Rap local : Lunice, Jay Scøtt, Busy Nasa et Karyke
Chaque semaine, cette chronique vise à mettre en lumière les prochains shows et les plus récentes sorties des scènes rap et hip-hop instrumental québécoises.
Lunice, revenir en force //
Cinq ans après avoir provoqué une onde de choc avec TNGHT, le producteur montréalais Lunice offre un premier album solo fort attendu, CCCLX.
Difficile de retomber sur ses pattes après un succès aussi manifeste que celui de TNGHT, duo de Lunice et Hudson Mohawke qui a donné un second souffle à la production trap américaine en 2012. Les mois et années qui ont suivi cette vive éclosion n’ont pas été de tout repos pour le principal intéressé. «Après ça, j’ai eu la chance de travailler avec Lil Wayne, Kanye West et d’autres artistes de ce niveau. Ça m’a aussi ouvert la porte pour des writing sessions à Los Angeles en collaboration avec l’un des compositeurs de Rihanna. Quand tu entres dans la culture pop comme ça, tout peut devenir incontrôlable, et il faut être très vigilant pour ne pas devenir un produit mainstream. J’étais très en demande, mais ce que je voulais, c’était garder un niveau de privacy.»
De là la raison expliquant l’absence de Lunice sous les feux de la rampe dernièrement. Après tout, n’importe quel artiste obtenant un rayonnement aussi soudain aurait pu faire l’erreur de surmédiatiser son contenu. Au contraire, le Montréalais a préféré miser sur le contact humain. «J’ai changé ma présence numérique pour une présence physique. J’ai fait davantage de spectacles et j’ai fait plusieurs rencontres avec des fans. Sur internet, ce sont eux qui ont parlé de moi et qui ont donné des nouvelles de mes projets. Je n’ai jamais vraiment aimé les likes de toute façon, car j’aime faire les choses pour moi-même.»
En marge de ses nombreuses tournées, l’artiste a travaillé d’arrache-pied à renouveler sa signature sonore. «La raison pourquoi j’ai eu autant d’offres après TNGHT, c’est que les gens voulaient entendre le son de Lunice. Moi aussi, je voulais savoir c’était quoi exactement, le son de Lunice. C’est une quête qui prend beaucoup de temps et qui implique beaucoup de questionnements, de recherches. Pendant les cinq dernières années, j’ai donc travaillé sur ma musique, mais aussi sur moi-même. J’ai commencé à mieux manger, à faire de l’exercice… Tout ça est connecté à mon sens. Si je n’ai pas les idées claires parce que j’ai mangé du fast-food, ma musique va finir par ressembler à ça.»
S’il n’avait pas une idée nette de ce qu’il voulait d’emblée, Lunice savait qu’il voulait éviter de reproduire le son trap très caractéristique de TNGHT. Au lieu de s’efforcer à trouver le prochain Higher Ground à tour prix, il a préféré diversifier ses influences. «Cette idée de devoir rebondir après un gros succès, je l’associe beaucoup à la culture pop. Comme si, après avoir essayé une drogue, il fallait toujours en trouver une dose plus forte! Moi, je ne cherche pas de drogue : je cherche de la joie. C’est la raison pourquoi TNGHT a fonctionné. Hudson et moi, on avait le plus gros sourire au monde pendant qu’on travaillait.»
Fort de ses études en cinéma au collège Dawson, le producteur s’est inspiré d’images et de films pour créer CCCXL (à prononcer 360). «J’avais du visuel en tête, et mon but, c’était de connecter la musique à ça. J’ai donc créé des ambiances musicales en ayant un film dans ma tête, comme si je composais une trame sonore.»
Après moult mois de création, le compositeur a eu la certitude qu’il était dans la bonne direction. «Je suis allé présenter la première version de l’album aux gens de LuckyMe», dit-il, à propos de l’étiquette britannique sous laquelle il est signé. «Leur première réaction a été de se fermer les yeux afin de se laisser immerger par les images projetées dans leur tête. C’est une réaction que j’avais moi-même eue, mais je ne pouvais pas me douter qu’elle serait à ce point partagée.»
