Une journée à Heavy Soniq
Evenko jouait d’audace ce samedi en misant sur un vertigineux 2 pour 1 : Heavy Montréal et ÎleSoniq en même temps, à la même place. Rassemblées pour la première fois depuis un show d’Infected Mushroom en 2004, les foules électro et metal ont somme toute cohabité de manière paisible au parc Jean-Drapeau. Retour subjectif sur un samedi fragmenté, entremêlé de lightsticks et de chandails avec des symboles lugubres.
En milieu d’après-midi samedi, on constate que le party est commencé depuis un boutte.
Visiblement détruit de l’intérieur, un jeune homme aux abords de la vingtaine sort furtivement du site Soniq pour laisser sa trace par terre, à l’entrée du métro Jean-Drapeau.
Escorté par l’escouade médicale, il donne le ton à une super journée.
Au kiosque média, on nous explique longuement la procédure à suivre pour profiter des deux festivals. Rapidement, nos rêves se brisent puisqu’on nous apprend que, NON, il n’y a pas de porte secrète VIP qui permet de circuler entre les deux événements.
Bref, il va falloir se taper un bon 17 minutes de marche chaque fois pour passer du site Soniq principal au repaire métalleux de la plaine des Jeux.
Après avoir attrapé de justesse la fin du set électro-funk contagieux du Montréalais d’adoption Pomo, on parcourt le site Soniq avec une curiosité à toute épreuve.
Alors que son antagoniste metal est généralement tourné vers la Molson Canadian et les shots de Jager, on remarque que l’antre fluo offre une sélection de breuvages light et fruités.
De toute façon, les festivaliers Soniq désertent en grand nombre les kiosques de breuvage. Pire encore, ils font la file pour goûter à la nouvelle Budweiser sans alcool.
Comme d’habitude, vous comprendrez que c’est la bouteille d’eau qui est légion ici.
À part ça, l’ambiance est à son comble pour le DJ set du producteur house progressif Andrew Bayer. L’originalité vestimentaire aussi.
En changeant de festival, on trouve la zone tampon idéale. À cet endroit même, on peut profiter d’une vue bucolique, tout en se laissant bercer les tympans par un mélange incroyable de la grosse basse sale du Montréalais Snails et du cock rock impétueux de Sebastian Bach.
On fait le tour du bloc de l’édicule Jean-Drapeau pour tenter de trouver notre chemin. Après avoir chillé un bon 48 secondes avec la gang de Parcs Canada, on remarque qu’il y a un homme-sandwich qui tient timidement une pancarte indiquant l’entrée du site.
Ça promet.
Contrairement à ÎleSoniq, les organisateurs n’ont pas pris de chance : même les médias doivent passer à travers un détecteur de métal.
Ce n’est évidemment pas une question de prévention, mais bien un concept à tout casser en lien avec le style musical du festival.
Fallait y penser.
Sans surprise, on remarque qu’ici, la Palm Bay est bannie du menu. On aurait espéré que le même traitement soit réservé à la Smirnoff Ice, mais il ne faut pas oublier que c’est le soir de Nightwish.
L’impétueux Sebastian Bach termine sa prestation avec grâce. L’ex-Skid Row est curieusement très en forme, comme en témoigne cette prouesse de gymnaste.
Et que dire de ce regard perçant à l’intensité palpable?
En regardant l’horaire des shows, on remarque que la journée passe vite comme un pitou et que la plupart des bons bands ont déjà joué.
Heureusement, grâce à une machine temporelle (alias notre photographe qui était là dès le début de la journée), on a pu mettre la main sur quelques clichés révélateurs de deux de nos préférés :
Dillinger Escape Plan qui, malgré la récente annonce de sa séparation, a tout démoli vigoureusement…
…et Kataklysm qui a, comme d’habitude, enjoint ses convertis à s’entre-démolir dans un cercle de violence amicale.
De retour dans le présent, on remarque que Heavy Montréal calcule bien ses affaires. Malgré une assistance moins imposante, on est tout de même heureux de constater que le festival s’est recentré plus conséquemment sur la musique metal au lieu de tergiverser vers le punk et le rock.
Bref, même si les têtes d’affiche (et le nombre de toilettes) sont plus que discutables, le festival s’en tire bien, surtout sur un site plus modeste comme celui-ci.
Au même moment où Sabaton traîne un tank sur le stage, ça brasse bien comme il faut avec les truands de la ligue de lutte hardcore IWS. Les coups de poing dans le chest et les jeux de chaises sont incroyables.
