Rap local : Artbeat Montréal, Sadik, Zamta et Da-P
Musique

Rap local : Artbeat Montréal, Sadik, Zamta et Da-P

Chaque semaine, cette chronique vise à mettre en lumière les plus récentes sorties rap québécoises et à faire un étalage non-exhaustif des prochains shows hip-hop à ne pas manquer.

Artbeat Montréal, la famille du beatmaking //

Plateforme de rassemblement sans égal pour la scène hip-hop montréalaise, Artbeat Montréal revient sous les feux de la rampe avec le plus gros évènement de son histoire, ce vendredi au Club Soda dans le cadre du nouveau festival hip-hop La Grosse Semaine.

Des figures de proue du beatmaking québécois se réuniront pour l’occasion, notamment le pionnier piu piu KenLo Craqnuques (Alaclair Ensemble), les poulains du label new-yorkais Fool’s Gold Shash’U et High Klassified, le prometteur trio Planet Giza, le vétéran accompli Toast Dawg et le duo étoile Silver Gods, formé par Ruffsound et Ajust (Loud Lary Ajust).

«On revient à la formule originale, c’est-à-dire une table ronde», explique Sev Dee, fondateur de la soirée. «Il y aura six beatmakers sur scène à la fois. Pendant une heure, chacun d’entre eux va se relayer avec un beat de deux minutes. Au début, on visait une table ronde avec une douzaine de places, mais pour ça, ça nous aurait pris la scène du Métropolis.»

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Ponctué par les performances des rappeurs Rowjay, Wasiu et Brown, ainsi que par l’animation de Robert Nelson (Alaclair Ensemble), Osti One (K6A) et Markings, Artbeat Montréal All-Stars est sans aucun doute le plus imposant rassemblement de producteurs de l’histoire du hip-hop local.

Présent à la toute première édition de mai 2011, Osti One se souvient avec précision des balbutiements de l’évènement : «J’me rappelle avoir reçu une invitation Facebook avec aucune info claire dessus. J’ai tout de suite contacté Sev Dee parce que je comprenais absolument pas c’était quoi. Au départ, ça ressemblait à un genre de cercle de poésie mais pour beatmakers. Ça se passait dans un loft un peu louche de Griffintown, où il y avait normalement des soirées fétichistes. Je pense que Monk.E avait été l’entremetteur puisqu’il avait déjà peint une murale pour le proprio.»

«Il n’y avait rien de très préparé», poursuit l’organisateur. «C’était pratiquement juste un gathering de nos proches. Une façon qu’on avait trouvée pour se réunir et jammer ensemble.»

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Quelques mois plus tard, la deuxième édition marque une évolution importante. Cette fois, Sev Dee invite l’acclamé producteur californien Dibia$e à se joindre aux Vlooper, Phil Sparkz, Smile, Jam et cie. «Là, on a commencé à voir une foule un peu plus diversifiée», se souvient-il. «Tranquillement, ça commençait à sortir de notre cercle d’amis.»

Devant ce succès plus prononcé, l’évènement change d’endroit et investit successivement le Panda Bar et le CFC. Le 17 novembre 2011, la quatrième édition met en vedette le New-Yorkais Mike Slott, le Torontois Elaquent et un certain jeune producteur de Saint-Hubert nommé Kaytradamus (qui changera éventuellement son nom pour Kaytranada).

«C’était un des premiers sets qu’il faisait», se rappelle Osti One. «Je crois que c’est ce soir-là qu’Elaquent l’a approché. C’est lui qui a fait le pont entre Kaytra et HW&W (NDLR : label californien sous lequel il a fait paraître son EP Kaytra Todo en 2013).»

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Bref, au-delà du happening musical et de l’appellation piu piu (style musical expérimental et indéfini qui a symbolisé l’essence du mouvement à l’époque), Artbeat Montréal est devenu une plateforme de réseautage pour les beatmakers québécois. Les cinq autres évènements officiels qui ont suivi (en 2012 et 2013), ainsi que tous les autres rassemblements officieux comme le Artbeat Revelation, ont permis la création d’une scène hip-hop instrumentale forte et unifiée.

«À la base, les beatmakers sont assez nerdy. Ils font leur shit sur leur ordi et sont pas partout dans les partys comme les emcees, généralement plus extravertis», remarque Osti One. «Je pense que Artbeat a réussi à rassembler tous ces gens-là et à consolider une scène qui existait juste sur internet.»

En pause non-officielle depuis 2014, Artbeat reprend du service à un moment clé de l’histoire du hip-hop québécois.

Il en écrira sans doute une autre page demain.

Artbeat Montréal All-Stars – Club Soda (Montréal), 5 août (20h)

Nouveautés d’envergure //

Le Montréalais Sadik remet ça avec un autre extrait tiré de son plus récent album Réincarnation.

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Zamta, l’un des plus efficaces représentants de la scène rap arabe de Montréal, lance une nouvelle bombe, déjà au-dessus du seuil des 30 000 vues.

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PL3 se change en Jay Scott sur Cadenas, nouvelle chanson cloud rap à l’Auto-Tune omniprésent.

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Le groupe rosemontois L’Amalgame vire complètement funky avec un nouveau quatre titres, concocté avec Of Course.

D-Track image l’une des chansons les plus puissantes de son dernier album Message texte à Nelligan.

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Le duo trifluvien d’adoption montréalaise Mori$$ Regal & Yerly poursuit son évolution psych rap avec brio sur Scumbag.

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Le prolifique BLOOM continue ses explorations concluantes sur Dead Kid II.

Le producteur montréalo-parisien Ghostnaut se fait plaisir avec un habile remix d’Oxmo Puccino.

Le Lavallois Da-P en fait de même avec un remix du chanteur PBR&B canadien Roy Wood$.

En vedette dans cette chronique il y a deux semaines, le jeune rappeur et beatmaker Yen Dough dévoile officiellement son nouvel EP Dolphin.

Top 3 shows //

3 : Anglofolies 2016

Dans le cadre du festival La Grosse Semaine, plusieurs artistes clés de la scène rap anglophone se réunissent : Franck Kash, Yen Collective, Green Hypnotic, Benny Adam, David Lee et The Posterz. Bref, du gros son.

Le Belmont (Montréal), 4 août (21h)

2 : ÎleSoniq 2016

Au-delà de l’EDM et du crowd quelque peu désagréable qui s’y rattache, ÎleSoniq fait toujours un effort pour inclure quelques artistes hip-hop dans sa programmation. Cette année, on pourra voir à l’oeuvre l’excellent rappeur et producteur montréalais GrandBuda (5 août, 15h), ainsi que le plus que talentueux beatmaker montréalo-vancouvérois Pomo (6 août, 16h).

Parc Jean-Drapeau (Montréal), 5 et 6 août (dès 13h)

1 : Loud 514

La Grosse Semaine se conclura ce samedi par un show à tout casser, incluant des artistes clés du street rap montréalais. On pourra voir défiler au Belmont LK Tha Goon, TK, Lost et Rwo. L’intensité sera à son comble.

Le Belmont (Montréal), 6 août (21h)

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