La Grosse Lanterne : péripéties pluvieuses à Bouetthanie
Musique

La Grosse Lanterne : péripéties pluvieuses à Bouetthanie

Les restants de souliers encore mouillés, on se remet tranquillement d’un week-end précipité à Béthanie, officieusement rebaptisée Bouetthanie en raison de ses chemins de terre profondément casse-gueule. Malgré tout, les souvenirs lumineux se bousculent, alors que revivent miraculeusement nos mémoires et nos cellulaires. Retour partiel sur la troisième édition de la Grosse Lanterne.

Vendredi, 23h45. Nous arrivons sur place encore secs, prêts à affronter les gouttes prévues sans broncher.

On dit souvent qu’il faut éviter de monter une tente en pleine obscurité ou bien en état d’ébriété cocktail. Imaginez maintenant un habile mélange des deux.

Conseillés par une horde de festivaliers encore plus éméchés, qui veulent absolument mettre leur grain de poivre dans l’échafaudage du refuge toilé, nous finissons par construire de quoi de conditionnellement décent, alors que Brown, tête d’affiche du premier soir, termine incessamment sa prestation. On raconte que le vieillard du groupe, Toast Dawg, devait aller se coucher.

À l’auberge, une fois le samedi arrivé, la soirée Moonshine s’amorce. Prenant habituellement la forme d’un after louche dans un loft du Mile End, l’événement dévoile ici son agréable pendant rustico-étoilé, mené au climax par le généreux Funky Falz.

Alors que les aurores se précisent, le feu devient le principal pôle d’attraction pour les 17 survivants. Puis, trois heures après s’être couchés dans un sleeping humide, on se réveille, pimpants, prêts à vivre le 90% de probabilité de pluie annoncé.

En attendant, on suit les directives du festival :

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Crédit : Élise Jetté

À 13h, juste après l’ouverture Saratoga, le quintet yéyé trash Les Marinellis embraye ses affaires. Parés à toutes éventualités pluviales, les organisateurs établissent le spectacle dans l’auberge plutôt que sur la scène principale.

Crédit : Élise Jetté
Crédit : Élise Jetté

Décidés à vivre une autre expérience de renom, nous quittons momentanément le site de la lanterne pour investir la nébuleuse contrée de Tingwick, où se tient aujourd’hui même le fabuleux et annuel Rodéo Mécanic, repaire redneck par excellence.

Après un bon 53 minutes de char sur la 116, on arrive sur place et on découvre un village plus poli qu’on ne l’aurait cru.

Crédit : Olivier Boisvert-Magnen
Crédit : Olivier Boisvert-Magnen

Juste à temps, nous attrapons la fin de l’épreuve test de l’édition 2016. Pour faire une histoire courte, le motocycliste participant doit faire preuve de vitesse et d’adresse afin que sa douce moitié, assise en arrière, mange une saucisse hot-dog suspendue à une structure DIY faite de 2×2 et de 2×4.

«On a changé la saucisse… On a mis une saucisse propre», clame l’animateur, après qu’une fine pluie et plusieurs floppées de terre aient laissé leur marque sur la nutritive charcuterie.

Crédit : Olivier Boisvert-Magnen
Crédit : Olivier Boisvert-Magnen

D’ailleurs, l’animateur vole la vedette avec des répliques de haut vol, criées avec une intensité rarement égalée, alors que retentissent les hymnes rock emblématiques d’AC/DC, Bad Religion, Metallica et, curieusement, Weezer.

Notre top 5 de ses répliques :

«Martin Simoneau, y’est tu encore en vie???»

«Depuis que Guy se couche à des heures raisonnables, y’est pas pire s’a track»

«Calice de chance qu’y’a pas échappé le bécyk!!»

«Hey Tingwick! On s’en calice-tu de l’estie de pluie de marde?!!?»

«C’EST SÛR QU’ON MEURT!!!»

Le YOLO est effectivement légion ici, à l’instar de la Coors Light…

Crédit : Olivier Boisvert-Magnen
Crédit : Olivier Boisvert-Magnen

…des chandails de bike avec une date approximative dessus…

Crédit : Olivier Boisvert-Magnen
Crédit : Olivier Boisvert-Magnen

…et, évidemment, des succulentes boules de miel.

Crédit : Olivier Boisvert-Magnen
Crédit : Olivier Boisvert-Magnen

Durant le slalom, Flamant (illustre vedette du Rodéo Mécanic reconnu pour son animation musclé du concours de t-shirt mouillés) offre une saisissante performance, coiffé de ses plus beaux atouts.

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Arrive enfin le moment tant attendu : la destruction d’une moto.

Depuis le début de la journée, deux madames passent avec des coupons et demandent aux gens de guesser à quelle minute la moto va rendre l’âme.

Alors que les admirateurs invétérés de Harley jubilent, la moto vit un mauvais quart d’heure, qu’on a heureusement capté dans son intégralité.

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Et non, vous ne rêvez pas : ce sont bel et bien les pompiers qui mettent la moto en feu.

Voici, en primeur, la photo de couverture de leur prochain calendrier.

