Musique

Rap local : Eman & Vlooper, Wizza, Dostie et Morti Viventear

Chaque semaine, cette chronique vise à mettre en lumière les prochains shows et les plus récentes sorties des scènes rap et hip-hop instrumental québécoises.

Eman & Vlooper, l’album photo //

Amis et probants complices artistiques, le rappeur Eman et le producteur Vlooper, tous deux d’Alaclair Ensemble, lèvent le voile sur LA JOIE, deuxième album collaboratif de grande qualité.

Couronné de part et d’autre pour son premier opus, le duo originaire de Québec est on ne peut plus humble lorsqu’on lui rappelle ses victoires à l’ADISQ, au GAMIQ et au Gala de la SOCAN en 2015. «Des fois, les gens aiment plus que ça qu’ils devraient», résume Vlooper.

Loin de s’être mis de la pression sur les épaules pour donner suite à cet album louangé, le tandem a pris son temps. Amorcé à la fin 2014, LA JOIE a bénéficié d’un effort de production plus soutenu à partir de l’automne 2016, soit juste après la sortie des Frères cueilleurs, quatrième album d’Alaclair Ensemble. «On l’a travaillé sur le long terme», explique le producteur. «Le défi, c’était surtout de pas tomber dans le piège et de s’assurer de prendre du recul. On a travaillé sur plusieurs versions de chaque chanson et, encore aujourd’hui, je ne suis pas certain qu’on a choisi les meilleures.»

Aux commandes de la direction musicale, Vlooper s’est permis beaucoup de liberté, en déconstruisant les structures des pièces. À ce sujet, les similitudes avec Les Frères cueilleurs sont nombreuses. «C’était assez spontané comme processus», poursuit-il. «À un moment donné, j’étais un peu ennuyé par l’album, donc je m’amusais à switcher les beats à la fin des tounes. Ça me divertissait.»

«J’trouvais ça l’fun que ce soit en mode mixtape comme ça», enchaîne Eman. «Des fois, j’enregistrais un verse et je laissais Vlooper mettre ça où il voulait. La plage, par exemple, c’est deux chansons en une. Y’a aussi des chorus qui reviennent dans l’album, des phrases que je dis et que Vlooper a replacées ici et là selon ses envies. Ça donne un genre de puzzle, quelque chose de très différent de XXL, qui a été fait sur une plus courte période.»

Adepte d’écriture automatique, le rappeur présente ici des textes personnels qui relatent différents pans de vie s’étant déroulés «entre 1992 et 2017», soit entre son enfance et sa vie de papa actuelle. «C’est un album qui est peut-être plus deep que le précédent ou, du moins, plus limpide. Ça parle de mon histoire par segments», observe celui qu’on a connu au sein d’Accrophone. «Pendant l’écriture, je suis tombé sur une photo de moi quand j’étais jeune, et on a choisi de la mettre comme pochette. Je la trouvais significative, car elle s’emboîtait bien avec mon propos. J’avais l’impression qu’un fil conducteur se créait entre cette image et la musique. À partir de là, ça m’apparaissait clair que c’était un album photo.»

Autant décrié que célébré, l’argent s’impose comme l’une des thématiques centrales de l’œuvre. «On évolue dans un style musical qui en parle beaucoup, donc c’est certain que ça vient me toucher d’une manière ou d’une autre», dit Eman, avant d’y aller d’une explication plus personnelle. «Plus jeune, le fait de ne pas avoir eu d’argent, de ne pas pouvoir jouer au hockey par exemple, ça m’a mis dans un certain mindset. Clairement, je souhaitais pouvoir offrir plus d’opportunités à mes enfants. Dans un certain sens, ça a motivé mon sens du travail. Ça m’a peut-être même rendu plus travaillant que d’autres personnes.»

Le rappeur cultivera tout particulièrement son «sens du travail» dans les prochaines semaines. En plus des nombreux spectacles d’Alaclair Ensemble, le duo donnera trois spectacles de lancement dans trois villes différentes. À son habitude, il misera sur une formule épurée. «Ça va rester assez simple : un rappeur et un DJ», indique Eman. «Malheureusement, Robert Lepage n’est pas encore impliqué dans le processus, mais ça viendra peut-être un jour.»

Lancements à Rouyn-Noranda (Paramount, 1er septembre), Québec (Le Cercle, 7 septembre) et Montréal (Quartier latin, 9 septembre)

Nouveautés d’envergure //

En plus de l’album, Eman & Vlooper a également fait paraître un clip pour l’excellente Copy/Paste.

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Membre étoile du Casse-Croute, Saddam Huss’ montre de quel bois il se chauffe en solo sur Nouvelle ère.

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Le sous-estimé Bilo Da Kid lance Get Money avec Maino.

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Rymz présente un dernier extrait de Petit Prince, son deuxième album solo paru au printemps 2016.

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Épaulé par des membres de Team XXI, Wizza dévoile son style trap psychédélique aux ambiances lugubres.

Les complices Mido et 4Say envoient ADN, un projet collaboratif qui arpente les mouvances trap et qui s’inspire des musiques latines et moyen-orientales.

Le productif MTLord fait équipe avec White-B, du collectif 5sang14, sur la légère My City.

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Révélation probante de la scène rap montréalaise, 199V dévoile un deuxième extrait de son EP twentytwo, prévu dans les prochaines semaines.

Franky Fade livre une nouvelle chanson planante bien menée.

Dans un style qui rappelle celui de Tinashe à ses débuts, Zeina poursuit son ascension avec Fallin.

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Le Léonardois Rowjay reste fidèle à son style sur F-Zero.

Les Anticipateurs se révèlent moins mordants sur cette nouvelle pièce.

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Originaire de l’Ouest de l’île, Maky Lavender dévoile son flow habile sur Fairview Term.

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Le producteur HomerunHitz mélange rythmes trap et ambiances soul douces sur son deuxième EP Emotions.

Quatre mois après frosted world, le vocaliste et producteur la lune ? livre un autre pastiche R&B aux relents trap.

Dostie laisse de côté les productions plus chargées de son précédent album Autoportrait et mise sur une direction minimaliste qui lui va particulièrement bien.

Le Ahuntsicois REM offre une pièce jazzy rap.

Dans un style boom bap bien maîtrisé, le beatmaker Nicholas Craven propose Art Dealing Pt. II, une beat tape bien ficelée.

Le très talentueux producteur Morti Viventear frappe fort avec ce nouveau projet instrumental.

3 shows à voir //

Show hip-hop – FME 2017

S’amorçant jeudi, le Festival de musique émergente d’Abitibi-Témiscamingue présentera sa traditionnelle soirée hip-hop vendredi. Au menu : Mathew James, Eman & Vlooper, Lary Kidd et Alaclair Ensemble.

Le Paramount (Rouyn-Noranda), 1er septembre (20h30)

MEG 100% hip-hop

Le volet hip-hop du festival MEG prendra place ce vendredi. Cette soirée présentera des conférences, un open mic avec la révélation Tibe et un concert avec Bad Nylon, Ragers, iLLvibe & Myer Clarity et le Français KillAson.

Divan orange (Montréal), 1er septembre (17h)

Spectacle lancement Explicit vol.2

Le label Explicit lance une nouvelle compilation mettant en vedette ses principales têtes d’affiche, notamment Souldia, Taktika, Saye et Shoddy.

Méduse (Québec), 1er septembre (19h)

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