Michel Faubert : la mer, patrie
Porte-parole de la Fête des chants de marins, qui s’amorce mercredi à Saint-Jean-Port-Joli, le chanteur et conteur Michel Faubert rappelle l’importance qu’a le voyage en mer dans notre inconscient collectif.
Olivier Boisvert-Magnen
Photo : Benoit Dupont
Célébrant l’histoire et la culture maritime d’ici et d’ailleurs, le festival vise dans le mille pour sa 19e édition en faisant appel à l’artiste originaire de Choisy, reconnu pour sa démarche de folkloriste.
«À travers les années, j’ai découvert des contes sur des thèmes marins provenant d’endroits où il n’y a pas vraiment d’eau. Tout cela veut dire que les gens qui sont venus peupler et coloniser la Nouvelle-France ont eu un rapport avec la mer qui a profondément marqué notre culture. Par exemple, on peut retrouver des chansons du 18e siècle qui proviennent d’Abitibi et qui parlent de la mer, des combats navals de la Guerre de Sept Ans… Toutes ces chansons qui parlent de quitter son pays pour venir en Amérique ont donc été chantées par des générations de cultivateurs qui se sont éloignés de la rive.»
Plus fréquent en Europe et sur les côtes américaines, ce genre de festival maritime est assez unique ici. Tout particulièrement portée sur «les histoires de voyages en mer et les complaintes de naufrages», le festival s’avère représentatif de l’histoire qu’entretient la province avec les chants de marins, selon ce qu’observe Michel Faubert : «Dans notre tradition orale, on n’a pas tellement de chants de manœuvre, ce qui est un peu normal, car ces chansons survivent dans leur utilité. Les histoires de combats entre un navire français et un navire anglais stimulent plus notre imaginaire qu’un chant plus pratique dans lequel un marin hisse les voiles.»
Pour le conteur, la ville de Saint-Jean-Port-Joli, une ancienne seigneurie, est l’endroit idéal pour tenir un évènement du genre. «C’est un lieu absolument magnifique sur le bord de la mer avec un volet historique considérable. Le dernier seigneur était Philippe Aubert de Gaspé, qui a écrit Les Anciens Canadiens, l’un des premiers romans canadiens-français.» C’est également dans cette région de Chaudière-Appalaches que se situe l’essentiel de l’histoire du tout premier livre de la littérature québécoise L’influence d’un livre, écrit par le fils de ce même seigneur, Philippe-Ignace-François Aubert de Gaspé.
De passage au festival l’an dernier avec son groupe Les Charbonniers de l’enfer, Faubert sera cette fois de la partie pour un spectacle-conférence intitulé Mers et montagnes, inspiré de son livre de poésie du même nom paru en 2001. En privilégiant les histoires, les poèmes et les récits qui parlent de la mer, il mettra de l’avant les chants de silence, ces «complaintes a capella qui ont été transmises dans le silence, sans être chantées dans les veillées».
«Depuis que j’ai 18 ou 19 ans, je vais voir des gens qui me transmettent des chansons et des contes hérités de leurs traditions», explique-t-il. «Je m’intéresse notamment à ces femmes qui chantaient dans le secret devant leur métier à tisser, à tous ces hommes qui chantaient dans la solitude en travaillant.»
Très variée, la programmation propose différents volets, aussi bien gastronomique et littéraire qu’historique et musical. «Au bar de la marina, y’a aussi un volet très festif, axé sur la chanson de marin et les drinking songs. Bref, y’a vraiment de tout pour tout le monde.»
La Fête des chants de marins – Saint-Jean-Port-Joli, du 16 au 20 août
Mers et montagnes – Musée de la mémoire vivante, 19 août (14h)
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LES SUGGESTIONS DE MICHEL FAUBERT
Le verre et la mer, une vitrine sur le passage des hommes : Ce café-causerie propose une rencontre avec les archéologue subaquatiques Aimie Néron et Vincent Delmas. «Ce sont des gens qui sont notamment allés plonger au large de la Pointe-au-Père et qui y ont trouvé des tessons de bouteille et du verre érodé. Je suis très intéressé par les fonds marins, car je ne suis pas du tout un nageur. Les gens qui vont dans les épaves, je trouve ça fascinant.»
Musée maritime du Québec, 20 août (11h)
La Grande Traversée : Ce spectacle met en vedette le trio féminin polyphonique français Les Biches Cocotttes, le groupe celtique de Lanaudière Kitchen Party ainsi que le groupe trad réputé Le Vent du Nord. «Pour moi, Le Vent du Nord, c’est un groupe majeur qui représente le Québec partout dans le monde. C’est dommage qu’on le voit pas si souvent ici.»
La Vigie, 19 août (19h)
À l’abordage! : Autre programme triple, cette fois avec le groupe néo-brunswickois Before the Mast (l’un de ceux qui s’intéressent «aux chants de travail qui rythmaient jadis les manœuvres à bord des vaisseaux à voiles»), l’auteur-compositeur-interprète acadien Danny Boudreau et l’emblème gaspésien Kevin Parent. «Dans le cadre du festival, c’est toujours intéressant de voir des artistes venir faire des parallèles entre leur musique et le chant maritime. Un gars comme Kevin Parent, originaire de Nouvelle, bénéficie d’un bon contexte pour venir parler de la baie des Chaleurs.»
La Vigie, 18 août (19h)
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