The Vasts : Chaque chose en son temps
Huit ans après un premier EP aux teintes trip-hop et country, le sextuor montréalais The Vasts fait enfin le grand saut avec Tearing Us Apart, un premier album folk rock aux accents cuivrés.
Tout droit sorti de la banque où il travaille, veston-cravate pour en témoigner, Nicolas Carette, compositeur, chanteur, multi-instrumentiste et maître d’œuvre principal du groupe, ne le cache pas: oui, l’attente a été longue. Amorcés en 2012, les sessions d’enregistrement de ce premier album en carrière auront finalement abouties il y a à peine quelques mois.
Un travail de longue haleine, certes, mais nécessaire, de son propre aveu. «Ça a été tough de coordonner les horaires de tout le monde… En même temps, on voulait vraiment travailler avec des gens talentueux. Je suis content parce que c’est grâce à tout ce monde-là que l’album est bon, finalement», indique Carette, en référence au coréalisateur Serge Nakauchi Pelletier (de Pawa Up First) et au mixeur Mathieu Parisien, qui a déjà travaillé avec Patrick Watson et Karkwa.
«Y a aussi le cycle de la vie quotidienne qui a pas aidé…», ajoute-t-il. «Entre la job et la famille, il reste pas trop de temps pour faire de la musique.»
Une photo magnifique de quelque chose de laid
L’attente en aura toutefois valu la chandelle. Avec ses arrangements fins, ses habiles compositions intemporelles et ses teintes de cuivre, Tearing Us Apart est une porte d’entrée sur la sensibilité de son créateur, qui vocalement se fait proche du ténébreux Nick Cave.
«L’image qui me vient, c’est quelque chose de très laid, mais filmé d’une manière vraiment belle, comme une photo magnifique de quelque chose de laid», explique-t-il, soulignant au passage les textes de son ami de longue date Anders Jensen. «Le beau, c’est les arrangements. Le laid, c’est la mélancolie, les thèmes sombres. L’album est une réflexion sur les conflits, autant interpersonnels que sociaux. C’est pas un truc à message, mais plus une introspection sur les moments de la vie qui te forcent à tout remettre en question.»
Loin d’être un frein à la créativité, ces éprouvantes remises en question servent de carburant au groupe, composé du guitariste Éric Patenaude, du batteur Daniel Bédard, de la pianiste Julie Rivard, du bassiste Pascal Lesage, de la trompettiste Josiane Rouette et de Carette. «Tous les musiciens du groupe sont des gens qui doutent beaucoup. Souvent, ils ne se trouvent pas bons et remettent en question leurs capacités musicales», confie le chanteur de 35 ans. «C’est pour ça que d’avoir un projet commun comme cet album-là, ça nous apporte beaucoup. Ça nous permet de travailler ensemble, tous sur la même longueur d’ondes.»
Uni comme jamais
Formé au milieu de la précédente décennie, The Vasts n’a donc jamais été aussi uni que maintenant. D’abord un projet trip-hop aux accents country, le groupe s’est ensuite aligné vers une toute autre direction. «À un moment donné, je me suis tanné de mélanger les loops. J’avais changé de trip, je voulais jouer live», se rappelle le musicien. «À force de faire des shows, on est arrivés avec un son plus organique. Avec l’album, on voulait voir jusqu’où on pouvait aller avec ça.»
Sans compagnie de disques, le sextuor attend de voir la réception du public avant de se faire des plans de carrière précis. «Pour le premier album, un label, c’était pas important pour nous… mais éventuellement, ça pourrait sûrement nous aider, au plan promotionnel entre autres», indique Nicolas Carette. «On va voir rendu là.»
Bref, comme d’habitude, chaque chose en son temps.
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