Rap local : Saye, Ragers, ZéFIRE et Infrak
Chaque semaine, cette chronique vise à mettre en lumière les plus récentes sorties rap québécoises et à faire un étalage non-exhaustif des prochains shows hip-hop à ne pas manquer.
Olivier Boisvert-Magnen
Photo : Saye (Crédit : Olivier Robitaille)
Saye, rap éclairé //
Sur son cinquième album Ultimatum, à paraître le 18 novembre prochain sous Explicit, le rappeur Saye est plus que jamais conscient du poids des mots.
Celui qui nous a habitués à des textes tranchants, voire caustiques, ne change pas son approche pour autant : «J’ai encore beaucoup de haine à transmettre, mais je prends plus mon temps pour écrire. Des fois, je peux passer 20 heures à finir un texte. Chaque mot est pesé.»
Venant tout juste de passer le cap de la trentaine, le rappeur de la Rive-Sud de Québec prend maintenant en compte son rôle de père à travers sa musique. «Depuis que j’ai mes filles, j’ai amorcé un virage artistique», explique-t-il. «Durant mon adolescence, j’ai vécu des trucs bizarres, côtoyé des gens du crime organisé… Maintenant, je réfléchis à tout ça et je canalise ma rage sur autre chose, en critiquant le gouvernement.»
Saye ne veut toutefois pas qu’on le cantonne dans la catégorie bien nébuleuse du «rap conscient» : «Je dis c’que j’veux dire au monde, mais j’ai pas la prétention d’être un rappeur conscient ou engagé. Je dirais plus que je fais du rap éclairé ou du rap allumé. J’essaie de pousser les auditeurs à réfléchir.»
Sur la pièce d’ouverture Je ne sais plus (disponible en écoute exclusive ici-bas pendant une semaine), l’artiste se pose d’ailleurs plusieurs questions sur ses récents choix de carrière, annonçant notamment qu’il est exaspéré de «donner des coups d’épée dans l’eau». «J’ai beaucoup parlé de politique et de nouvel ordre mondial dans mes derniers albums et je me rends compte que c’est pas nécessairement ça que les gens veulent entendre», remarque-t-il. «Cette chanson-là, c’est un gros questionnement sur ma carrière. À 30 ans, c’est cool de faire de la musique, mais on vogue là-dessus comme sur un radeau de fortune. Ça demande beaucoup d’implication, et on se met pas riche avec ça.»
Enregistré entre mars et septembre 2016, Ultimatum a notamment été produit par le collectif Hotbox et par JT Cloutier de Delicate Beats, des noms biens établis sur la scène hip-hop québécoise. Avec eux, Saye a imaginé une trame musicale organique, fidèle aux racines du genre : «J’écoute encore pratiquement juste du rap français, notamment IAM et Fonky Family. Malgré tout, j’ai essayé de m’adapter à l’évolution en incluant une touche électronique ici et là, tout en m’assurant de garder un feeling à l’ancienne.»
Idole d’adolescence du rappeur, le Marseillais Faf Larage est en vedette sur le morceau Tu piges keud. «C’est un des premiers rappeurs que j’ai découvert», explique Saye, avant de détailler la genèse de cette collaboration. «J’étais au gym en mars, sur mon cell, à faire du bicyle, quand j’ai eu l’idée de lui écrire sur Facebook. À ma grande surprise, il a écouté mes beats et il a tout de suite accepté. Lorsqu’on a enclenché les procédures, ça a pris environ une semaine et demie avant que je reçoive sa partie (…) Dans la vie, c’est pas tout le monde qui aime ce que tu fais, mais quand tu vois qu’un artiste de cette trempe accorde de l’importance à ta musique, c’est encourageant.»
Ultimatum – disponible le 18 novembre / maintenant en pré-vente
[youtube]RbhE-dc3DoM[/youtube]
Nouveautés d’envergure //
Le trio hip-hop Ragers migre vers une mouture électro house prometteuse. Premier extrait du EP Joshua, Pure profite d’un clip divertissant réalisé par Lou-Pascal Tremblay.
[youtube]ZehiAqtn5bk[/youtube]
Venant tout juste de faire paraître Bad Hopes, le producteur hip-hop d’adoption montréalaise Dead Horse Beats propose le très beau clip Dive réalisé par Justin Black.
[youtube]FIlNZD9kn5I[/youtube]
Le réalisateur, compositeur et rappeur expérimental Mephisto brasse la sauce comme il l’entend sur cette nouvelle pièce.
[youtube]XOqyf8FTrmg[/youtube]
Le collectif Team XXI se joint à la révélation du «Plato Hess», FouKi, pour ce clip pluvieux.
[youtube]0oo4FV1IBB0[/youtube]
Le rappeur/chanteur montréalais ZéFIRE offre Alicia Sky, une chaleureuse chanson orchestrée par le producteur Dr. MaD et le saxophoniste Vincent Stephen-Ong (de Kalmunity).
Issu du No Bad Sound Studio, un local d’enregistrement relié à la maison des jeunes de Côte-des-Neiges, Baby Luna présente un clip pour l’honorable Soul Child.
[youtube]RAreMpWDzKI[/youtube]
De passage au Québec en juin dernier, les rappeurs européens Caballero, JeanJass et Lomepal ont fait la rencontre du beatmaker montréalais Benjamin Lloyd $ (du duo B K L L O Y D). En résulte le brûlot Les yeux fermés.
[youtube]Qw-AJxGk0o8[/youtube]
À deux semaines de la sortie de son album La chute de l’ange, Infrak (qui complète Facekché avec Souldia et Die-On) envoie Vie de vice, un frappant premier extrait.
[youtube]0oGBTkrYjEU[/youtube]
Maybe Watson se change en MassivBwoySoundz sur l’incroyable Lick Dem Shots.
Totalisant plus de 6000 visionnements depuis sa sortie à la fin du mois dernier, cette première chanson de 4rest (alias Fred Bastien, blogueur/youtuber de calibre) résonne avec intensité depuis mardi dernier, ne serait-ce que pour son mémorable refrain et son efficace production signée massi mahiou.
[youtube]JN007oTpnKk[/youtube]
Top 3 shows //
3 : Team XXI
Ce soir, le jeune et talentueux collectif Team XXI ira faire un tour dans le hood du rappeur Burb 5:13, fier représentant de Sainte-Thérèse.
Bar Le Cha-Cha (Sainte-Thérèse), 10 novembre (21h)
Également ce soir, le tout aussi jeune et talentueux FouKi lancera son premier album Plato Hess au Belmont. Canevas Crew et Dopamine assureront la première partie.
Le Belmont (Montréal), 10 novembre (20h)
1 : D-Track
Fort de sa nomination au dernier Gala de l’ADISQ, le rappeur D-Track viendra montrer de quel il bois il se chauffe sur scène. Dans le cadre de Coup de coeur francophone, il se joindra au Fransaskois Shawn Jobin pour un programme double
Divan Orange (Montréal), 12 novembre (22h)
[youtube]mB69hGfBov4[/youtube]