Rap local : Monk.E, l'introspection paradoxale
Musique

Rap local : Monk.E, l’introspection paradoxale

Chaque semaine, cette chronique met en lumière l’oeuvre des rappeurs et des producteurs québécois les plus intéressants du moment. Au programme : entrevue, revue non-exhaustive des nouveautés de la semaine et aperçu des prochains spectacles à voir.

Entrevue //

Sur son septième album Couronne à double tranchant, Monk.E explore les paradoxes qui l’habitent.

Et cette fois, le rappeur et peintre montréalais fait les choses en grand. Au lieu de simplement mettre son album en ligne dans le macrocosme virtuel, comme trop de ses compères se contentent de faire, il propose un triple lancement : celui de Couronne à double tranchant, mais également ceux d’une collection de toiles et d’un livre en lien avec le concept de ce nouvel album solo.

C’est donc une soirée de grande envergure qui attend les spectateurs de la Sala Rossa. «Mon but, c’est vraiment de créer une expérience, de chercher à me différencier», explique le membre du collectif K6A, avant d’y aller d’une description de la soirée. «De 20h à 22h, on commence avec le vernissage des toiles, sur lesquelles je ferai de la peinture en direct. En même temps, il y aura une dégustation du chef Carlos Tringali, qui a créé trois œuvres culinaires inspirées de mes 12 toiles avec les mêmes color schemes et les mêmes contrastes – salé-sucré, chaud-froid… À 22h, il y aura une démonstration d’End of the Weak (ligue d’improvisation hip-hop) avec Scynikal, Basics et Osti One, ainsi qu’une performance de live painting des membres du K6A. Vers 23h, je vais faire les chansons de l’album accompagné de PSTV, qui va ensuite se charger de terminer le party.»

DJ et producteur montréalais, ce dernier a joué un rôle de premier plan dans la création de Couronne à double tranchant, en composant plus de la moitié des chansons et en mettant la main à la post-production, la réalisation et les arrangements. Les Parisiens Tayreeb et Monk ainsi que les talentueux maîtres locaux VNCE Carter et Kaytranada signent également des productions sur cet album à la facture trap assumée, résolument plus moderne que la majorité du répertoire du rappeur.  «Autant en peinture qu’en musique, j’aime pas être figé et statique. Le trap et ses nouveaux tempos m’ont permis une nouvelle encyclopédie du rythme. Je crois que c’est l’exploration la plus harmonisée à l’époque que j’ai faite. Avant ça, j’expérimentais comme je voulais, sans nécessairement penser à l’ère du moment.»

Cette direction musicale renouvelée est en phase avec le message du rappeur, lui aussi réactualisé. Dans ses textes, Monk.E se fait plus sincère et honnête que jamais. «Pendant plusieurs années, j’ai cherché à canaliser mon positivisme, à donner le meilleur de moi-même. Là, j’me suis permis d’être plus ouvert et transparent face aux démons qui m’habitent, d’être plus violent et direct par rapport à l’égocentrisme et la jalousie. En quelque sorte, je voulais enlever le côté hypocrite et condescendant qu’il peut y avoir dans la promotion constante du bien, du bon et des bonnes vertus. En étant ouvert sur les combats qui m’habitent, ça me permet d’éviter certains jugements.»

Pour en arriver à ces pertinentes réflexions, le rappeur a analysé l’image qu’il véhiculait, notamment à travers les WordUP! Battles, compétition de battle rap à laquelle il a amplement participé dans les dernières années. «C’est probablement (les WordUP!) qui ont motivé mon besoin de livrer une meilleure représentation de qui je suis. Je me suis tellement fait critiquer de manière répétitive et lourde que ça m’a permis de voir quel stéréotype récurrent revenait à mon sujet. Ça m’a permis d’analyser où sont mes maillons faibles.»

Le résultat de cette introspection s’avère à la fois positif et sombre. Si Liens infirmes démontre les frustrations et les insécurités d’un rappeur en constant désir d’approbation, Growing propose un bilan de la vie d’un artiste et de sa volonté de «devenir un homme meilleur».

Mis en mots avec finesse, ces contrastes prennent également leur impulsion par l’entremise du pinceau de l’artiste. La pochette de l’album donne une idée fidèle de l’esthétique sobre des autres toiles de la collection. «J’ai utilisé le blanc et le noir comme un statement idéologique, car ces couleurs n’existent pas dans leur pureté au sein de la nature. Ainsi, le fait qu’on s’appelle ‘’blanc’’ et ‘’noir’’ plutôt que ‘’beige’’ ou ‘’marron foncé’’, ça devient très néfaste pour la condition humaine. J’ai voulu mettre ces couleurs en contraste pour ensuite les unifier par le rouge, qui représente le sang humain. J’ai ensuite ajouté un peu d’or, couleur de la couronne qui représente la gloire, mais aussi les devoirs de l’être humain.»

