Les Anticipateurs : De la «grosse marde»
Toujours aussi «deep dans l’game», le groupe hip-hop sorelois Les Anticipateurs prend quelque peu ses distances de son sport de prédilection (le hockey) et propose G.O.L.F., un sixième projet que les membres qualifient eux-mêmes de «grosse marde qui mérite même pas d’être écoutée».
«C’est comme de la diarrhée», précise avec une belle subtilité Monak, l’un des trois rappeurs du groupe, rejoint par téléphone alors qu’il revient de donner un spectacle à Gatineau. «On fait exprès de faire d’la marde de même parce qu’on écoute pas vraiment de rap. On préfère L’aigle noir pis les albums de Céline Dion.»
Avec Les Anticipateurs, le deuxième degré atteint toujours des niveaux incroyables. Pastiche évident mais inavoué du gangsta rap américain, le groupe surfe sur la vague de son énorme succès Sapoud, qui cumule près de deux millions de visionnements sur YouTube depuis sa parution il y a trois ans. Inspirés par les sports d’hiver et tout ce qui, généralement, représente le Québec dans ses clichés les plus profonds, Monak, Tronel, Riz-Boulet, Pic Paquette et Jean-Régis Lavoie ont réussi, en trois ans, à se doter d’un public fidèle un peu partout dans la province.
Des beats volés aux Américains
Pour ce sixième projet, le groupe n’a pas fait appel aux producteurs locaux renommés Tommy Kruise et Vincent Pryce, comme il l’avait fait en 2013 sur son seul album officiel à ce jour Le Tour du chapeau, préférant faire comme à ses débuts et «voler des beats aux Américains». «Nous autres, on vole depuis qu’on est jeune», explique Monak. «On est juste bon à une couple d’affaires dans vie, pis on l’assume. On est des voleurs, des crosseurs, des revendeurs, mais surtout, on est des anticipateurs.»
Suite logique des mini-albums Tirs de barrage (2014) et L’antichambre (2015), G.O.L.F. représente la pause estivale après une longue saison de hockey. La mixtape est également un acronyme saisissant de «Gangster Original de la Langue Française» – statut prestigieux et particulièrement absurde que les membres s’attribuent. «Ça implique qu’on est des Nord-Américains français francophones québécois américains», soutient Jean-Régis Lavoie dans un élan d’intensité identitaire à la Elvis Gratton. «Moé, quand j’t’aux States, je parle français pareil. J’men câlisse des Anglais!!! La reine est juste sur mes dollars pour payer mes putes pis ma poudre.»
Malgré la flagrante connerie, le groupe continue d’entretenir son mythe sorelois avec une théâtralité soutenue, qui tombe parfois dans la grossièreté et le blasphème. Sur la chanson Pogo, parue il y a quelques mois, le groupe s’en prend aux Dead Obies en les qualifiant d’«homos» qui «font des films de cul avec des GoPro». Évidemment, Les Anticipateurs n’ont pas peur des représailles. «À tous les jours, y’en a un du groupe qui m’appelle pour se plaindre. Je sais pu c’est lequel, sûrement Yes Makonnen, mais il pleure en me demandant d’enlever ça de YouTube», indique Tronel. «Les Teletubbies, ça a jamais été notre affaire… On préférait les Ninja Turtles.»
Vrai reconnaît vrai
Bref, même s’ils n’auront probablement jamais un succès aussi légendaire que Sapoud, Les Anticipateurs sont loin d’avoir dit leur dernier mot. «On n’a jamais profité d’une hype quelconque: c’est la hype qui bénéficie de notre excellence», fait valoir, avec conviction, Monak.
«C’t’à cause de nous autres si la vente de lunettes blanches et d’oreilles de christ au ketchup a augmenté», ajoute, dans un autre ordre d’idées, Tronel. «Ceux qui pensent qu’on est des personnages, y’écoutent trop la télé… Justin Trudeau, lui, c’est un personnage. Maurice Richard, aussi, c’est un personnage. Nous autres, on fuck juste avec les reals. Vrai reconnaît vrai.»
Après la tournée, le groupe continuera de plancher sur son septième projet (et deuxième album officiel) La Coupe Stanley, prévu pour 2016, qui bénéficiera des créations de plusieurs producteurs locaux comme Tommy Kruise, High Klassified et, même, Kaytranada. «C’est comme un match numéro sept en séries», explique Monak, habité. «On a déjà gagné la série en quatre, mais on joue les matchs pareil pour humilier notre adversaire encore plus.»
D’ici là, la tournée se poursuit jusqu’à la fin de l’été et inclut un mystérieux arrêt à Montréal, au Club La Boom, le 21 août.
> D’ici là, la tournée se poursuit jusqu’à la fin de l’été et inclut un mystérieux arrêt à Montréal, au Club La Boom, le 21 août.
Je serai participateur. (ouin)
Groupe de Sorel?
Come on ! On le sait toute que cest des francais de france
Qui immite laccent Quebécois.. les gars habite a Montréal.
Tout le monde le sait, en effet, mais c’est justement une partie de la joke .
Vrais reconnaissent vrais, c’est ça qu’on aime, du real shit deep dans l’game!