Rockfest 2016 : essayer de rester en vie
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Rockfest 2016 : essayer de rester en vie

C’est bien connu, le Rockfest est un combat de tous les instants. La surdose d’alcool, les déchirements de tympans, la chaleur accablante, les coups de pieds dans face pendant les bodysurfings, les obstacles en forme de canettes de bière sur le bord du feu, les corps morts qu’on doit enjamber vers la tente, les gens qui dépassent dans la file du Bonichoix… Autant de potentielles difficultés qui, combinées à une fin de semaine de St-Jean, deviennent des menaces récréatives de qualité suprême. Compte-rendu chronologique et inconsistant d’un solide week-end de piments.

Jeudi fin pm. Quelques quantités astronomiques de bières s’imposent pour commencer l’épopée. À l’entrée de Montebello, ce dépanneur agrumé semble être l’endroit de tous les possibles.

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Avant d’arriver dans l’antre du mal (le centre-ville), on visite les contrées lointaines de la ville de 900 habitants.

Afin d’attirer les festivaliers sur son terrain, ce petit garçon d’une huitaine d’années utilise des techniques publicitaires de haut calibre.

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Alors que tous ont tendance à encourager la déchéance au Rockfest, ce festivalier au look irréprochable nous rappelle de rester en vie. C’est ce qu’on essaiera de faire pendant trois jours.

À suivre…

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Un autre conseil significatif, cette fois gracieuseté Jici Lauzon.

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Après avoir judicieusement planté la tente avant d’être trop chauds, on entre sur le spot pour redécouvrir des classiques qui nous avaient passablement manqué, à commencer par des formes phalliques soufflées…

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…et la traditionnelle file du Bonichoix, constituée – comme d’habitude – de phénomènes rock à la fine pointe du génie.

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La gastronomie de grande envergure se développe chaque année au Rockfest.

Cet homme d’allure mondaine nous fait part de ses coups de cœur.

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Rien ne peut combattre le marketing du rock, et ce kiosque nous le prouve une énième fois en mettant de l’avant ce dessin de blé d’Inde à l’accoutrement punk électrique.

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Au lieu de s’encabaner dans leur demeure, les Montebellois participent à l’économie locale du Rockfest en érigeant leur propre pavillon commercial.

Difficile de faire mieux comme affiche, on en conviendra.

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PAS CHER!!!!!!!!!

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En ce jeudi 23 juin, les grosses scènes ne sont pas ouvertes. Demain, par contre, tout ce site bucolique sera entièrement souillé.

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On arrive pour de vrai à la place où il faut être : les scènes Tony Sly où plusieurs shows sous le signe du QUÉBEC auront lieu.

Très tristes d’avoir manqué le prometteur hommage à Normand L’Amour, on se console en écoutant le divin groupe Les Chiens sales nous beugler «Mange donc d’la marde», tout en examinant de près les phénix qui composent la faune du rock.

On commence fort avec lui.

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Obnubilés par son masque de Slipknot, nous remarquons un peu tardivement son chandail… Disons qu’on a rarement vu mieux comme propos.

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Dans la catégorie du casque le plus laid du jeudi, celui-ci se mérite au moins une mention.

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Sans aucun doute, cet homme est prêt pour voir Yelo Molo sur scène samedi matin.

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Parlant de hasbeen, cet homme s’efforce à nous dire qu’il n’est PAS le frère à Martin Petit.

Belle tentative.

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À tous ceux qui pensaient que Bouscotte pourrait passer incognito avec un chandail de Korn, vous vous êtes incroyablement trompés.

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Toutes les raisons sont bonnes pour se construire un remblai. Parlez-en à cet homme qui a pris le temps de s’en faire un pour regarder un hommage aux Colocs.

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Kermess, la raison première pour laquelle on est venus au Rockfest (après Yelo Molo), s’apprête à commencer. Ce casque de shooters semble être de mise pour un trash digne de ce nom durant Téléguidé.

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La merveille de Coaticook s’élance sur scène. Bien que tous se soient réunis dans l’optique d’entendre l’incroyable reprise de Y’a pas grand-chose dans l’ciel à soir, on se force pour faire semblant de connaître les paroles des autres chansons. Très en forme sur scène, Kermess livre une prestation concise et efficace, qui culmine avec un trash de calibre durant le moment attendu.