Triple lancement – Sala Rossa (Montréal), 16 mars (20h)

Nouveautés d’envergure //

Le producteur montréalais Yerly livre l’un des projets hip-hop instrumentaux les plus intéressants de l’année jusqu’à maintenant. Almost Here and There a de l’audace à revendre.

Issu du trio Save Yours, désormais séparé, le producteur, arrangeur et vocaliste Roberto Viglione offre le brillant insomnia speaks, EP à l’esthétique avant-gardiste mélangeant hip-hop expérimental et PBR&B.

Membre de Team XXI, deadwinter poursuit avec brio ses explorations trap saturées.

Duo de notre collaborateur Antoine Bordeleau avec son complice Thomas B. Martin, Boskorgï dévoile l’enveloppante Convalescence, premier single d’un album à venir cet automne.

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L’excellent Kevin Na$h propose un clip pour Still Lost, l’une des chansons les plus abouties de son EP Pure Fiction lancé fin 2017.

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Le Terrebonnien Jay Scøtt y va d’un clip pour Day’night, chanson de haut calibre tirée de son EP god.

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Avec le deuxième extrait FAKE happiness, Lil Deezy prépare la sortie de son projet au titre évocateur I WILL NEVER BLOW UP, prévu pour le 30 mars prochain.

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Vieux chums de brosse, duo de Québec, annonce la parution du mini-album OUÉMAI avec l’extrait Mêlé.

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GrandBuda continue d’explorer différents pans de sa proposition artistique avec des singles de calibre. Cette fois, il flirte avec le blues sur What If, une production signée bbno$.

Sur une belle lancée prolifique depuis le début de l’année, le rappeur montréalais Dunnï présente un clip pour Russian Roulette.

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L’ingénieux et polyvalent JT Soul y va d’un freestyle produit par son complice Key Watch.

Rappeur de Québec, Vndy Dvvi$ a un penchant prononcé pour l’Auto-Tune sur la mystérieuse sheriff.

A1Gramz se démarque avec un flow nonchalant, quasiment hypnotique, sur Still Servin’.

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Après avoir livré un étonnant remix de Tassez-vous de d’là la semaine dernière, Jean-Denim de l’énigmatique regroupement Les Cascadeurs s’attaque à un autre hit incontesté de notre terroir québécois.

Le rappeur montréalo-haïtien Pakouri est au sommet de sa forme ces temps-ci, et il le prouve encore une fois avec une pièce trap rude à souhait.

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Enima se fait mélodieux et presque sympathique dans ce nouveau clip, qui donne le ton à l’album très attendu OPN.

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Formé il y a quelques mois à peine, le groupe montréalais sol.Evol fait état d’une belle évolution avec Roses, en collaboration avec adhoc et Nectar.

Armée de paroles «très référentielles, touchant autant l’histoire de la philosophie que l’histoire du rap», La brigade des mœurs dévoile le résultat de ses Samedis créatifs, périodes d’écriture et d’enregistrement hebdomadaires qui ont donné lieu à une dizaine de nouvelles chansons aux influences punk et hip-hop old school.

Gagnant du Festival international de la chanson de Granby en 2012, Rod le Stod revient avec un deuxième album, un premier extrait aux influences trap et, surtout, un clip mettant en vedette Guy Jodoin.

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3 shows à voir //

FOUKI à Jonquière

FouKi, la révélation du «Plato Hess», s’amène à Jonquière pour présenter les pièces de son premier album solo Zay, dont la sortie est prévue le mois prochain sous 7ieme Ciel.

Côté-Cour (Saguenay), 16 mars (21h)

WordUP! X – Saison 1 Épisode 1

Le nouvel évènement des WordUP! Battles présentera cinq battles (notamment le combat principal mettant en vedette Woodman et Reptile Rampant). DJ White Socks sera sur place, ainsi que Freddy Gruesum, qui profitera de l’évènement pour lancer son EP I Dunno What I’m Doin’.

Maison2109 (Montréal), 17 mars (20h)

Rowjay – Hors Catégorie Live

Bénéficiant d’un engouement palpable depuis la sortie de son EP Hors catégorie en janvier, Rowjay sera entouré de High Klassified, Larue, JT Soul et Paris Louis pour son premier spectacle officiel de l’année à Montréal.

Newspeak (Montréal), 16 mars (22h)