Crédit : Stéphanie Robi
Crédit : Stéphanie Robi

Les moments de répit sont peu nombreux à Tingwick. Le concours de t-shirt mouillés bat son plein, et trois concurrentes devront passer à travers les épreuves du jour, animées par l’impétueux Flamant.

Crédit : Olivier Boisvert-Magnen
Crédit : Olivier Boisvert-Magnen

On vous épargne les détails, mais disons qu’il y avait 700 piasses en jeu.

Avec une approche respectueuse et paritaire, Flamant ordonne ensuite aux pompiers de suivre l’exemple des trois dames mouillées.

«Calissez-vous en chest! » répète-t-il ardemment.

Un autre excellent moment.

Crédit : Olivier Boisvert-Magnen
Crédit : Olivier Boisvert-Magnen

Pendant ce temps-là, la Grosse Lanterne se poursuit.

De retour sur le site, on regrette quelque peu d’avoir priorisé la boucane au détriment d’IDALG, Safia Nolin et Heartstreets.

Au moins, on se rattrape avec la fin du set de Chocolat. Comme d’habitude, le groupe envoie son rock avec lourdeur, intensité et chevelure.

Crédit : Élise Jetté
Crédit : Élise Jetté

En début de soirée, Klô Pelgag vire complètement fruitée le temps d’un des seuls spectacles de son été. Combinant quelques nouvelles chansons à ses hits de calibre, la chanteuse envoûte les festivaliers avec sa tenue bananisée.

Crédit : Élise Jetté
Crédit : Élise Jetté

Alors qu’il commence à pleuvoir des clous pendant Groenland, on se réfugie à la tente média.

Nous attrapons Lisa LeBlanc, qui vient tout juste d’arriver sur place. «On est chanceux d’habitude… Mère Nature nous aime», dit-elle. «Mais, sinon, c’est toujours cool de voir la foule vraiment primée. Quand tout le monde est trempe, c’est toujours là qu’on voit la craziest crowd.»

Sur scène dans quelques minutes, la chanteuse d’adoption montréalaise interprétera des pièces de son nouvel album en anglais, prévu pour l’automne. «C’est la première fois que j’ai pris du temps off pour écrire. J’avais jamais eu l’occasion de faire ça parce qu’on a tourné quatre ans straight», explique-t-elle. «Ça a été tout un challenge. Au début, après quelques semaines d’écriture, j’avais seulement trois tounes et je paniquais en criss! Mais bon, ça a fini par déboucher. J’allais tous les jours à mon local de répétition, hang out là-bas une couple d’heures. À un moment donné, j’me suis rendu compte que j’avais plus de tounes en anglais qu’en français. J’ai eu l’idée de faire deux albums, mais on s’est dit que c’était pas réaliste.»

Au même moment, nous croisons cet homme, exaspéré de la température, qui décide de ranger sa caméra dans un sac à recyclage.

Crédit : Olivier Boisvert-Magnen
Crédit : Olivier Boisvert-Magnen

Alors que la pluie va et vient comme un pitou vers sa niche, il est amusant de voir la foule constamment hésiter entre la tente/refuge à bière et le parterre.

Quant à elle, Lisa LeBlanc profite d’une «craziest crowd» à la hauteur de ce qu’elle s’était projetée.

Même chose pour Dead Obies qui n’a rien perdu de son énergie. Narguant les peureux qui restent en-dessous de la tente, Yes McCan fait preuve de solidarité en prenant une douche de foule en bodysurfing.

Crédit : Olivier Boisvert-Magnen
Crédit : Olivier Boisvert-Magnen

Tous les sols sont absolument mouillés de fond en comble. Les péripéties physiques peuvent débuter.

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Crédit : Olivier Boisvert-Magnen
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Crédit : Olivier Boisvert-Magnen

Évidemment, il est plutôt difficile de ramasser son pop-corn dans des conditions de la sorte.

Crédit : Olivier Boisvert-Magnen
Crédit : Olivier Boisvert-Magnen

Alors que Le Matos envoie ses synthés épiques et ses rythmes spacieux à l’auberge, réénergisant ainsi une foule fatiguée quelque peu au bout du rouleau, de braves individus réussissent l’impossible : faire un feu.

On se doit de les applaudir vivement.

Crédit : Olivier Boisvert-Magnen
Crédit : Olivier Boisvert-Magnen

Puis, Shash’U frappe dans le mille avec son power funk des grandes occasions. La danse bouetteuse a un effet thérapeutique pour certains irréductibles qui ont compris qu’il valait aussi bien rester dehors qu’aller plonger dans le lac de sa tente.

Alors que gueulent au meurtre les derniers fêtards et que Jimmy Hunt pratique son moonwalk dans la boue, le dodo se fait tentant, à peu près vers 5h32.

Quelques instants plus tard, vers 9h03, nous rempaquetons les petits. À peu près aussi ragaillardis que séchés, quelques-uns osent la baignade dans la rivière Noire, tandis que d’autres en ont ras-la-biscotte de tout ce qui est aquatique.

Crédit : Olivier Boisvert-Magnen
Crédit : Olivier Boisvert-Magnen

Dans tous les cas, on aura eu un immense plaisir à la Grosse Lanterne. Si on avait été en 2007, le duo Tricot Machine aurait probablement fait un tabac en interprétant son improbable classique au rappel.

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