Rap local : Sarahmée, sans restriction
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Rap local : Sarahmée, sans restriction

Chaque semaine, cette chronique met en lumière l’oeuvre des rappeurs et des producteurs québécois les plus intéressants du moment. Au programme : entrevue, revue non-exhaustive des nouveautés de la semaine et aperçu des prochains spectacles à voir.

Entrevue //

Figure de proue de la scène rap féminine du Québec, Sarahmée partage son temps entre la scène et le studio ces jours-ci.

Ce samedi, elle sera la tête d’affiche d’un concert gratuit présenté dans la cadre de la Nuit blanche du festival Montréal en lumière. À ses côtés, les rappeuses Naya Ali, Marie-Gold et Tyleen seront de la partie. «On m’est arrivé avec cette idée en décembre dernier. L’idée, c’était que je sois la maitre de cérémonie d’une soirée et que j’invite d’autres filles avec moi. Fallait que ces filles-là aient du talent pour qu’on évite de se ramasser avec un line-up de filles juste pour avoir un line-up de filles… Ça va donner un bon dégradé de vibes, car on a toutes différents styles. Ça va être à la fois diversifié et pertinent.»

Depuis l’an dernier, la question de la sous-représentation des femmes dans le hip-hop québécoise fait couler de l’encre. On avait d’ailleurs publier un article sur le sujet en août dernier. Cela dit, 2018 pourrait être l’année du changement, car les rappeuses se serrent les coudes plus que jamais. Cette semaine, Sarahmée a d’ailleurs joint sa voix à celle de Marie-Gold (ex-membre de Bad Nylon) sur la chanson Jamais trop tard. «C’était important qu’on fasse ça. C’est bien beau parler des femmes dans les médias, mais si on se tient jamais debout ensemble, il ne se passera rien. Même chose pour les bookings! Il faut qu’on agisse, qu’on fasse des statements, qu’on apprenne à se connaître et qu’on se côtoie. En fin de compte, ce sont les actions qui parlent.»

Sur cette pièce, Sarahmée offre un flow plus aéré et relâché qu’à l’habitude. La chimie avec Marie-Gold y est manifeste. «On a beaucoup chillé, on faisait des vibes sur des beats. L’air du refrain nous est arrivé, et Marie avait déjà cette idée de parler des relations interpersonnelles. ‘’Il est jamais trop tard pour que tu m’appelles’’, c’est un peu ça l’idée de la chanson.»

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Cette chanson n’a que très peu de liens avec les pièces de Légitime, premier album solo de la Montréalaise qui contenait son lot de refrains fédérateurs. «À ce moment, j’étais sur un mood très français. Après tout, c’est l’école où j’ai grandi. Mais là, j’me suis recentrée sur moi-même et j’ai envie d’être plus personnelle dans mes textes. Au lieu de me mettre des restrictions dans mes thèmes, ce qui n’était pas bon pour la création, je me laisse aller, sans contraintes.»

Paru en 2015, le premier album de la rappeuse d’origine sénégalaise était davantage taillé pour le marché français. Heureuse de son parcours, Sarahmée veut éviter de se remettre une pression similaire pour la sortie d’un deuxième opus. «En France, j’ai eu un bon accueil. Entre 2014 et 2016, j’allais régulièrement à Paris pour faire de la promo et des shows. Ça a été une expérience très enrichissante, durant laquelle j’ai appris l’importance du détail et de l’image. Y’avait toutefois beaucoup de gestion à faire, des hauts standards à atteindre en France comme au Québec. J’avais des pourparlers avec des majors (…) mais je n’ai finalement pas choisi de m’installer là-bas. Maintenant, je veux me permettre plus de liberté, et juste release des choses que je feel, sans donner de date précise. Je veux que ce soit à la hauteur de mes exigences.»