Pour agrémenter ses compositions, Lunice a notamment fait appel à quelques rappeurs américains (Le1f, Denzel Curry) et à des espoirs montréalais éminents (CJ Flemings, Speng Squire). «Il y a quatre ans, j’avais parlé à 2Chainz et Big Sean pour qu’ils participent à l’album. Ils étaient assez motivés, mais les choses ont traîné, et j’ai plutôt décidé d’aller voir ce qui se passait dans ma propre ville. La première fois que j’ai entendu CJ et Speng, j’ai été renversé. C’est exactement eux que ça me prenait!»
CCCLX – disponible dès maintenant
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Nouveautés d’envergure //
Quelques mois après avoir livré Stockholm, album conceptuel créé en duo avec Smitty Bacalley, le rappeur et producteur Jay Scøtt revient en solo avec un album complet disponible le 10 octobre. Pcm4st3rrac3 en est le concluant premier extrait.
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Soutenu par Mike Shabb, qui produit la pièce, le Montréalais Busy Nasa présente un troisième clip.
[youtube]vXSCmUKDoCI[/youtube]
Un autre single de feu pour Tshizimba, jeune rappeur montréalais sur le point de faire paraître un nouveau projet.
Shabb et Busy Nasa se joignent aussi à Kap.Dog pour la bombe Packs.
Le «noisemaker» montréalais Austin J se joint à DeusGod et Pat Klurker sur ce lourd et lugubre mini-album.
La rappeuse Marvelouse se réapproprie les codes du gangsta rap dans ce nouveau clip réalisé par Kevin Shayne.
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Souldia poursuit sur sa vague trap mélancolique avec ce deuxième extrait d’Ad Vitam Aeternam.
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Révélé par Jei Bandit et la bande du studio Oddio, le rappeur Karyke pose ici sur les basses pesantes de Freakey!.
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Dans un style hip-hop expérimental déconstruit, Chrysalis s’illustre avec Gimme My Heart Back, pièce produite par KTNG et Bloom (Team XXI) en collaboration avec Winter.
Le producteur badmninto collabore avec le chanteur Jay Sea sur cette pièce hip-hop soul écrite par wht rice.
Encore peu connu, Mighty Mugg reprend bien la recette de Yung Lean sur Numb.
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Seb P propose un troisième projet en trois mois : Trap Season, entièrement autoproduit.
Une rare chanson d’amour signée Les Anticipateurs.
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Le proactif MTLord est à son meilleur sur cette courte et concise nouvelle pièce.
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Les webstars Gab Joncas et Jemcee se joignent au rappeur Vinny Bombay et au réalisateur Didier Charette sur cette reprise du succès de Post Malone.
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Les producteurs DJ Manifest et Lowpocus offre un remix bien intense de Tuba Tuba, chanson de Pierre Kwenders tirée de son plus récent album MAKANDA.
Kris the $pirit, membre des Posterz, redonne signe de vie cinq mois après sa dernière chanson solo.
Wasiu s’allie au chanteur/rappeur Basics sur Cigarettes & Poutine, pièce hip-hop soul produite par le trio Planet Giza.
Le jeune Tree0101 dévoile son style old school minimaliste dans son nouveau clip Limbo et son nouvel EP Tread Softly.
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Enfin, 4e Regiment y va d’une nouvelle beat tape.
3 shows à voir //
Le rappeur originaire de Detroit Illa J revient dans sa ville d’adoption pour un premier spectacle en lien avec son troisième album solo Home, paru plus tôt cet été. Et puisqu’on n’est jamais aussi bien accompagné que par soi-même, c’est à son groupe The Marshens que reviendra la tâche d’ouvrir la soirée.
Centre Phi (Montréal), 16 septembre (20h30)
Le producteur Tommy Kruise trimbalera ses puissantes basses et son énergie intraitable dans la capitale le temps d’un spectacle soulignant la rentrée scolaire. Il sera notamment accompagné du duo Boskorgï.
Le Cercle (Québec), 16 septembre (23h)
DJ ASMA clôturera une soirée alliant des artistes établis du rap montréalais (Freddy Gruesum, Sarahmée) et des révélations qui ont fait jasé récemment avec leurs projets respectifs (Les 13 Salopards, FouKi14).
Petit Campus (Montréal), 16 septembre (19h)
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