Rap local : Ghetto Érudit, Monk.E, B K L L O Y D et Artbeat
Musique

Rap local : Ghetto Érudit, Monk.E, B K L L O Y D et Artbeat

Chaque semaine, cette chronique vise à mettre en lumière les plus récentes sorties rap québécoises et à faire un étalage non-exhaustif des prochains shows hip-hop à ne pas manquer.  

Ghetto Érudit, une décennie de MONGness //

D’abord présentée la nuit sur les ondes virtuelles de CHOQ, l’émission radiophonique Ghetto Érudit se positionne désormais comme une référence hip-hop québécoise hautement estimée. Fiers du chemin parcouru en 10 ans, les trois principaux artisans de cette émission emblématique de CISM donneront un DJ set ce soir dans le cadre des FrancoFolies de Montréal.

L’aventure Ghetto Érudit s’amorce en janvier 2006, alors que Marc-André Anzueto (alias Anzoo) débute une maîtrise en droit international à l’UQAM. «À la rentrée, je suis tombé sur un kiosque de CHOQ», se remémore-t-il. «J’avais toujours eu envie de faire de la radio durant mon bac à l’UdeM, mais CISM, ça m’intimidait un peu. Là, j’aimais bien l’idée que ce soit juste diffusé sur le web. En plus, c’était l’époque où les radios internet commençaient à se multiplier. Il y avait un hype autour de ça.»

L’inscription faite, le futur animateur enjoint son frère Louis-David (alias DA) à y proposer une chronique sur le rap américain – son principal champ d’expertise. «J’étais genre hangover dans ma chambre, et il est rentré pour me demander si je voulais faire une émission», se souvient DA, en riant. «Je lui ai dit ‘’oui’’ sans trop me poser de questions. À la limite, je pensais même pas que c’était sérieux. Un mois plus tard, il arrive pour me dire qu’on a été accepté et qu’on commence dans quelques jours…»

Si le lien entre hip-hop québécois et Ghetto Érudit semble aujourd’hui évident, il n’en a pas toujours été ainsi. Le mandat de l’autoproclamé «show le plus MONG en ville» était, à la base, beaucoup plus large. «On jouait du rap, du funk et du reggae», relate Anzoo. «C’est durant notre première année qu’on s’est davantage familiarisés avec Myspace. À partir de ce moment-là, on est entrés en contact avec beaucoup de rappeurs d’ici et, peu à peu, on leur a fait une place.»

Diffusée dans la nuit de samedi à dimanche, cette première mouture de GE voit passer son lot d’invités notables, à commencer par Anodajay, Tom Lapointe et Boogat. «Ce sont les premières personnes qu’on a interviewées en studio», se rappelle DA. «Après ça, c’est devenu un réflexe de faire un tour d’horizon des artistes hip-hop québécois et de donner une vitrine à des up-and-comers.»

De plus en plus à l’aise derrière le micro, les deux frères déposent un projet à CISM en 2008. Pendant près de deux ans, ils mènent deux émissions hebdomadaires avec des contenus différents. C’est à ce moment qu’ils commencent à faire une place à des chroniqueurs, notamment Noella Eugene et Benoit Beaudry (alias B-Brain). «Noëlla et moi, on travaillait sur un projet de chronique depuis longtemps», se remémore B-Brain, qui avait notamment fait ses armes comme chroniqueur à CHYZ et Broadbeat.ca. «On a déposé notre projet de chronique à plusieurs émissions, et finalement, c’est GE qui nous a pris en 2009.»

C’est également durant cette année que GE amorce ses enregistrements en direct au Bistro Sanguinet .Chaque mois, des artistes de la scène viennent y accorder des entrevues et y faire des prestations. «On ne faisait pas de discrimination», explique Anzoo. «On allait autant chercher des rappeurs champ gauche comme Jeune Chilly Chill ou Wongsifou que des rappeurs latinos de Montréal ou des gars comme Chub-E Pelletier et la gang du Casse-Croûte. On voulait se concentrer sur l’aspect hétéroclite de notre scène rap locale.»

Une équipe vidéo se joint également à l’émission. Chaque semaine (ou presque), Étienne Parent-Rocheleau, Jaime Emilio et Bruno Larochelle captent les prestations des artistes et les diffusent sur internet. «À ce moment-là, c’est vraiment devenu un package deal de venir à Ghetto Érudit», indique B-Brain, qui a été promu animateur en 2010, quand Anzoo a voulu se concentrer sur son doctorat. «En plus de ton entrevue, t’avais un article sur le site, des photos sur Instagram, ton nom partout sur les réseaux et, éventuellement, une vidéo sur Youtube. À moyen terme, on n’a pas été capables de garder le cap, vu qu’on fait ça bénévolement.»