En témoigne cette vidéo de MontrealMetalShows :
[youtube]t1WXTnmCuaw[/youtube]
Pas de quoi impressionner cet homme au t-shirt éloquent, qui lui aurait sans doute permis de passer inaperçu à ÎleSoniq.
Ceux qu’on attendait par-dessus tout : Mastodon. Avec une précision sans pareille, la merveille atlantienne enchaîne les décharges avec un savoir-faire irréprochable. Si les chansons hard rock de son dernier Once More ‘Round The Sun ponctuent correctement la courte prestation (Tread Lightly et The Motherload notamment), ce sont évidemment les jeunes classiques Oblivion et Blood and Thunder qui ramassent le plus.
Dans la foule, ces deux individus complètement zinzin tirent leur épingle du jeu.
Cette subtile et mystérieuse mascotte de chien ne laisse pas sa place non plus.
Et c’est à ce moment précis qu’on remarque les deux seules choses qui rassemblent les deux faunes festivalières.
Ce n’est évidemment pas le choix des breuvages ou substances consommés, mais bien les tatous et l’abondance de gars en chest.
De retour à ÎleSoniq en début de soirée, on remarque avec fermeté le phénomène.
Armées de bracelets verts qui leur permettent d’alterner comme ils le veulent entre les deux festivals, ces deux personnes aux sous-vêtements fluorescents représentent la culture électro-metal dans tout ce qu’elle a de plus pur.
À défaut de comprendre ce qui se passe sur scène, on examine les décors qui surplombent le site.
Conscients que la majeure partie du temps il se passe à peu près rien sur scène à part un dude qui saute derrière un laptop, les organisateurs ont mis le paquet en matière d’artéfacts grandiloquents et d’ornements scéniques.
Au loin, c’est le duo canadien DVBBS qui propage son EDM générique aux drops parfois aventureuses. S’élevant sur son trône tel un phénix, l’un des producteurs provoque une avalanche de cris et de pitchage de mains/cellulaires dans les airs.
Autrement, c’est la folie à temps partiel dans la foule. Prêt à toute éventualité, cet homme tente de mettre de l’ambiance en pointant quelque chose plus loin en haut.
Un petit détour s’impose pour aller voir la première nord-américaine du nouveau spectacle de Tiga. Même si Skrillex s’apprête à tout casser sur la scène principale, le vétéran montréalais s’en sort bien et réussit à rassembler une foule modeste, mais bien énergisée.
À quelques pas de là, un espace féerique un peu nébuleux s’occupe de garder en vie les festivaliers qui ont payé une centaine de piasses pour tranquillement comater dans un hamac.
À 21:30, Skrillex sort l’artillerie lourde pour un show à grand déploiement. Qu’on aime ou pas le virage dubstep douche qu’il a engendré, on doit reconnaître l’immense talent qu’il a pour galvaniser la foule à chaque instant.
Dynamique, son set lui permet d’explorer différentes zones, notamment celle encore un peu boisée qui consiste à remixer successivement Chop Suey de System of a Down, Say It Ain’t So de Weezer et M.A.A.D. City de Kendrick Lamar.
À défaut d’être belles, les projections changent souvent.
Pendant Scary Monsters and Nice Sprites, la foule en prend un coup. Installée dans son bateau gonflable, une jeune dame est victime du mouvement des marées.
Même si on se sent presque coupables d’avoir du plaisir à Skrillex, on prend son courage à deux mains et on retourne finaliser cette douce journée de l’autre côté du spectre musical.
C’est avec beaucoup de plaisir qu’on constate qu’on a absolument tout manqué le show de Nightwish.
À tout le moins, ça avait l’air ventilé.
Influencé par la ville d’origine du groupe (Las Vegas), on prend une chance et on tente d’écouter sans trop juger la performance de Five Finger Death Punch.
La chance du débutant n’étant malheureusement pas de notre côté, on finit plutôt par chercher des Ecocups dans les marches du site afin de se faire rembourser une couple de deux piasses.
Épuisé après autant de marathons et de shows manqués, on reprend la route souterraine avec, en tête, des souvenirs impérissables, dont ce mouton qui bêle avec prestance.
Heavy Soniq, merci pour tout.
MISE À JOUR (09/08/2016 14h04)
Un proche collaborateur nous a mis au courant d’un malencontreux incident. La mascotte de chien (qui était en fait un toutou) n’aurait malheureusement pas survécu à sa deuxième journée à Heavy Montréal.
En témoigne cette vidéo, prise pendant Hatebreed :
[youtube]YLPIWipsG1o[/youtube]
R.E.P. bébé!