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Le trophée du génie du jeudi soir revient à cet homme qui arbore son chapeau fuck you des grandes occasions.

Regardez bien le mécanisme novateur.

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Après avoir délibérément quitté les scènes pour manger une salade de pâtes durant les spectacles très québécois des Ramoneurs de Menhirs et de Ludwig Von 88, on revient à bonne place pour le toujours génial Mononc Serge.

Il est minuit passé le 24 juin, et cet homme provoque la foule avec une excellente et ridicule tenue trudeauiste.

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La soirée se poursuit avec un groupe hommage au rock québécois, qui enchaîne comme bon lui semble du Offenbach, du Trois Accords et du Dales Hawerchuk. Pas trop certains de vouloir rester là, nous repartons à la conquête de Montebello jusqu’à 6-7 heures du matin.

Le reste de la soirée peut facilement s’illustrer avec ça :

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«Un nouveau jour, une nouvelle vie», comme le disait Bryan Adams sur la très sous-estimée Je suis là, me voilà.

Réveillés par un soleil suffocant, nous repartons sur les chapeaux de roue dès 8h23 am avec une vue imprenable sur cette tente/couverture en forme de deltaplane.

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Quelques braves corps miraculeusement vivants osent se baigner dans l’embouée rivière des Outaouais. On les félicite.

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Après avoir été momentanément atteints de cécité sur le bord de la rivière, on doit prendre les choses en main et repartir vers la marina pour entendre du ROCK.

Sachant qu’il peut à tout moment perdre ses avoirs dans un trash rebondissant, cet homme d’une vive intelligence place son argent (et potentiellement autre chose) dans sa ceinture de camarade.

Brillant.

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À 13h, c’est Insane Clown Posse. Loin d’être seul sur scène, le problématique duo hip-hop core de Detroit est accompagné par plusieurs clowns déficients, qui font des allers-retours backstage dans le but de se munir de bouteilles de coke.

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Durant 45 minutes, la recette se répète sans cesse : des clowns font exploser des deux litres de liqueur sur les spectateurs et leur lancent furtivement des plumes, tandis que les deux rappeurs débitent leurs rimes sur le pilote automatique.

Pendant ce temps-là, ce monstre attend son tour bien tranquillement.

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Backstage, il se passe quand même pas mal d’affaires. On a notamment la chance de voir la star du X québécois Vandal Vyxen se baisser les culottes en se mettant un ventre de femme enceinte.

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Sinon, on peut aussi prendre ça plus relax sur le bord du quai et y observer quelques héros nautiques, notamment celui-ci qui, en plus d’avoir décoré son embarcation d’une affiche «Fuck U Jérémy Gabriel», distribue des fascicules stipulant le même message.

La photo est floue, mais on était trop bien où on était pour se déplacer.

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Une façon originale de dire que ces deux places-là ne seront plus jamais rouvertes au public.

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Il est 15 heures, et c’est pus le temps de niaiser. Cannibal Corpse ouvre la machine, au même moment où un homme perd la voix en criant comme un forcené «PLUS DE VIOLENCE! PLUS DE PITBULLS!».

Pas de quoi énerver George Fisher, toujours aussi radieux avec sa face de cheveux.

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Difficile à croire, mais on décide de changer de place pour se mettre fourth row à The Used. I’ll be just fine, pretending I’m not.

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Après tant d’émotions, on quitte la marina pour vivre d’autres aventures. Rapidement, on remarque que les signes vitaux de plusieurs festivaliers ont diminué.

L’un de nos collègues tombe malencontreusement au combat durant son dîner.

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Au contraire, d’autres ont de l’énergie à revendre en cette journée qui top ben carré le 29 degrés.

Certains offrent des deals à ne pas négliger.

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Même quand on vend de l’eau, faut s’arranger pour être vulgaire si on veut que les affaires roulent comme du monde.

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Et vous, aimeriez-vous faire partie de cette glorieuse équipe?

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La seule affaire qu’il nous manquait pour commencer plus sérieusement à s’amuser au max.

