Rap local : Téhu, Magnum, Joe Rocca et Velozo
Musique

Rap local : Téhu, Magnum, Joe Rocca et Velozo

Chaque semaine, cette chronique vise à mettre en lumière les plus récentes sorties rap québécoises et à faire un étalage non-exhaustif des prochains shows hip-hop à ne pas manquer.

Téhu, faire évoluer le groove //

Improvisateur talentueux et compositeur aguerri, le Montréalais d’adoption Téhu (du duo rap engagé Dézuets d’Plingrés) livre EP Boulevard, un enveloppant alliage de jazz et de hip-hop.

L’idée derrière ce premier album solo est directement tirée des prestations conceptuelles que le producteur donne à Montréal depuis l’an dernier. Au lieu de faire comme plusieurs de ses acolytes et de se contenter d’enclencher le bouton play de son portable, l’artiste de 33 ans sort son attirail d’instruments et de machines pour jouer sa musique en direct.

En résulte donc des performances en partie improvisées : «L’improvisation est une partie importante de mes spectacles, et il me fallait absolument transposer cet aspect sur le projet», explique-t-il, ajoutant au passage que son concept a d’abord été initié en format vidéo. «J’ai donc recréé les parties solistes, en me laissant un peu plus aller au niveau des arrangements. Mais je peux dire qu’au moins la moitié du projet a été improvisée, car en plus des nombreux solos de claviers, beaucoup d’effets sonores ont été le fruit d’expérimentations sur le vif.»

Le titre de l’album vient directement de son amour indéfectible pour les pianos électriques (EP désignant Electric Piano), notamment le Fender Rhodes 1977, le Wurlitzer Wurlitzer 200a 1979 et le Yamaha CP60m 1984, pour ne nommer que ceux-ci. «Le son de ces pianos est unique et distinctif», dit-il. «J’aime bien le décrire comme étant le mix parfait entre un piano et une guitare, car le principe n’est pas si différent en soi. J’aime aussi le feeling de jouer l’instrument, le côté vivant que les instruments numériques n’ont pas.»

Afin de catégoriser ce son vintage, le Drummondvillois d’origine se réfère à la notion de «groove évolutif» : «Le concept est simple: de la musique rythmée en constante évolution. J’ai toujours apporté une attention particulière au côté rythmique de la musique en tant que producteur et même claviériste, car je dois dire que ma technique de «playing’» au clavier est plutôt syncopée. J’aime les sons et textures qui s’empilent harmonieusement, parfois de façon complexe.»

Ce genre de proposition musicale amène un vent de fraîcheur à la scène hip-hop instrumentale montréalaise qui, depuis quelques années, s’enracine dans un courant trap de plus en plus convenu. «J’ai seulement produit en fonction de ce que j’aime et de ce que je recherche quand j’écoute de la musique, sans me poser plus de questions», dit-il, quand on lui fait un portrait rapide de la scène d’ici. «Bien honnêtement, je ne suis pas trop dans la vibe de la scène »mainstream » de beatmaking Montréalaise actuelle, qui semble se complaire dans un certain cercle fermé (…) Sincèrement, je ne vise tout simplement pas le même public.»

Nouveautés d’envergure //

Le rappeur montréalais Magnum vise dans le mille avec Time to Think, courte et efficace pièce aux effluves soul.

[youtube]RryQJljRSmU[/youtube]

Dans un registre soul hip-hop, D-Track se tire lui aussi bien d’affaire avec Chez moi chu le bienvenu, qui profite d’un clip 100% gatinois.

[youtube]YxzpJknTSb0[/youtube]

La Montréalaise Trinisha Browne offre un EP homonyme plus que prometteur, qui marque un retour réussi.

Olivier Orange se confie sur son quotidien ponctué de bières froides et d’Americano. En découle une chanson honnête et bien produite.

[youtube]d1YiAbX5_8A[/youtube]

Le collectif La Fourmilière (alias Les Fourmis) se fait plaisir avec un maxi qui vante notamment les bienfaits de la mortadelle et du provolone.

Le trio avenant Ragers remet ça avec le rappeur Husser (The Posterz) pour Cali Shrooms Boom, extrait de son EP à venir Joshua.

[youtube]BoGcLyLw4Zo[/youtube]

Joe Rocca, la coqueluche de Dead Obies, arpente des chemins R&B sensuels sur Commando, un avant-goût de son mini-album prévu pour 2017 sous Make It Rain Records (une branche de Bonsound).

[youtube]PGnlb3LfX1w[/youtube]

Après avoir flirté avec le soul sur son EP Tape à lunettes, Le Dud3 (des 13 Salopards) convoite un trap plus brutal sur Fiend, en duo avec l’intense Gauge.

[youtube]msoAtml0-m0[/youtube]

Le rappeur Velozo mise sur une ambiance incertaine à l’esthétique rétro VHS sur Swish, chanson brutale en collaboration avec son comparse Vinnie Pe$o$.

[youtube]Y6aBEdg73eI[/youtube]

L’une des révélations street rap montréalaises des derniers mois, Lost, continue d’impressionner avec un nouvel extrait de sa mixtape Bonhomme pendu 2, qui sortira le 18 décembre.

[youtube]uP5ZRVzxr6k[/youtube]

Tirée de Plus que le son, Pour la famille met en scène les rappeurs montréalais Gaza et MB.

[youtube]mEpQKgoALME[/youtube]

Il n’est jamais trop tard pour bien faire, et on doit avouer être passé à côté de cette beat tape de qualité du DJ et producteur Larue, lancée il y a un mois.

Ce n’était qu’une question de temps avant qu’arrive au Québec le simpson wave, un dérivé de la sous-culture internet du vaporwave. Le producteur montréalais wosX s’impose comme le plus probant représentant.

3 shows à voir //

FLY Ladies

Le gracieux Dr. MaD souligne son anniversaire lors d’une soirée spéciale FLY Ladies. Il sera accompagné par son valeureux Walla P.

Bleury-Bar à vinyle (Montréal), 17 décembre (22h)

L’Osstidtour

Koriass, Alaclair Ensemble et Brown se déplacent maintenant en Abitibi-Témiscamingue pour la suite de L’Osstidtour. En plus de Rouyn, le trio infernal sera aussi à Val-d’or durant le même week-end.

Scène Paramount (Rouyn-Noranda), 17 décembre (21h)

Vernissage de Carlos Guerra

Le réalisateur Carlos Guerra propose une exposition de ses photographies ce soir. Il sera entouré par d’intéressants rappeurs d’ici, notamment Souldia, Rymz, Agua Negra et Obia le Chef.

Groove Nation (Montréal), 15 décembre (20h)

[youtube]DDr3w3L5ank[/youtube]