Musique

Bowie et Prince à l’OSQ : Ce soir on danse

Du mauve, des paillettes et une bonne dose de funk : sous la direction de maestro David Martin, l’OSQ nous promet cet automne un concert flamboyant en hommage à deux légendes de la pop, Bowie et Prince.

Ils ont marqué à jamais l’histoire de la musique. Intronisés au Rock and Roll Hall of Fame, David Bowie et Prince détiennent tous deux une position enviable au Top 100 des meilleurs artistes de tous les temps du prestigieux magazine Rolling Stone. Véritables bêtes de scène, ils ont rempli les stades, produit des tubes à la chaîne et vendu des millions d’albums à travers le monde. Une telle biographie mérite qu’on leur rende hommage.

L’alliage des deux artistes au sein d’un même spectacle est tout de même inusité. L’univers de la pop comporte une multitude de teintes, et s’ils ont flirté tous les deux avec le funk, leur style musical peut sembler un tantinet éclectique. Le tromboniste et chef d’orchestre David Martin perçoit plusieurs similarités dans l’œuvre des illustres créateurs. «Ils ont vraiment le côté funky, le côté musique de danse. C’est très important dans leur répertoire.»

Fluidité des genres

Si plusieurs musiciens se réclament de leur influence, on pourrait en dire autant des designers de mode : des collections entières ont été façonnées sur les tenues vestimentaires décomplexées et avant-gardistes des deux artistes. Précurseurs du mouvement gender fluid, Bowie et Prince foulaient les planches avec exubérance, coiffés et maquillés, déjouant les codes genrés et bafouant la binarité homme/femme. «Dernièrement, je lisais Virginia Woolf, et elle parlait au sujet des genres, l’homme et la femme, raconte David Martin. Pour elle, un artiste complet, c’est un artiste qui a ces deux aspects-là en lui [le féminin et le masculin]. C’est une chose qui distingue ces deux artistes-là.»

David Martin (Courtoisie OSQ)
David Martin (Courtoisie OSQ)

Un orchestre symphonique, ça danse la valse, la polka, etc. Mais ça ne danse pas du funk! C’est loin de nos compétences.

Le parcours de David Bowie tout autant que celui de Prince est indiscutablement inspiré de James Brown, mais aussi (et surtout) d’un autre personnage mythique : Little Richard, le «rock’n’roller androgyne original», selon le chef d’orchestre. «Ça m’intrigue beaucoup, cet aspect androgyne chez les deux. Et comme on vit des changements socioculturels assez importants, ce sont des artistes-clés pour notre époque».

Grand talent

David Martin est subjugué par le génie créateur et la virtuosité des deux musiciens. Chez Bowie, c’est sa voix qui le stupéfie. «J’a-do-re. C’est une voix de baryton qui monte dans l’aigu jusqu’au ténor. J’ai entendu un disque où il chante sur deux octaves. Ce qui est assez remarquable pour un chanteur pop. Ce n’est pas opératique, mais c’est une voix… avec beaucoup de drame, de couleur; on entend les roches et les pierres dedans, une voix délirante. C’est tout à fait unique.»

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Et Prince? «C’est un musicien que je respecte énormément. Il a fait des albums où il joue chaque instrument en studio. C’est incroyable! C’est un monstre, ce gars-là! Je ne le connaissais pas bien, mais mon ami Alain Trudel, chef d’orchestre et tromboniste, parlait tout le temps de Prince; il disait : Prince is a genius

Capter le tempo

Bowie et Prince ont tous deux un catalogue de chansons bien fourni. On peut donc s’attendre à une revue musicale magistrale. Peter Brennan, directeur artistique et guitariste de la formation ontarienne Jeans ’n Classics, a soigneusement sélectionné les pièces qui seront interprétées. En collaboration avec l’Orchestre symphonique de Québec, les musiciens et chanteurs professionnels de son groupe enfileront en alternance les hits et les b-sides des deux rois de la pop.

Quant à David Martin, qui a dirigé le concert Dancing Queen, hommage à Abba au printemps dernier, il devra «initier» l’Orchestre symphonique de Québec à un style peu visité : le funk. «Ce spectacle sera plus profond dans les défis rythmiques [que celui consacré à Abba], affirme le maestro. Un orchestre symphonique, ça danse la valse, la polka, etc. Mais ça ne danse pas du funk! C’est loin de nos compétences. Il y a des choses qu’on doit, comme on dit au Nouveau-Brunswick, “figurer out”.»

Sous les projecteurs, nul doute que tout ce beau monde saura s’accorder.

Les 5 et 6 octobre à 20h
Grand Théâtre de Québec

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