Rap local : Souldia, lowpocus, Lil Deezy & Richman et LONECREW
Musique

Rap local : Souldia, lowpocus, Lil Deezy & Richman et LONECREW

Chaque semaine, cette chronique vise à mettre en lumière les prochains shows et les plus récentes sorties des scènes rap et hip-hop instrumental québécoises.

Souldia, de passe-temps à gagne-pain //

Traversant sa période créative la plus prolifique à vie, Souldia renoue avec ses idées noires sur Ad Vitam Aeternam, un cinquième album solo en carrière et un deuxième en moins d’un an.

«Je suis très inspiré ces temps-ci. La semaine après la sortie du précédent, je commençais déjà celui-là», précise Souldia.

Au lieu de s’enfermer chez lui, comme c’était le cas pour l’écriture de Sacrifice, le rappeur de Limoilou a choisi de s’isoler en campagne, «dans les montagnes à Saint-Zénon». «J’ai loué le Wild Studio pour une dizaine de jours. C’est une place assez luxueuse à presque 1000 dollars par jour, située au bord d’un lac immense. Je suis parti là-bas avec mon ingénieur de son, ma famille et mon cameraman. L’idée, c’était d’être coupé du monde extérieur, sans cellulaire. C’était la première fois que j’allais vers cette méthode-là. J’avais besoin d’espace.»

En amont, les compositions de Christophe Martin (de Hotbox Productions) et de Farfadet avaient donné le ton à la direction musicale de ce cinquième opus. «Le premier exercice que j’ai fait, c’est de réécouter mes derniers albums afin d’aller chercher des variantes, des notes que j’avais pas. J’ai écouté ce que m’ont envoyé les beatmakers et j’ai choisi les tounes qui me provoquaient le plus d’émotions. Ça donne quelques chansons avec du piano, un peu comme sur Sacrifice, mais aussi d’autres avec plus d’instruments électro, comme pour nous donner l’impression qu’on est dans le futur.»

Celle qui détonne le plus est probablement Sourire aux lèves, une incursion afro-trap. «J’aime explorer des terrains comme ça et, à mon sens, c’est ce qui fait que ma carrière fonctionne encore. Faut que je réussisse à m’amuser, sinon vaut mieux tout arrêter.»

Dans un style totalement différent, Le trou aussi retient l’attention.  Récit lourd et bien ficelé d’une période très sombre de sa vie, où il a dû vivre en réclusion dans la prison de Québec, cette chanson s’avère l’une des plus intimistes de l’album. «C’est mon histoire mot pour mot : mes 21 jours dans le trou, les gardiens qui me frappent… Durant mon incarcération, j’ai visité beaucoup de prisons et je peux dire que le trou de Québec est le pire de la province», dit celui qui a purgé une peine de 36 mois au tournant de la décennie. «Ça faisait longtemps que je voulais écrire ce texte-là, et je crois que ça m’a enlevé une crotte sur le cœur. Éventuellement, je sais que les gars de la prison de Québec vont l’entendre, et c’est pour ça que j’ai voulu rester le plus fidèle possible à mon expérience. Y’a rien de fictif là-dedans.»

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Encore plus acerbe, Obscur rappelle l’ambiance acérée de Krime Grave, son brillant troisième album paru en 2014. «Profond dans ta gueule, j’joue pas dans ta game / Trop de violence et de peine imprégnées dans la tête / Le monde est fucked up autour de moi, c’est la déchéance / C’est comme cacher de la dope dans la couche d’un bébé naissant», rappe-t-il, avec fougue.

«Je voulais pas que les gens pensent que le feu est mort à l’intérieur de moi», dit-il, comme pour faire un clin d’œil à «ceux qui pensent que je fais de la musique commerciale».

«Je suis un traumatisé de la vie, un écorché, et à quelque part, je sais que ça va être comme ça jusqu’à la fin de ma vie. Le côté positif, c’est que cette flamme-là m’a amené à faire mon travail. Je pourrai jamais être guéri totalement, donc aussi bien me servir de mes cicatrices profondes comme arme à travers mes textes.»

Teintée de son vécu et de ses réflexions, la pièce Lettre pour Milan, dédiée à son fils de cinq mois, est de loin celle qui résonne le plus avec son évolution humaine et émotionnelle. «En fait, tout l’album lui est dédié, car ce petit-là m’a redonné la flamme, au moment où j’aurais pu m’assoir sur mes lauriers. Grâce à lui, j’ai eu envie de bouger et je suis retourné en studio très rapidement après Sacrifice. Maintenant c’est pour lui que je fais ça. Je veux pouvoir lui laisser un héritage substantiel.»

Ainsi, le rapport de Souldia à la musique se transforme peu à peu. Auparavant un passe-temps, le rap est devenu un gagne-pain pour le Limoulois. «Je le faisais pour m’amuser avant. Même que les chiffres de vente, je m’en balançais, je les regardais même pas. Mais là, j’ai 32 ans et je suis en mode argent. J’ai envie de rafler ce que j’ai à rafler, je joue mes cartes clairement. Par contre y’a rien qui change mon approche artistique là-dedans. Je vais pas plus me forcer pour passer à la radio, quelque part entre Cœur de Pirate et Fetty Wap. J’ai pas besoin de ça, car je suis mon propre média et que les gens me suivent, sans que j’aie à faire des compromis. Moi, j’ai l’intention de prendre ma retraite avec le rap et, c’que j’veux éviter à tout prix, c’est de me retirer sur un album qui a pas fonctionné.»

