Rap local : Loud, MikeZup, Steeve Supreme et 9 9 9
Chaque semaine, cette chronique vise à mettre en lumière les prochains shows et les plus récentes sorties des scènes rap et hip-hop instrumental québécoises.
Olivier Boisvert-Magnen
Photo : Loud (Crédit : William Fradette).
Loud, tourner la page //
Une semaine après avoir ébloui le microcosme rap local avec un premier EP solo, Loud revient sur le propos et le concept de chacune de ses quatre nouvelles chansons.
Propulsé par le fascinant clip de 56K, qui approche du cap des 40 000 vues à l’heure actuelle, New Phone continue de profiter de l’engouement provoqué par sa sortie surprise de vendredi dernier. «C’est le meilleur scénario qui pouvait se dérouler», dit le rappeur montréalais du trio Loud Lary Ajust. «Y avait un petit risque de sortir cet EP, car je change de ton et d’approche par rapport à la recette qui fonctionnait, mais à date, l’accueil est très bon.»
Concrètement, ce mini-album a permis à Loud d’aller puiser dans son passé et, par la bande, d’explorer des zones plus intimes. En ouverture, Longue histoire courte (produite par Ruffsound) met la table pour ce qui s’en vient. «Ça m’intéressait d’écrire des textes plus personnels, d’aller dans un storytelling vraiment plus classique», explique l’artiste de 29 ans. «Sur cette chanson-là, on a justement voulu mettre la voix upfront. Dans un contexte de band, c’était quelque chose qui était plus complexe à faire, mais là, fallait frapper avec de quoi d’inattendu.»
Composée par Ruffsound, Ajust et Kable Beats, Le pont de la rivière Kwaï met en lumière «le dilemme de protéger ce qu’on a construit ou de le détruire pour le bien commun», faisant du même coup un clin d’œil à l’œuvre originale de Pierre Boulle parue en 1952. «Ce dilemme-là est pas juste en lien avec LLA, mais bien par rapport à un renouveau qui s’étend sur plein d’aspects de ma vie. J’ai fait le choix de l’accepter et de recommencer.» Un choix qui diverge de l’esprit général de Blue Volvo, deuxième album de son trio qui contenait une certaine «hargne nostalgique» et un désir bien assumé de ne pas vieillir : «Je ne me bats plus contre le fait de devenir un adulte. Je suis rendu beaucoup plus lucide par rapport à ça. Inconsciemment, sans y avoir réfléchi, c’est un peu la suite de la réflexion entamée sur Blue Volvo.»
Court récit d’une relation amoureuse qui bat de l’aile depuis longtemps, New Phone Interlude est elle aussi marquée par ce concept de renouveau, ne serait-ce que par la perte de contacts qu’implique bien souvent un changement de cellulaire. «C’est le même principe que les deux autres chansons, mais avec une histoire encore plus personnelle. On est ici dans un échange entre deux personnes, qui dépasse l’histoire de mon adolescence», relate-t-il. «Encore une fois, y a quelques retours en arrière, mais y a rien de nostalgique. J’essaie toujours de ramener le texte au présent.»
Enfin, la dernière mais non la moindre, 56K, est l’occasion ultime pour Loud de tourner la page. Composée par RealMind, un producteur qui a fait sa marque dans la musique latine, notamment le merengue et le reggaeton, la pièce est un peu plus légère que les trois autres : «On voulait avoir une touche ensoleillée, quelque chose de souriant et de complètement assumé.»
Impressionnant en termes d’allitération, le texte de la chanson retient aussi l’attention pour un passage en particulier : «Je vous ai donné LLA pour oublier vos problèmes / Un peu de poudre aux yeux avant quelque chose de solide» Si certains y ont vu une pointe envers sa formation, actuellement en pause pour une durée indéterminée, le principal intéressé y a surtout vu l’occasion de livrer une habile figure de style : «C’est un clin d’œil au drug dealing. Dans ce milieu-là, c’est considéré comme une gradation de passer de la poudre au solide. Sinon, c’est certain que ça dit clairement ce que ç’a à dire au premier degré.»
Toutefois, le rappeur assure que la séparation du trio n’est en aucun cas reliée à de quelconques différends : «À chaque fois qu’un band splitte, c’est la conclusion que tout le monde tire, mais ce n’était pas notre cas. On avait juste envie de faire d’autres projets, de lancer des nouvelles affaires.»
«On n’écarte pas la possibilité de revenir ensemble», ajoute-t-il, lorsqu’on lui demande si la séparation est permanente. «On est encore très tight, on se voit beaucoup les trois, donc y a rien qui empêche qu’à un moment donné, on refasse de quoi si on feel que c’est le bon temps.»
Pour l’instant, Loud se concentre sur son projet solo. Sans confirmer la sortie d’un album complet, il confirme qu’il est en train de travailler assidûment sur du nouveau matériel. « C’est ce que je fais à temps plein. Et je peux déjà dire que c’est pas pour rien si l’EP termine avec 56K. Je vois la chanson comme une ouverture vers maintenant. Les thèmes prochains vont beaucoup plus cadrer dans ce contexte-là.»