Même si les captations Youtube sont moins assidues qu’il y a quelques années, GE reste un incontournable dans le paysage hip-hop québécois. Les trois animateurs ont d’ailleurs reçu la plupart des artisans clés de la scène, de Filigrann à Roi Henook en passant par Random Recipe et Loud Lary Ajust. «Notre plus gros catch à l’international, c’est de loin Pete Rock et DJ Premier», ajoute DA, à propos de ces deux légendaires producteurs new-yorkais. «C’était une émission totalement folle.»

Conjointement diffusée à CHUO (Ottawa) et CILS (Victoria) depuis quelques mois, l’émission poursuit adroitement sa mission. «L’objectif, c’est encore et toujours d’être une courroie de transmission entre la culture hip-hop et un crowd plus élargi. En étant diffusé dans ces radios, on s’assure de rejoindre un bassin de gens plus large», observe B-Brain.

«Quand on est arrivés en 2006, tout ce qui intéressait les médias, c’était le rap champ gauche des Omnikrom, Gatineau, Poirier et cie. Il y a pratiquement juste eux qui monopolisaient l’attention des journalistes», analyse Anzoo. «Nous, on a essayé de démocratisé et de démystifier les idées préconçues que certains entretenaient à propos des rappeurs québécois. On a montré qu’il y avait du talent partout. Maintenant, CISM n’a plus nécessairement besoin de GE pour faire découvrir du rap parce que la plupart des animateurs en jouent.

«Notre rôle, c’est donc de faire le lien entre la nouvelle et l’ancienne génération, de donner un peu de knowl à ceux qui viennent de s’initier au rap», poursuit-il. «On relaie les traces historiques qui ont mené à tout ça, tout en faisant une place à la nouveauté. Plus tard, je pense que des érudits universitaires vont pouvoir travailler avec ce matériel-là. Sur une période de 10 ans, il y a un gros patrimoine historique à aller chercher.»

En ce dixième anniversaire, jamais le titre de l’émission n’aura semblé aussi pertinent.

DJ Ghetto Érudit 10 ans (avec D-Track, Osti One et autres invités surprises) – Le Shag, Savoy du Métropolis – 16 juin (23h59)

Ghetto Érudit : les samedis à 19h30 à CISM, les vendredis à minuit à CHUO ainsi que les mardis à 23h et les samedis à 22h à CILS.

Nouveautés d’envergure //

Monk.E lance le clip d’Un peu de venin, l’une des bonnes chansons de son récent (et trop sous-estimé) album Le gris impérial.

Le prometteur producteur Rami B. (de Planet Giza) se joint au projet montréalo-lavallois Meraki Sama sur la charge Struck.

Peu réussissent à être aussi prolifique et excellent que CeasRock. Cette sixième version de Rocuments le prouve encore une fois.

On connait peu de choses sur le rappeur/producteur montréalais Kofi, mais ce premier album, Death Blow, contient plusieurs bons morceaux.

B K L L O Y D, c’est la réunion entre le rappeur Bkay et le producteur L L O Y D. En attendant la sortie du premier projet la semaine prochaine, Vortex donne le ton.

El Cotola signe un clip de grande qualité avec De Norte a Sur, premier extrait du nouvel album de son duo Agua Negra.

Top 3 shows //

3 : Apologize Later Mixtape Release

Plus d’un an après son convaincant Out on Bail, le rappeur montréalais Bilo Da Kid fera paraître une toute nouvelle mixtape Apologize Later. L’entrée est gratuite.

Katacombes (Montréal), 21 juin (20h)

2 : Koriass aux FrancoFolies

La boucle sera bouclée aux FrancoFolies ce samedi. Dix jours après le show extérieur le plus important du rap québécois, le porte-étendard Koriass viendra clôturer le festival. Avec Eman X Vlooper en première partie, les attentes sont élevées.

Club Soda (Montréal), 18 juin (19h)

1 : Artbeat Montreal : The Rebirth 

Mythique évènement qui a unifié la fertile scène des beatmakers québécois en 2012, Artbeat reprend du service ce vendredi au Artgang. On pourra y voir à l’oeuvre des producteurs d’envergure considérable comme Da-P, Vlooper, Dr. MaD, High Klassified et KNLO.

Artgang (Montréal), 17 juin (22h)