Mais l’heure de la retraite n’est pas sur le point de sonner. En plus de sa tournée solo qui s’amorce à Joliette ce samedi, et qui s’arrêtera notamment dans deux réserves autochtones le mois prochain, Souldia poursuit en parallèle une autre série de spectacles, le Tomahawk Tour, en collaboration avec son camarade Manu Militari. «Manu, c’est une légende. Y’a pas personne dans le rap québécois qui a atteint ses chiffres de ventes dernièrement. C’est un gars avec qui j’aime travailler, et en plus, j’ai l’impression que nos publics se rejoignent bien. On a de très grandes affinités.»

Ad Vitam Aeternamdisponible maintenant

En spectacle (2017) : le 14 octobre à Joliette, le 21 octobre à Drummondville, 10 novembre à Saint-Hyacinthe*, 11 novembre à Saint-Jérôme*, 17 novembre à Obedjiwan, 18 novembre à Manouan, 24 novembre à Rivière-du-loup, 2 décembre à Lavaltrie, 15 décembre à Rouyn-Noranda*, 16 décembre à Val-d’Or* (* : avec Manu Militari)

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Nouveautés d’envergure //

Se décrivant comme «le descendant cosmique des anciennes légendes de l’exploration et du trappage», le jeune producteur lowpocus envoie une première beat tape depuis Graceland, parue en octobre 2016. Cette fois, le Montréalais consolide sa signature trap funky.

Le rappeur montréalais Karyke s’allie avec l’excellent producteur Freakey! pour son premier EP, The Next Galaxy.

Rencontre au sommet entre les doués Wasiu et High Klassified.

Toujours dans le cadre de sa publication quotidienne de beats aux teintes halloweenesques, qui se poursuivra tout au long du mois d’octobre, Vincent Pryce frappe fort avec Inner Vizionz.

À quelques jours de la sortie de son projet ZER0, Tshizimba envoie un clip.

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Le DJ ASMA, derrière Multiply MTL, mélange quelques-unes des chansons rap d’ici les plus marquantes des derniers mois.

Le très populaire producteur électro SNAILS s’attaque à un remix dubstep trap d’une chanson de Waka Flocka Flame.

L’incomparable Jay Scøtt présente god, un surprenant EP qui contient de nombreux bijoux, notamment Flickery.

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Le coloré YB s’aventure avec adresse dans les terrains défrichés du hip-hop tapissé de R&B et de pop.

Snk ramène ses amis 4Say, Mido et ivo sur Nou La, pièce dancehall ensoleillée.

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La Montréalaise Zeina dévoile sa voix accrocheuse sur Comeback Kid, projet dans la lignée de certaines parutions de Tinashe.

Jfrxshh présente Unexpected Juice.

Lil Deezy et Richman, deux membres des 13 Salopards, y vont d’un projet hip-hop mélodieux au goût du jour qui contient des productions signées Mike Shabb, Carlito et JeanJass.

Miles clame les bienfaits du bonheur sur Vivre heureux.

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Un mois après son retour, Busy Nasa remet ça avec son complice Mike Shabb.

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Le duo de Québec Vieux chums de brosse suit la tendance du mumble rap sur Switchin Lanes.

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Le producteur LONECREW fait preuve d’une belle homogénéité sur i hope you like it, un sixième projet soul aux accents mélancoliques.

Peu de détails sur ce producteur prometteur Jofesa, qui livre ici un premier EP empreint de douceur.

Dans un style blues chaleureux, le producteur sans gluten collabore avec son ami et rappeur dame. Le projet balaclava ballads paraîtra bientôt.

Jimmie D renoue avec Nicholas Craven sur Wet Weight.

Le très créatif Hardbody Jones lance une pièce lo-fi en duo avec Brooklyn Thorne.

Quelques semaines après la sortie de l’honorable mais sous-estimé W/L, CeasRock publie un clip pour RAIR.

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Chaplin se fait intimiste sur la mélodieuse Under The Radar.

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Le Trifluvien Pat K7 présente un premier album en sept ans : Deus Nobiscum Quis Contra, qui contient un duo avec David Lee.

Juste avant la sortie de la troisième partie de sa saga C’est ça l’Amérique, le vétéran Aspect Mendoza en expose deux nouveaux extraits, Mendo et Super Sayan.

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3 shows à voir //

C’est ça l’Amérique 3 Lancement

L’intraitable Aspect Mendoza viendra présenter les morceaux de son nouvel album ce vendredi.

O Patro Vys (Montréal), 13 octobre (21h)

Gesamtkunstwerk Last Call Tour à Laval

Quelques semaines après avoir rempli le M Telus avec le supposé dernier spectacle de sa tournée Gesamtkunstwerk, Dead Obies en offre un rappel à Laval.

Annexe3 (Laval), 14 octobre (20h)

L’Osstidtour à L’Assomption

Nommé pour le meilleur spectacle de l’année au Gala de l’ADISQ et au GAMIQ, L’Osstidtour de Koriass, Brown et Alaclair Ensemble s’amène dans Lanaudière.

Théâtre Hector-Charland (L’Assomption), 13 octobre (20h)

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