Ryan Playground : L’ascension
En constante ascension sur la scène électro montréalaise depuis 2013, la chanteuse et productrice Ryan Playground ose enfin faire le saut avec un premier album aux allures de «journal intime».
Ryan Playground a mis du temps avant de se dévoiler en tant qu’auteure-compositrice-interprète.
Au lieu de se lancer brusquement pour répondre aux attentes, la DJ montréalaise de 23 ans a préféré s’entourer des bonnes personnes : l’équipe étoile de défricheur de talents locaux Saintwoods pour la gérance, son bon ami Robert Robert pour le perfectionnement des techniques et, surtout, le renommé producteur néo-écossais Ryan Hemsworth par l’entremise de son label Secret Songs, sous lequel ce premier album, elle, paraît.
«Ça aide d’avoir des bons amis et des personnes sur qui on peut compter en musique», admet-elle. «On évolue vraiment plus vite.»
En revanche, ce premier album, Ryan l’a concocté seule – à quelques exceptions près.
De là sans doute la dimension personnelle qui transparait dans l’ensemble de l’œuvre. «C’est un album qui parle de ma copine», explique-t-elle. «Je voulais prendre la liberté de m’exprimer par rapport à cette relation-là. Ça donne quelque chose de très réflexif, comme un genre de miroir sur ma vie. C’est pratiquement un livre ouvert.»
Loin d’être aussi directe qu’elle le laisse sous-entendre, la poésie de Ryan Playground est une suite d’images et de métaphores, qui donne un aperçu souvent intense d’une relation amoureuse fusionnelle, parfois tumultueuse. «Ça fait trois ans que je suis en couple, donc mes textes sont une accumulation des histoires que j’ai vécues avec ma copine. Mais y’a rien de noir sur blanc. Je ne parle pas, par exemple, d’une fois précise où je me serais chicanée avec elle à 2h30 du matin», dit-elle, sourire en coin.
Intitulés Liberté et Ascension, les deux interludes instrumentaux de l’album ont également un sens particulier pour l’artiste. «J’ai composé toutes les chansons de façon spontanée, mais curieusement, ce sont ces deux pièces instrumentales-là qui guident l’album», analyse-t-elle. «En fait, elle, c’est mon ascension vers la liberté. Une ascension qui n’arrête jamais, comme un genre de life project.»
Du podium à la scène
Et cette «ascension» s’est amorcée il y a plus de 10 ans. Mannequin propulsé sur les podiums internationaux dès le début de l’adolescence, Ryan Playground a été initiée à la guitare et à la batterie, avant de tomber en amour, à l’âge de 15-16 ans, avec des groupes indie pop électro comme The Knife et The Postal Service. «C’est là que j’ai commencé à m’initier à Garage Band», se souvient-elle. «Mais disons que, techniquement parlant, je contrôle mon truc depuis à peu près deux ans.»
Accumulant les DJ sets dans les bars et durant les festivals montréalais (Piknic Électronik, Chromatic, Igloofest) depuis la fin 2013, l’artiste a commencé plus sérieusement la création de son premier album au printemps dernier. Expérimental, elle carbure aux textures dream pop et aux rythmes électro irréguliers, ce qui lui donne un côté alternatif plus ou moins accessible. Produit par Ryan Hemsworth, le premier extrait Folders est le seul morceau à avoir une structure pop plus évidente.
«Je voulais pas que mon album soit comme tous les autres. Je voulais déstabiliser les gens, parfois même les choquer. C’est mon premier, donc je voulais qu’il soit 100% comme je le sentais», indique l’artiste. «Dans le futur, si jamais on me propose des structures plus conventionnelles à suivre, je verrai ce que je fais.»
Avec l’appui du confrère Hemsworth, disons que le «futur» pourrait arriver assez rapidement pour Ryan Playground.
Décidée à se monter un «live set» afin d’avoir quelque chose de plus substantiel à proposer sur les scènes internationales, l’artiste veut d’abord continuer de faire sa place chez elle. «Montréal, c’est un très bon tremplin. Même s’il y a plein de gens prêts à plonger en même temps, on ressent beaucoup de solidarité et de support. C’est sûr que j’ai envie que ça marche ailleurs, mais pour l’instant, je me sens bien ici.», dit-elle. «De toute façon, le live set, c’est pas pour tout de suite. Je veux prendre mon temps.»
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