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Juste avant de remettre les pieds sur le site, on se plie à la mode du Rockfest avec un chandail essentiel.

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On en profite aussi pour admirer l’intensité de cet individu problématique aux doigts localisés.

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Les corps de femmes-objets ont d’ailleurs la cote au Rockfest.

En voici deux exemples probants :

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Loin de cette tendance, ce nouveau diplômé opte pour un chandail provocateur qui prend tout son sens au verso.

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Il faut savoir reconnaître un beau bonhomme quand on en voit un.

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En début de soirée, c’est Underoath qui prend le relais avec son christian hardcore. La rumeur qui court : un homme dans la première rangée aurait potentiellement libéré ses selles dans ses jeans au début du spectacle.

Sans preuve photographique de l’incident, on peut toutefois se fier aux visages des membres du groupe pour valider l’information.

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Après ça, c’est Sum 41.

Récemment rescapé d’une cirrhose du foie (et d’une relation avec Avril Lavigne), Deryck Whibley semble curieusement en forme, entonnant Still Waiting et Fat Lip avec une énergie qu’on ne lui soupçonnait plus.

Grand fan du chanteur ontarien, ce caméraman opte pour un lainage de micro qui rappelle la chevelure de son idole.

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On reste tranquillement à même place pour attendre un autre fleuron rock canadien, Billy Talent.

Comme d’habitude, le groupe donne une prestation de feu, qui encourage les sporadiques bodysurfings et les virulents poussaillages. Coups de cœur : Red Flag, Devil in a Midnight Mass et, évidemment, Try Honesty.

Fatigués d’entendre des affaires, on prend une pause bien méritée au Bonichoix, refuge emblématique du Rockfest où la patience du staff est sans cesse mise à l’épreuve par des festivaliers en quête de vivres.

Au menu ce soir : des bonnes chips à l’aluminium.

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Y a jamais de mauvaises places où mettre ses Octane 10% quand on se rend compte que le projet est trop intense pour ce qu’il nous reste à vivre.

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Avec tout ça, on a manqué Despised Icon et Korn, contrairement à notre photographe assidue qui a fait sa job comme du monde.

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Heureusement, on est bien placés pour revivre le même moment qu’on a vécu il y a deux ans au même endroit : un show de Blink-182.

Sauf que cette fois la tête d’affiche du festival a remplacé l’amusant Tom DeLonge pour le relativement insipide Matt Skiba.

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Bref, même si le groupe semble faire les efforts qu’il faut pour nous faire passer un bon moment, il manque quelque chose de magique. Heureusement, les hits se multiplient (Feelin’ This et What’s My Age Again? en tête de liste), tout comme les passes de batterie un peu trop alambiquées de Travis Barker

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…et les faces émotives de Mark Hoppus.

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Afin d’être fidèle aux souvenirs nocturnes de l’ensemble des festivaliers, poursuivons ce photoreportage au samedi matin.

«Qui a mis du parmesan dans ma glacière?» questionne un homme en furie en se levant.

«I like Rockfest. You can start your day with a charcoal fight, and nobody will judge you», confie un autre, en vedette ci-dessous avec son adversaire.

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Les revoici quelques minutes avant avec un homme à la culotte saisissante.

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En route vers le site pour le moment clé du festival (lire : le retour de YELO MOLO), on croise quelques génies insoupçonnés.

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Abandonné, ce kiosque avait pourtant toutes les raisons du monde de croire qu’il serait la coqueluche du Rockfest 2016.

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Moins sévère que jeudi et vendredi, la fouille d’entrée culmine avec cet individu à l’arme boomerang zébré.

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ET VOILÀ : NOUS ASSISTONS AU GRAND RETOUR DE YELO MOLO.  STÉPHANE YELLE EST TOUJOURS AUSSI PÉTULANT MÊME S’IL N’A PLUS LES CHEVEUX JAUNES. STÉPHANE BÉDARD A LA TROMPETTE DANS LE SANG. LA CHANSON SABRINA EST LA PREMIÈRE QUI EST JOUÉE, MAIS LES CHOSES COMMENCENT À SE PASSER PLUTÔT BIEN AU MOMENT OÙ LE JOYAU DE LANAUDIÈRE ENCHAÎNE AVEC LE PETIT CASTOR. LA FINALE : GROS ZÉRO. JE FAIS LE RÊVE À TOUTES LES NUITS QU’IL Y A DEUX FILLES QUI ME PARLENT ET, QUAND ELLES ME SOURIENT, J’COMPRENDS QUE C’EST PAS NORMAL.

