The Posterz : Ne jamais rester les mêmes
Aussi terre-à-terre qu’ambitieux, les trois membres du phénomène hip-hop montréalais The Posterz présentent enfin Junga, la «bande-annonce» de leur premier album officiel à paraître au printemps 2016.
Sortis de nulle part il y a deux ans avec Starships and Dark Tints, un premier EP prometteur propulsé par le clip quasi viral de The Bass Song, Husser, Kris The $pirit et Joey Sherrett ont fait l’audacieux pari de s’écarter des clichés du genre pour emprunter une esthétique plus audacieuse, pas trop éloignée de celles que proposaient, à l’époque, des rappeurs américains au style incisif comme A$AP Rocky et The Underachievers.
Bref, les trois artistes (qui se sont rencontrés dans un studio communautaire de la Petite-Bourgogne au début de la décennie) arrivaient avec un style de hip-hop rafraîchissant sur une scène rap anglo-montréalaise stagnante, souvent en manque de vision. «On arrivait avec une approche assez différente, en ayant en tête le monde plutôt qu’un territoire en particulier», se rappelle Joey Sherrett, le principal producteur du groupe.
«On refusait (et refuse toujours) d’être associé aux stéréotypes du genre», ajoute Husser qui, d’ailleurs, préfère le titre de «vocaliste» à celui de «rappeur», en raison de toutes les présomptions que ce dernier sous-entend.
Deux ans plus tard, l’eau a coulé sous les ponts, mais The Posterz est resté sur bien des lèvres. Multipliant les spectacles au Canada et, dans une moindre mesure, aux États-Unis, le groupe a assidûment alimenté son engouement.
«En deux ans, on n’a jamais cessé d’évoluer, indique Sherrett. On a appris les rouages de l’industrie, on a rencontré des labels… On a également décidé de perfectionner notre son au maximum. Il y a une version de Junga qui était prête depuis longtemps, mais elle n’était pas mixée à notre goût. On est donc retournés travailler pendant un autre long moment. Maintenant qu’on connaît mieux le processus, tout va aller plus vite, c’est certain.»
Plus éclaté et ambitieux
Généralement éloigné des repères trap génériques, Junga mise sur une direction musicale plus éclatée et donc plus ambitieuse. Si on se plaît à retrouver les lueurs sombres typiques de son prédécesseur sur le premier extrait Rumble, on découvre de toutes nouvelles facettes du groupe sur la lumineuse Bulalay et sur l’incursion indie pop Cold Coast, en collaboration avec le groupe montréalais Secret Sun.
«En gros, Junga, c’est l’histoire de Kris et Husser dans la jungle urbaine montréalaise. C’est leur vie à travers elle, autant la folie et le struggle que la beauté et les jours heureux, explique le producteur. Moi, je ne fais que peindre le tableau de leurs réalités en arrière-plan. Je m’assure de donner une dimension profonde à ce qu’ils racontent.»
«De mon côté, j’ai eu de la difficulté à écrire, confie Kris. Je me suis donc mis à freestyler de longues heures en studio sur un même beat afin de trouver l’ultime couplet qu’il me fallait. J’avais besoin de ressentir un vibe plutôt que de chercher l’inspiration.»
Et ce «vibe», il est en constante mouvance. Influencés par des artistes de tous les horizons, de Dr. Dre à MGMT en passant par Nine Inch Nails et Kendrick Lamar, les trois artistes sont portés par le désir perpétuel de se réinventer. «Notre but principal, c’est d’évoluer chaque fois, un peu comme les Beatles le faisaient en se réinventant constamment, résume Sherrett. On ne va jamais rester les mêmes.»
//
Junga, en vente maintenant; en concert le 20 novembre à La Vitrola, dans le cadre de M pour Montréal