Musique

FEQ : Gab Paquet : le coquet triomphe

Il a sorti l’habit pailleté des grands soirs, il s’est entouré de huit musiciens pantoumiens de grand talent. Gab Paquet a brillé dans tous les sens du terme hier soir au FEQ.

Une sonnerie retentit dans les haut-parleurs : « Je ne peux pas te parler, je suis au Festival d’été et c’est le plus gros show de ma vie. » Théâtral, formidablement en feu, le crooner basse-vilain a mis le paquet hier soir pour cette prestation devant un public d’abord partiellement incrédule, une foule de fans de Louvain qu’il a finalement conquis en fin de parcours.

Chaque chanson était un sketch en soi, chaque transition avait été pensée. Une chorégraphie avec une gestuelle inspirée par le kung fu pour introduire Les partouzes ( « pour échanger »), un miroir pour contempler La femme en [lui], un striptease fort à propos pour Fais l’amour avec moi

Le spectacle, parce que c’était plus qu’un simple concert, ouvrait une fenêtre sur la crème (de menthe) de la contre-culture, la scène underground locale. Un artiste complètement investi par son personnage, cette esthétique kitsch reconnaissable entre toutes, qui avait échappé à beaucoup trop de gens jusqu’ici.

Quoi que cet adorable enfant connaissait déjà le musicien... (Crédit: S. Dion, courtoisie Festival d'été de Québec)
Quoi que cet adorable enfant connaissait déjà le musicien… (Crédit: S. Dion, courtoisie Festival d’été de Québec)

Et force est d’admettre qu’au-delà de la blague, Gab Paquet est capable de pondre de formidables vers d’oreilles (Les consommations, notamment) et des refrains assez simples pour qu’une foule de néophytes les entonne avec lui dès la première écoute. C’est comme s’il s’était toujours préparé pour cette prestation devant un bon millier de gens – quoique je n’ai pas les chiffres officiels.

Musicalement, aussi, c’était solide. Les réarrangements funky et bien groovy pour son ode à l’échangisme ont bien mis la table  pour ses déhanchements sensuels, idem pour ce solo de saxophone de Guillaume Renaud (Relations sexuelles) qui allait de pair avec ses coups de bassin langoureux. Même Papa maman bébé amour avait été enjolivé par le violon de Claude Amar.

Un bonheur contagieux, un charme qui aura été impossible à nier pour toutes ces personnes assises sur leurs chaises pliantes qui, dociles et enthousiastes, se sont levées à la commande Paquet pour danser sur les trois derniers morceaux.

 

L’homme en bleu

« Mon cher Michel, c’est votre tour de vous laisser parler d’amour. » Le récital de M. Louvain, notre vedette du mois de juillet par ailleurs, n’aurait pas été le même sans cette communion avec ses admirateurs massés autour de ce même Palais Montcalm qui l’avait accueilli en 1959. Le théâtre d’une émeute qui avait forcé le chanteur à sortir par le toit de l’édifice, avec une échelle de camion de pompier… Autant dire que ce lieu avait une forte valeur symbolique!

Michel Louvain s'est vu offrir un gâteau au chocolat par nul autre que Daniel Gélinas, le président du festival! (Crédit: S. Dion, Courtoisie Festival d'été de Québec)
Michel Louvain s’est vu offrir un gâteau au chocolat par nul autre que Daniel Gélinas, le grand patron du festival! (Crédit: S. Dion, Courtoisie Festival d’été de Québec)

Le fêté (c’était son 80e anniversaire!) en a reçu autant qu’il en a donné hier soir, sur cette scène du FEQ. Très en voix, assez en forme pour esquisser quelques pas, l’interprète de Sylvie a livré ses plus grands succès en plus de reprendre quelques pièces de Paul Anka, Dean Martin, Charles Aznavour et Charles Trenet, entres autres. « Des gars qui m’ont beaucoup inspiré », a-t-il confié en début de parcours.

Des invités de marque, de Roch Voisine à Patrick Bourgeois et son fils Ludovic (gagnant de La Voix), sont venus ajouter leur grain de sel à cet orchestre dirigé de main de maître par Daniel Piché. Les arrangements étaient splendides! C’était doux, c’était romantique. Ça donnait envie de rêver à un hit-parade à l’image de celui qui a façonné Louvain et ses contemporains, à un palmarès radio qui célèbre l’amour plutôt que les Shape of You ou l’absence de consentement comme dans Despacito.

 

// À voir ce soir : Amélie Nault et Zagata à la Fontaine de Tourny dès 18h30