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Si vous regardez bien attentivement cette photo, vous verrez que cet homme tient un dessous de carton Monster dans la main gauche.

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Assez surprenant : les festivaliers sont peu nombreux à avoir choisi cet endroit pour dîner.

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Au tour d’Obey The Brave  de virer de bord la scène Québec. Le metalcore du groupe montréaloottavien résonne avec brutalité en ce début d’après-midi.

Ce doublé photographique en témoigne :

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Après un petit détour bien plaisant du côté de la Suède avec Millencolin, revenons dans l’abysse du crossover metal québécois avec B.A.R.F.

Il n’y a pas à dire, l’incomparable Marc Vaillancourt a toujours une belle langue.

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Juste après, on explore les racines du nu metal brésilien avec Sepultura. Quarante-cinq ans après sa naissance, Derrick Green est encore capable de flamboyance en hurlant «ROOTS BLOODY ROOTS».

Entre deux beuglements, il trouve toutefois le moyen de se ressourcer.

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Petite pause d’après-midi pour constater l’état déchu des véhicules.

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Parlant de déchéance, Bob Bissonnette ouvre la soirée en calant du Jameson et une dizaine de bières durant son spectacle. «J’fais pas de rappel tant que j’ai pas 10 brassières sur le stage», dit-il, avant de recevoir son dû et de retarder la soirée.

«On est comme Mes Aïeux, mais on pisse pas assis», ajoute-t-il, à un autre moment donné.

Deux heures de blackout plus tard, on réussit l’impossible en se rendant à l’avant du stage Jagermeister pour voir à l’œuvre Ice Cube.

On aura beau dire ce qu’on veut sur la présence d’un artiste rap dans ce festival de musique ROCK, le rappeur californien est le seul de tout le line-up 2016 à avoir été intronisé au ROCK and Roll Hall of Fame – plus tôt cette année avec son groupe N.W.A.

Cube ne tarde d’ailleurs pas à enchaîner les Straight Outta Compton et Fuck The Police – au grand plaisir d’une foule assoiffée de révolte.

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La table est mise pour le clou de la soirée : Limp Bizkit.

Six ans après son passage à Woodstock en Beauce, la troupe à Fred Durst s’apprête à tout détruire. Dès les premières secondes, la foule se pousse avec hargne, le sourire aux lèvres. Vraisemblablement, tout le monde est prêt à faire le party comme si on était en 1999.

Quand les premières notes de Rollin se font entendre, c’est la démesure. Le danger vient littéralement de partout : un coup de poing dans le dos, un coup de pied sur la tête, un coup de coude sur la hanche. Ça brasse à peu près autant sur My Generation et Nookie.

Entre les chansons, Durst s’entête toutefois à baisser d’un cran l’intensité, en jasant longuement à la foule d’à peu près n’importe quoi de futile. Le show manque de rythme un peu, mais on oublie ça assez vite lors des dangereuses premières notes de Faith et de Break Stuff.

Que vous le croyiez ou non, l’emblème des Yankees termine le show en dansant sur Stayin Alive des Bee Gees. Autrement, il fait semblant d’être au téléphone avec sa main.

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Pour le reste, les souvenirs sont vaporeux et incertains. À tout le moins, cette photo montre que Rise Against a joué des chansons.

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Celle-ci montre plutôt qu’on cherchait à se sentir utile après trois jours de brosse…

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…alors que celle-ci montre qu’on n’était pas tout seuls à avoir envie de brûler tout ce qui nous passait sous la main.

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Tout ça pour dire que c’est possible de revenir vivant du Rockfest.

En attendant la prochaine débandade, tentez de deviner le line-up 2017…

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… et profiter de notre top 5 meilleurs Spotted Amnesia Rockfest.

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