Curieusement, l’attention médiatique que reçoit Sarahmée est beaucoup plus forte depuis l’an dernier, même si elle n’a fait paraitre qu’une seule autre chanson en un an (une version française d’I’m Better de Missy Elliot). «Pour vrai, depuis juin, ça n’arrête pas. Cet automne, j’avais même l’impression de rusher!» dit-elle, sans trop s’expliquer les raisons de cet intérêt grandissant. «Mon but prochainement, c’est de continuer à explorer, à faire des shows. Je sais que la chanson avec Marie-Gold va déclencher d’autres trucs. L’important, c’est que les choses continuent de se passer.»

Sarahmée à la Nuit blanche – L’Astral (Montréal), 3 mars (23h55)

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Nouveautés d’envergure //

Syme donne libre cours à sa folie artistique sur Grosse tête, premier album solo qui mélange trap et sonorités organiques.

Mike Shabb sort ses basses lourdes et sa voix grave sur Northwave, un premier album créé sans compromis.

Le Montréalais d’origine A-Trak se joint à Falcons, 24hrs et la coqueluche rap américaine Young Thug sur la fascinante Ride for Me, qui profite d’un clip à l’esthétique 90s tout aussi fascinant.

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La rappeuse Naya Ali se dévoile avec un flow de calibre sur Out the Dirt.

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Prolifique ces jours-ci, Brandon Doret montre ce qu’il a dans le ventre sur Gang.

Le tout nouveau collectif DelicatesSound se déploie à grande vitesse avec Virus, pièce très prometteuse mettant en vedette Wht Rice, John Truth, Tony Hella, Nicky Savage et Jay Sea.

Le rappeur vilain Colo collabore avec le producteur Le Chum sur Bitch Please, un extrait du projet collaboratif à venir Fresh pour la vie.

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Irrévérencieux comme jamais , Les Anticipateurs livrent une salve hilarante contre Justin Trudeau.

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Le rappeur lavallois Terry in the Telly suit la vague trap actuelle avec adresse.

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Le trio de Québec Maestronautes offre un deuxième extrait de son EP Mode Avion prévu pour le 15 mars.

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Membre du collectif multidisciplinaire Vilains bonshommes, le rappeur Nomad propose un trap acoustique sincère sur Djolex.

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Moitié du duo ST X LIAM, membre des Drogues fortes et DJ du duo Jay Scott & Smitty Bacalley, le producteur LiamLiamLiam y va d’une quatrième beat tape, Countless Moons, qui s’avère plus vigoureuse et funky que le reste de son répertoire.

Le youtubeur et rappeur Mahdi Ba frappe fort avec Nostalgique, chanson à l’ambiance feutrée en duo avec le consistant et très talentueux Kevin Na$h.

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Le Montréalais Nicholas Craven signe une composition soul hip-hop pour le rappeur buffalonien Conway et la légende Raekwon.

J7 du duo Gros Big propose un clip pour C’est pas un hit, chanson d’ouverture de son EP solo Deuxième souffle.

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Dostie présente le quatrième volume de De gauche à droite, série de projets entamée au tournant de la décennie actuelle.

Le duo de producteurs bordelais Smokey Joe & The Kid s’allie avec le rappeur montréalais Waahli (de Nomadic Massive).

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Le rappeur Beeyoudee se joint au producteur Manspino (ex-membre de Sans Pression) pour l’album Rétroviseur, qui contiendra l’extrait Glacial.

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3 shows à voir //

Nuits polaires

Le festival trifluvien Nuits polaires propose une soirée hip-hop à ne pas manquer ce samedi avec Alaclair Ensemble, Zach Zoya et Lary Kidd.

Rue des Forges (Trois-Rivières), 3 mars (19h15)

Team XXI

Le collectif Team XXI sera accompagné sur scène de Dopamine, Lodgicko, Wizza et yung blade mercredi prochain.

Théâtre Sainte-Catherine (Montréal), 7 mars (21h)

Hiver exotique québécois

L’Amalgame sera de la partie durant la Nuit blanche pour un spectacle dans le quartier Hochelaga.

Salon de quilles Darling (Montréal), 3 mars (22h)

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