Soutenu par le nouveau label Joyride Records, une filiale de Silence d’or, le Montréalais (auparavant signé sous Audiogram avec LLA) se dit fort enthousiaste de cette nouvelle alliance. «J’aime l’idée d’être sur un vrai label de rap. C’est sûr qu’ils comprennent vraiment mieux ce qu’on fait et de quel milieu on vient. L’expérience avec Audiogram était vraiment bien, mais on n’avait pas la même culture. On était les outcasts du label. Maintenant, je fais partie d’un plus petit label, et on fait tout ensemble. En ce moment, c’est plus intéressant comme situation pour moi que d’être le 40e artiste sur la liste d’un gros label.»
New Phone – disponible sur la plupart des plateformes numériques
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Nouveautés d’envergure //
Le féroce MikeZup lève la barre bien haute avec Cartouche, un hymne street rap intense à souhait.
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Quelques semaines après la parution de sa mixtape Bando vol. 1, Izzy-S propose un clip pour la cinglante Dope Boy Partie 4.
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Le prodige Mike Shabb se joint à son coloc Kap.Dog sur #BlaHh.
Le Montréalais Yerly explore des horizons trap glitch sur cette nouvelle pièce.
Les collectifs La Fac et Team XXI y vont d’une intéressante proposition trap acoustique.
Le Trifluvien slumgod délaisse les sonorités lo-fi sur l’intense Wig Split.
Venant tout juste d’annoncer la sortie prochaine d’un premier album solo, Izz livre un trap mélancolique sur J’aurais fait mieux en collaboration Kreem Sheek.
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La talentueuse chanteuse et rappeuse Zeina prouve encore une fois qu’elle est vouée à de grandes choses.
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Le Lavallois DMAZ explore les tendances actuelles du hip-hop américain sur son premier EP Kurtwood.
Dans un mélange original et incarné de cloud rap, de R&B et de trap, le rappeur Steeve Supreme se dévoile avec panache sur Bluemoon.
Puissant et violent, cet EP collaboratif entre c r y p t ✞ ✞ ✞ et amideluxe arpente des horizons screamo trap.
c r y p t ✞ ✞ ✞ et amideluxe se joignent aussi à Jei Bandit, BLVCKND et lunasdeth pour Save It Before U Kill Urself, impressionnante nouvelle pièce de leur collectif 9 9 9.
«En provenance de la ville au sud de Laval», Kirouac s’allie à l’éminente révélation Fouki sur Roméo Elvis, premier extrait de Je m’en rappelle plus, mais c’est vraiment bon.
Toujours exilé en Inde, BNJMN.LLOYD (de LaF) propose varkala.
Le beatmaker montréalais Alpha Centori développe une esthétique brute lo-fi sur Napkins.
Le Johannais Cozy Noise (à ne pas mélanger avec Charles Cozy) s’offre un remix du mégasuccès Antidote de Travis Scott.
Originaire de Trois-Rivières, le producteur kawfee livre la douce trop souvent.
Avec Seif, Fresh Corleone, Mozaka, Synfo, LLL et M.O.N-SI, le rappeur Beeyoudee est bien entouré sur ce cypher.
Les camarades D-Track et Sam Faye déclarent leur amour du café sur ce premier extrait d’un projet à paraître la semaine prochaine.
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Toujours soutenue par son copain Vlooper, la chanteuse Modlee présente une nouvelle pièce aux accents soul et R&B actuels.
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Ségala, collectif à six têtes dont font partie Fouki et QuietMike, reviennent avec la chaleureuse Bounda.
Moutarde Baseball se fait plaisir avec un premier album autoproduit, qui contient notamment une relecture du thème de Chair de poule.
Inspiré par Pretty Lights et BadBadNotGood, le producteur phònic silk lance Eleven, une entrée en matière convaincante.
Dans un style rap plongé dans la culture house des années 1990, HelloTaxi?! continue de créer sans se mettre de limites.
3 shows à voir //
À quelques mois de la finale mondiale en République Tchèque, le concours d’improvisation rap End of the Weak se prépare à élire son champion québécois. D’ici là, Chacalcolik, Helmé, La Mef, Sereni-T et Le Reptile Rampant se disputeront la finale du chapitre montréalais.
O Patro Vys (Montréal), 6 mai (21h)
À peine libéré après quelques semaines derrière les barreaux, Enima revient sous les feux de la rampe avec un spectacle qui mettra également en vedette Kay Bandz et MTLord.
Théâtre Berri (Montréal), 6 mai (22h) ÉVÈNEMENT ANNULÉ
Le magazine illmarie présente une soirée à ne pas manquer avec le jeune producteur Tibe, qui sera accompagné par Javascript Princess, JPolo et fruits.
Le Belmont (Montréal), 5 mai (22h)