés.»
25 ans d’estime
Très lucide, la chanteuse de 45 ans connait désormais ses limites et sait qu’elle ne peut plus se permettre des longues tournées aux horaires impossibles. «J’ai pas le choix, je dois faire attention. J’m’arrange pour avoir du fun parce que, sur une scène, c’est la seule place où je m’éclate», dit-elle. «Après le show, je rencontre des gens. J’ai des discussions super intenses qui peuvent parfois durer une heure.»
C’est en partie ce qui fait de Mara Tremblay l’une des chanteuses québécoises les plus estimées au Québec. En près de 25 ans de carrière, elle est toujours restée humble et audacieuse dans ses directions musicales, refusant de rechercher à tout prix la formule ultime pour obtenir un succès commercial.
«J’ai une carrière qui se bâtit tranquillement», explique-t-elle. «J’me rappelle que, quand je jouais avec Les Colocs, les gens venaient juste pour entendre Julie. En bout de ligne, ils n’avaient pas la même écoute pour les autres tounes. Dans mes shows, c’est cool parce que chacun a sa préférée. J’trouve ça touchant. C’est sûr que ça me dérangerait pas de jouer devant plus de monde, mais je suis contente comme ça. J’ai jamais fait de compromis parce que je sais que c’est pas ça, la solution.»
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Le 24 février à 20h au Club Soda dans le cadre de Montréal en lumière. Aussi en spectacle le 28 février à la Chasse-galerie de Lavaltrie.