À notre entrée sur le site des plaines d’Abraham, Anderson .Paak réchauffe la foule avec son habile et contagieux alliage de hip-hop, de soul, de jazz et de funk. Bête de scène, le Californien de 31 ans offre une prestation généreuse, alternant avec une aisance remarquable entre chant et rap. Fort d’un groove inné, il mise sur ses pas de danse et sur son jeu de batterie pour dynamiser sa prestation.
Plus ou moins fougueuse durant cette première partie, la foule se révèle avec un enthousiasme beaucoup plus marqué lorsque Kendrick Lamar entre sur scène, peu après 21h30. En ouverture, DNA. et ELEMENT. donnent le ton avec leur basse frétillante et leur énergie décapante.
Alors que des centaines de festivaliers attendent toujours en file, c’est l’énorme succès King Kunta qui retentit avec vigueur. En pleine possession de ses moyens, le roi du hip-hop américain occupe l’immense scène avec assurance, confinant aux bords de scène ses musiciens.
Après deux chansons tirées de son EP untitled unmastered, le Californien quitte la scène, soudainement plongée dans l’obscurité. Pendant de très longues minutes, la foule patiente sans trop savoir ce qui se déroule. On apprendra plus tard qu’un problème informatique est à la source de ce moment inusité.
«Ok, we back!» s’exclame Lamar. «They tried to fuck up the party, but we’re gonna party all night.» («Ok, nous sommes de retour. Ils ont essayé de ruiné le show, mais on va faire la fête toute la nuit.»)
Swimming Pools soulève ensuite la foule, à l’instar de la puissante Backseat Freestyle, accompagnée par des images de combats de Mike Tyson. Loin d’avoir perdu ses esprits, le rappeur continue d’animer la foule, mais se voit parfois confronter à une assistance moins ardente, sans doute refroidie par l’interruption.
Visiblement affecté par ce manque de tonus, particulièrement palpable lors de LUST., Lamar confronte la section V.I.P., un peu trop amorphe à son goût. «If you don’t want to participate, get the fuck out of here!» dit-il, rappelant que ce spectacle est le premier qu’il donne à Québec. («Si vous ne voulez pas participer, allez vous-en!»)
L’intense M.A.A.D. City provoque une réaction euphorique, qui se transforme en mosh pit au cœur de la foule. Même état de fait quelques minutes plus tard avec l’hymne Alright, évidemment scandé à l’unisson.
À la toute fin, le rappeur trompe les attentes en troquant ses hits fort attendus (Bitch, Don’t Kill My Vibe et i) contre deux chansons de son plus récent album (GOD. et LOVE.). Tout sourire, il termine le spectacle en témoignant de son amour pour la ville. «I promise you that I’ll be back», dit-il. («Je vous promets que je vais revenir»)
Espéré, le rappel ne viendra finalement jamais. On devra attendre à cette soi-disant prochaine fois.
[youtube]NLZRYQMLDW4[/youtube]