BadBadNotGood : le triomphe annoncé
Officiellement devenu quatuor, le groupe jazz torontois BadBadNotGood livre un éminent quatrième album, qu’il viendra défendre avec mordant ce samedi au Cercle. Entrevue avec le bassiste Chester Hansen.
Paru le 8 juillet dernier sous Innovative Leisure, IV a unanimement séduit les critiques. Plus varié que ses trois prédécesseurs, l’album est un feu roulant de mélodies prenantes et d’ambiances atmosphériques. «On n’avait pas envie de s’en remettre à un concept général ou à un enchaînement trop homogène», explique Hansen. «C’est un peu pour cette raison que la plupart des chansons sont très différentes. Elles sont uniquement le reflet des musiques qu’on écoute actuellement.»
De toutes les avenues empruntées, celle du psych rock a été l’une des plus probantes. «On a toujours été des fans de musique psychédélique», relate le bassiste. «Généralement, nous tentons d’amener une vibe et un groove à nos chansons, et je crois qu’à cet effet les albums psych nous donnent des bonnes idées.»
Et cette direction psychédélique n’est sans doute pas étrangère au jeu expérimental du saxophoniste et guitariste Leland Whitty. Sur IV, il obtient sa chance à titre de membre officiel du groupe.
«Leland joue avec nous depuis nos tout débuts», explique Hansen. «Lors de notre dernière tournée avec Ghostface, il a pris part à chacun des spectacles. Ensuite, il a participé à chacune des sessions d’enregistrement de l’album. Pour nous, c’était donc une addition naturelle, autant en raison de son énergie créative que de son talent brut de multi-instrumentiste.»
Invités de marque
Sans doute inspirés par leur rencontre avec le maître du rap new-yorkais Ghostface Killah, un «ami» et un «partenaire musical» qu’ils ont tout simplement trouvé «incroyable» en tournée, les quatre acolytes ont accumulé les collaborations dans les dernières années. Ainsi, IV mise sur un nombre d’invités vedettes considérables – une première dans l’histoire du groupe.
Sur Times Moves Slow, c’est l’unique et charismatique Sam Herring, chanteur de Future Islands, qui pose sa voix. «On a eu la chance de faire un remix de la chanson Seasons il y a quelques années. Une partie de l’entente reliée à ce remix stipulait que Sam devait venir à Toronto dans un avenir rapproché afin de venir écrire du matériel original avec nous. Ça s’est finalement déroulé l’automne dernier : Sam a passé trois jours avec nous en studio», précise le bassiste, encore emballé.
Le saxophoniste américain Colin Stetson joint son souffle à Confessions Pt II. «Nous sommes des fans invétérés de son travail, donc c’était un honneur de l’avoir en studio avec nous», dit Hansen. «C’est vraiment un musicien légendaire, et notre rencontre avec lui a été à la hauteur de nos espérances.»
Si les collaborations avec les amis de longue date Kaytranada et Charlotte Day Wilson allaient de soi, celle avec le rappeur Mick Jenkins a davantage surpris le quatuor. «On l’a rencontré durant une série d’ateliers organisée par Red Bull. Quand on nous a suggéré son nom, on a été pratiquement renversés. À nos yeux, c’est l’un des plus puissants artistes de sa génération», louange le bassiste.
Loin de s’asseoir sur ses lauriers, malgré le succès déjà notable de l’album, le quatuor compte poursuivre sur sa lancée. «On travaille tout le temps, sans arrêt. Quand on ne voyage pas, on est généralement en studio», indique Hansen. «On ne se donne aucun objectif outre que celui d’essayer d’écrire et de créer le plus possible.»
BadBadNotGood – Le Cercle (Québec) – 16 juillet