Entrevue avec Québec Redneck Bluegrass Project: Soif inassouvie
Le quatuor saguenéen Quebec Redneck Bluegrass Project profite d’une rare présence hivernale au Québec pour faire le tour de la province et présenter La route de la soif, court métrage qui documente l’une de leurs nombreuses tournées en Chine.
Globe-trotteurs dans l’âme, les quatre membres de QBRP (Nick «Capitaine Cool» Flame à la mandoline, François Gaudreault à la contrebasse, Charles Hudon au violon et JP «Le Pad» Tremblay à la guitare/voix) sont tous au Québec en cette fin d’automne/début d’hiver. S’ils sont habituellement très actifs sur les scènes québécoises en été, les musiciens ont passé la majeure partie des dernières années en Chine, là où il se sont curieusement rencontrés en 2007.
Tourné en 2011, le documentaire La route de la soif dévoile, pour la première fois, le quotidien des membres du groupe lors d’une tournée de trois semaines en sol chinois. Il est présenté en première partie des neuf spectacles de la tournée actuelle. «J’suis ben content de ce que ça a donné», indique JP Tremblay. «En Chine, ça fait pas longtemps que les frontières sont ouvertes, donc y’a une soif de tout ce qui vient de l’étranger. Les Chinois ont soif de s’imprégner de la musique américaine. Nous autres, on a crissement pris de l’expérience là-bas.»
«C’est toujours le party en Chine»
De passage en Chine pour aller voir «un chum d’Alma» au début de l’année 2007, le chanteur a fraternisé avec les colocs de son ami (Charles et Nick), avec qui il a créé le groupe quelques mois plus tard. Pendant six ans, ils ont habité et fait leur marque en Chine. «On est tombés en amour avec le pays. Quand je revenais au Québec l’été pour faire des shows, j’me sentais en voyage», se rappelle Le Pad.
Évidemment, cette «route de la soif» est intimement liée à l’alcool. Groupe country/bluegrass à l’énergie punk très festive, dont le hit principal est Chu ben plus cool su’a brosse, QBRP a rapidement compris qu’il était à sa place, en Chine.
«C’est toujours le party en Chine, y’a vraiment une culture de boisson incroyable. C’est pour ça qu’on se sentait chez nous», explique le chanteur, maintenant officiellement revenu au Québec. «Pour vrai, y’a ben des Chinois qui boivent cul-sec, pis y’en a tout le temps un qui part malade. Là-bas, les jeux de boisson, c’est un classique. Y’a plein de chansons à boire aussi… Pis, on va pas s’le cacher, la grosse bière est à 50 cennes!»
Connaître ses limites
Évidemment, carburer à un rythme aussi intense pendant plus de huit ans n’a rien de très reposant. Avec les années, le groupe a appris à connaître ses limites. «On espace les shows un peu plus qu’avant. Le plus tough, c’est d’aller se coucher après les shows», admet JP Tremblay. «En même temps, on n’a pas vraiment le choix d’avoir un rythme de vie qui fitte avec nos tounes.»
À force de «magnifier la débauche» (comme Bernard Adamus le dirait), QBRP est devenu un exutoire de party pour ses nombreux fans très fidèles. En tant qu’auteur-compositeur, JP Tremblay avoue devoir parfois mettre des chansons de côté, en raison de leur côté festif moins évident. «Je m’arrange pour avoir des chansons qui fittent avec le Québec Redneck. On connait notre public», admet-il. «De toute façon, ces tounes-là, ça parle de ma vie, donc disons que c’est pas trop compliqué de parler de brosse.»
Ironique, l’utilisation du qualificatif «redneck» attire une foule parfois peu recommandable, que le groupe a toutefois rapidement apprivoisée. «J’trouvais que c’était assez flagrant que c’était du pur sarcasme comme nom de groupe. On a été assez surpris de voir qu’une partie de notre public le voyait pas comme nous», explique le chanteur. «Mais, t’sais, à la base, on savait même pas qu’on viendrait au Québec avec c’te nom-là…»
«C’que j’trouve vraiment hot, c’est de voir que ça rassemble du monde différent», ajoute-t-il. «T’as du monde de tous les âges qui ont du fun dans le trash ensemble. Pour vrai, ça fait des estis de belles veillées.»
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10 décembre, Club Soda, Montréal (1re partie: Deuxluxes); 11 décembre, Nord-Ouest Café, Trois-Rivières; 12 décembre, L’Eauberge, Tadoussac; 17 décembre, Le Cercle, Québec; 18 décembre, Zaricot, Saint-Hyacinthe; 19 décembre, Boquébière, Sherbrooke