Rap local : Jonathan Emile, C-Drik, Kay Curtis et Oclaz
Chaque semaine, cette chronique vise à mettre en lumière les prochains shows et les plus récentes sorties des scènes rap et hip-hop instrumental québécoises.
Jonathan Emile, la force de combattre //
Quelques semaines après l’heureuse issue d’un épisode judiciaire impliquant Kendrick Lamar, le rappeur montréalais Jonathan Emile tourne la page avec Panthom Pain, un deuxième album plus sombre.
L’histoire a fait le tour des médias en novembre dernier. Voyant sa collaboration avec Kendrick Lamar (Heaven Help Dem) se faire retirer d’Internet par Interscope Records quelques jours après la sortie de son premier album (The Lover/Fighter Document) en 2015, Jonathan Emile a pris le taureau par les cornes en convoquant au tribunal l’étiquette de disques américaine. Après tout, Emile était dans ses droits de publier cette chanson : il avait payé le rappeur américain qui, à son tour, avait accepté d’enregistrer un couplet pour cette chanson en 2012.
«C’était pas moi qui était dans l’erreur, ça c’est certain. Même maintenant, je ne sais pas pourquoi ils ont décidé de retirer la chanson à la base», indique le Montréalais, qui n’a jamais rencontré Lamar en personne.
L’hypothèse la plus plausible est sans doute le changement de statut du Californien, récemment élevé au rang de superstar. En trois ans, soit entre le moment de l’enregistrement et de la publication de la chanson, Lamar a été signé sous Interscope (une propriété de la multinationale Universal Music Group), ce qui a complexifié les choses. Même si l’étiquette a permis à Emile de remettre sa chanson sur Internet après coup, le rappeur jugeait qu’il méritait un dédommagement puisque son album était paru il y a quelque temps déjà et que «l’occasion de bien faire connaître son œuvre était passée».
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Sa cause a été entendue au tribunal des petites créances, qui ont ordonné à Universal (ainsi qu’à Interscope et à Top Dawg Entertainment, l’étiquette popularisée par Lamar) de verser 8000$ à Emile.
«C’est une situation qui m’a fait de la peine, qui m’a frustré, qui m’a perturbé», confie le rappeur. «Une bonne partie de l’argent que j’avais pour la création de mon deuxième album a été dépensée dans les procédures légales. Finalement, ça m’a même coûté plus cher que l’argent que j’ai eu dans le jugement… Mais c’est pas grave parce que, pour moi, c’est une question de principe. Je suis très satisfait du jugement, même si je n’ai pas encore reçu le chèque d’Universal.»
Paru il y a quelques jours, son deuxième effort est évidemment relié à cette période forte en émotions. «J’ai écrit ça pendant que je dealais avec les avocats. Ça donne une ambiance relativement sombre», admet le rappeur et producteur de 30 ans, qui a lancé le premier extrait Limit en novembre. «Sur mon précédent album, j’avais établi les concepts du lover et du fighter, mais là, je suis plus fighter.»
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Et Jonathan Emile est habitué de se battre. Dix ans après avoir combattu un cancer, le rappeur semble plus que jamais décidé à aller de l’avant avec sa musique. «Le cancer a changé ma perception de la musique et, même, de l’amour. C’est un peu ça, le concept du phantom pain, soit le fait de vivre avec une douleur qui n’est plus là, mais de continuer de développer sa résistance aux obstacles par rapport à elle. Je ne crois pas que j’aurais été capable de passer à travers mon épreuve judiciaire si je n’avais pas eu mon expérience avec le cancer.»
Les juges et les avocats derrière lui, l’artiste peut maintenant regarder vers l’avant : «En fin de compte, ça a été une expérience positive. J’ai eu plein de nouveaux fans grâce à ça, et mon nom a circulé un peu partout. Ça m’a permis aussi de constater le soutien très généreux de plusieurs fans de longue date.»
Phantom Pain – disponible sur Spotify
Nouveautés d’envergure //
C-Drik prépare le terrain pour son nouvel album Liqueur forte, prévu pour la fin mars.
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L’un des prometteurs rappeurs du jeune groupe Susiety, Kay Curtis, propose un excellent premier album.
Fort de son habile Bonhomme pendu (chapitre 2) lancé fin décembre, le rappeur montréalais Lost envoie le clip de Fake Nxgga.
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Le Team XXI continue de faire du bruit. Cette fois, c’est Plante Carnivore qui présente une chanson, en trio avec ses acolytes Ghost Kid et Lone Absurdist.
Deux semaines après GoGo, FouKi continue de briller dans le «Plato Hess avec GangSqua.
Le talentueux Franky Bragg offre son nouveau projet Charabia, qui contient des collabos avec Suspek-T et Jibré.
Teddy the Beer règle ses comptes avec les concepteurs de palmarès annuel (dont probablement nous…) en clamant haut et fort F**k leurs Top$ 2016. Le résultat est concluant.
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Oclaz, l’un des trois producteurs du brillant groupe LaF, n’arrête pas le boulot et propose Lotus, un nouvel album aux nombreuses expérimentations.
Le producteur hip-hop minimaliste slumgod. rapplique avec une nouvelle pièce.
3 shows à voir //
Même s’il fera très froid en fin de semaine, le Belmont risque d’être assez suintant, à en juger par le line-up de feu qui l’attend. Tommy Kruise, Shash’U, GrandBuda et Blindd alterneront sur scène.
Le Belmont (Montréal), 7 janvier (22h)
Cette soirée de musique est en voie de devenir une belle tradition dans le paysage hip-hop montréalais. Des beatmakers du collectif franco-québécois Tour de Manège (dont Saligo, Téhu, Atamone et GrandHuit) seront notamment sur place.
Laïka (Montréal), 11 janvier (17h)
iLL Brodeur Video Launch Party
Tshizimba, un Montréalais affilié au NoBad Sound Studio, présentera son premier clip iLL Brodeur lors d’une soirée qui s’annonce riche en sons et en flows avec Musoni, Lil Deezy et DO, The Outcast.
La Vitrola (Montréal), 6 janvier (22h)