Rap local : Shash'U, J7, Jimmie D et Lord Gasp
Musique

Rap local : Shash’U, J7, Jimmie D et Lord Gasp

Chaque semaine, cette chronique vise à mettre en lumière les prochains shows et les plus récentes sorties des scènes rap et hip-hop instrumental québécoises.

Shash’U, nouvelles avenues //

Aux commandes de sa signature power funk énergique à souhait, le producteur Shash’U reprend du service avec Street X, un troisième projet qui parait à l’international sous l’étiquette new-yorkaise Fool’s Gold Records.

«Street X, c’est pour ‘’street unknown’’, toutes ces rues qu’on ne connait pas. J’emprunte des avenues qui peuvent paraître nouvelles pour certains», explique le Montréalais. «C’est un rappel de ce que t’as peut-être entendu très tard dans un party, mais dont tu as de la difficulté à te rappeler.»

À bien des égards, ce nouvel EP reprend là où ses deux successeurs Thru Da Night et PWRFNK avait laissé en 2015. Or, la proposition semble encore plus intense et audacieuse dans ses mélanges musicaux. «En fait, c’est un peu comme si j’avais changé de console de jeu, mais que je jouais encore à Street Fighter», blague-t-il.

Les influences bounce et old school sont tout particulièrement présentes sur les premières chansons New Power (avec TonBoy Karma alias Karma Atchykah) et Turn Up Da Bass, qui misent toutes deux sur des rythmes accrocheurs, voire tapageurs, et des motifs mélodiques simples, répétés à profusion. «J’ai pris un mood, un feeling musical, et je l’ai répété en variant les couleurs et la modulation», décrit-il.

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Dans un tout autre style, Shash’U fait appel à la chanteuse montréalaise Samiam Montolla sur la chaleureuse Feel It, aux teintes reggae. «Je voulais un flavor inspiré du mumble rap; quelque chose avec des références à Future et à Young Thug, mais mélangé avec un feeling des Caraïbes.»

En duo avec le producteur et chanteur new-yorkais Govales, Action s’inspire des récentes tendances R&B, tout en conservant la touche pesante de Shash’U. «Cette chanson, je l’ai présentée à plein de gens, mais tout le monde la trouvait trop bad ass. Personne ne savait quoi faire avec! Quand j’ai rencontré Govales, je lui ai présenté, et tout de suite, il a compris. En cinq heures, la chanson était faite.»

Faisant partie intégrante de son œuvre, le breakbeat prend des proportions inattendues sur Revolucci, collaboration avec Georgia Sinclair inspirée du jersey club, genre musical aux basses lourdes et aux rythmes accélérés qui a pris racine dans les années 1990 au New Jersey.

Admirateur d’artistes clés de ce mouvement comme DJ Uniiqu3 et DJ Sliink, le Montréalais a ainsi voulu rendre hommage à cette scène musicale, intimement reliée au développement du style de danse voguing. «J’ai un background de danse de rue assez important. En grandissant, j’ai touché à plusieurs styles comme le locking et le popping, et j’ai eu l’opportunité de voir du voguing, un style très populaire dans la communauté gaie et lesbienne des États-Unis», explique-t-il, mentionnant au passage le documentaire américain Paris Is Burning qui mettait en lumière ce genre de danse en 1991.  «En creusant ce style, j’ai voulu parler de l’histoire de cette culture-là, de ces gens qui sont autour moi mais dont on n’entend pas parler.»

Bref, au-delà de ses nombreuses influences, Street X est un appel à la danse. Mélomane dès l’âge de trois ans, alors qu’il fouillait la collection de vinyles de son père, Shash’U a beaucoup appris en étant DJ pour des battles de danse au milieu des années 2000 avec ses premières tables tournantes «crappy». Cette expérience lui a d’ailleurs permis d’échafauder plus significativement sa signature power funk maintenant caractéristique. «C’est là que j’ai appris à faire la différence entre les sortes de funk. Au même moment, je faisais de plus en plus de beats, que je sortais sur Soundclick.»

Plus élaborés, son projet Goriladogz et sa série conceptuelle sur les saisons (en ligne sur sa page Bandcamp) lui ont amené un rayonnement considérable sur la scène des producteurs hip-hop montréalais en 2012 et 2013. Depuis, son alliance avec Fool’s Gold Records (qui s’est initiée grâce à sa relation amicale avec Pee Thug de Chromeo) lui a apporté une reconnaissance enviable ainsi qu’un rayonnement plus marqué à l’international, comme en témoignent ses spectacles en Europe, aux États-Unis et en Australie.

Polyvalent, le producteur est également en charge de la direction artistique de Joy Ride Records, étiquette montréalaise derrière les plus récents albums de Loud, David Lee et Rymz. 2017 aura d’ailleurs été marquée par le développement de ce label, auparavant connu sous le nom de Silence d’or.

S’il aime bien ce que lui apporte jusqu’à maintenant ce nouveau défi, il planchera activement au développement de sa propre carrière dans les prochains mois, en préparant un «live set» qu’il compte présenter en tournée dès l’an prochain.

Street X release party – Blizzarts (Montréal), 15 décembre (22h)

Nouveautés d’envergure //

J7 (du duo Gros Big) revient en solo avec un EP plus intime, où il aborde sans détour son rapport à l’ambition et à l’amour.

Encore peu connu sur la scène rap d’ici, Jimmie D poursuit son parcours avec son flow posé et ses textes francs. Encore une fois, son complice Nicholas Craven signe des beats rap soul et jazzy de bonne qualité.

Trois mois après sa beat tape The Pink World, le producteur jiai remet ça avec une suite de remix originaux et très bien arrangés de musiques tirées du jeu vidéo Animal Crossing.

Dans un style de hip-hop lo-fi déconstruit, le Montréalais Vienna s’illustre avec deux nouvelles séries de beats : Less Gears, More Beers et OneBeer.

Le prolifique et talentueux beatmaker Nur Konnect livre Everything Speaks, une beat tape bien ficelée aux horizons jazzy.

Vendou (de L’Amalgame) rapplique en solo avec Yah Lé.

Dans un style emo-rap qui rappelle celui de Lil Peep, le rappeur Lord Gasp livre un premier EP bien étoffé, qui comprend des productions signées par Outofmind et Bloom (de XXI).

Également affilié au collectif XXI, DEADWINTER se démarque avec Revocation, saisissante pièce emo-rap produite par Heartless.

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Encore trop sous-estimés, DeusGod et Pat Klurker sont en grande forme sur Klan Shit, énième extrait du EP Death Has A Sound produit par Austin J.

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Mario McFly évolue dans un style trap très lo-fi sur ridehome.

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Les Anticipateurs admettent qu’ils ont «toujours raison» sur Raisonnable, nouveau délire produit par Loud Lord.

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Le vilain Colo y va d’une nouvelle mixtape, Criminel de guerre, et d’un clip pour Je jugg.

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En prévision de son album Ange ou démon, Bullet Ghost s’allie avec Nordiqc et Le Chum pour Sans peur.

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Juicy (du duo R&B adhoc) se joint au rappeur et chanteur montréalais Rico Watts sur ce tout premier EP de Juicy Watts.

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Le rappeur et producteur Nicky Savage offre $quare One, premier album bilingue aux accents trap obscurs.

Gaza (du groupe 5sang14) envoie un freestyle de calibre en attendant la sortie de sa mixtape Plus que le son, prévue pour le 3 janvier prochain.

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JtReal a dépassé le cap des 15 000 vues en une semaine avec son clip J’roule dans la ville.

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Le Montréalais Trill Deus suit les tendances trap américaines sur ce nouvel extrait.

Le DJ Asma propose un quatrième volet de ses mix Multiply MTL. Quelques-unes des meilleures chansons des dernières semaines s’y retrouvent, notamment celles de Franky Fade, Joe Rocca, Izzy-S et Loud.

Le très prometteur Kevin Na$h fera paraître un nouveau projet la semaine prochaine. En attendant, Lost Control donne le ton avec son appareillage trap et sa mélodie organique.

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GrandBuda redouble d’intensité sur PAPI, nouveau clip en collaboration avec Rowz.

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Remarqué sur le dernier album de Lunice, le rappeur CJ Flemings y va de son flow mélodieux sur In My System.

Entre R&B et synthpop 80’s, le producteur et vocaliste Cannonhead présente un mélange intéressant sur Headlights.

Dernière recrue de 7ieme Ciel, Zach Zoya évolue dans un style pop rap R&B à la Drake sur Superficial.

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3 shows à voir //

DEAD OBIES Christmas Party

Trois mois après avoir rempli le M Telus, Dead Obies se paie un party du temps des fêtes au Centre Phi, là où son deuxième album Gesamtkunstwerk a été en partie enregistré. Joe Rocca profitera de l’occasion pour lancer son premier album solo French Kiss, paru le 1er décembre.

Centre Phi (Montréal), 14 décembre (22h)

Tomahawk TOUR à Rouyn-Noranda

Les deux compères Souldia et Manu Militari continuent leur tournée panquébécoise, cette fois en Abitibi-Témiscamingue.

Le Paramount (Rouyn-Noranda), 15 décembre (21h)

Izzy-S LIVE

Sur le point de faire paraître sa nouvelle mixtape, le rappeur montréalais Izzy-S va faire un tour dans la capitale pour un spectacle en compagnie de Steve Beezy.

Le Cercle (Québec), 15 décembre (23h59)

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