Rap local : Farfadet, revenir aux sources
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Rap local : Farfadet, revenir aux sources

Chaque semaine, cette chronique met en lumière l’oeuvre des rappeurs et des producteurs québécois les plus intéressants du moment. Au programme : entrevue, revue non-exhaustive des nouveautés de la semaine et aperçu des prochains spectacles à voir.

Entrevue //

Après avoir exploré divers horizons sur son album précédent, Farfadet effectue un retour aux sources avec Des fusils et des roses, un quatrième album solo à paraître ce vendredi sous sa propre étiquette Deux Monts.

D’abord, c’est un titre qui a donné l’impulsion à ce nouvel opus, un premier en trois ans pour le rappeur et producteur originaire de Saint-Hyacinthe. «Il y a des chansons plus intenses là-dessus, plus ‘’fusils’’, mais aussi d’autres plus légères, qui amènent le côté ‘’roses’’. Mais même là, les roses ont des épines, donc il faut pas s’attendre à des chansons trop sweet», explique l’artiste, qui affirme n’avoir eu aucunement l’intention de rendre hommage à la formation d’Axl Rose avec ce titre.

Chose certaine, il y a beaucoup d’optimisme dans les textes de Des fusils et des roses. Loin de verser dans les récits ternes et souvent amers de Jungle Music, projet qu’il a fait paraître avec son fidèle camarade Rymz en 2011, Farfadet témoigne ici d’une ambition implacable et, par conséquent, d’une forte croyance en l’avenir. «Il s’est passé plein de trucs dans les dernières années : la séparation avec mon ancien label (Silence d’or), quelques deuils assez intenses dont celui de ma meilleure amie… Malgré tout ça, j’ai essayé d’être plus positif dans mes chansons, car ma vie est plus rangée et stabilisée qu’avant. La business va mieux et, somme toute, j’ai développé des meilleures habitudes de vie. Je suis pas mal moins dans la chasse aux problèmes.»

Dès le départ, cette confiance en soi pratiquement inébranlable est à l’honneur. «J’me rappelle quand j’tais petit, tout c’que j’voulais, c’est être grand / Donc aujourd’hui, c’est le plus beau jour de ma vie», rappe le Maskoutain sur Le plus beau jour de ma vie, juste après nous avoir confié en introduction dit qu’il avait visualisé «ce moment-là» toute sa vie. «J’ai l’impression que je suis à mon summum actuellement», répond-il, quand on lui demande en quoi consiste cedit moment. «Sans prétention, je continue à m’améliorer, notamment au niveau technique. J’écoute beaucoup de musique et, donc, ça m’amène aussi à développer des nouveaux flows.»

Thématique centrale de la plupart des chansons, l’argent est ici présenté comme le principal vecteur de motivation du rappeur. «Faut prendre les grands moyens pour sortir de la classe moyenne / J’tais pas un premier de classe, mais maintenant, j’veux ma Porsche Cayenne», rappe-t-il sur RIP. «J’suis pas quelqu’un qui est à l’argent tant que ça, nuance-t-il, mais c’est sûr que, si tu m’offres d’en faire plein, je vais en profiter pour me gâter et gâter le monde autour de moi. Au-delà de ça, je cherche pas à être riche à tout prix. Si c’était vraiment l’argent qui m’animait, je serais pas en train de faire du rap québ.»

Autre thème qui revient fréquemment au courant des 17 nouvelles chansons du Maskoutain : l’hypocrisie, celle qui découle des «fausses promesses» faites par des amis sans scrupules.  «Avec les années, j’ai appris de certaines expériences. Au lieu de faire confiance à des gens, j’ai réalisé que j’aurais dû foncer moi-même.»

Et c’est exactement ce qu’il a fait il y a quelques mois en fondant sa propre étiquette, Deux Monts, en compagnie du Montréalais d’adoption Dony-S, rappeur français et instigateur de la très populaire ligue de battle Rap Contenders. Juste avant, son contrat avec Silence d’or (devenu Joy Ride Records depuis) était arrivé à échéance. «Il y a certains trucs sur lesquels on n’avait pas la même vision. Fallait passer à une autre étape», dit le rappeur à propos de sa relation avec l’équipe de son ancienne étiquette. «En ce moment, on a encore des bons contacts, mais c’est sûr que [juste après la rupture], j’ai vécu un moment d’adaptation. J’ai dû me retourner de bord assez vite, et finalement, ça a été un mal pour un bien, car il y a beaucoup d’autres portes qui se sont ouvertes pour moi, notamment Souldia qui m’a demandé d’être son DJ durant sa tournée. De fil en aiguille, je suis devenu l’un de ses principaux producteurs, et ça m’a vraiment motivé.»

C’est également durant cette période de transition que le rappeur a voyagé en Haïti, pays d’origine de son père Ralph O. Gabriel, qui collabore d’ailleurs à l’album à titre de guitariste. «Ce voyage-là m’a vraiment inspiré pendant le processus de création de mon album. J’avais amené mon laptop et mon keyboard, et j’ai composé des refrains. C’est con, mais il y a des chansons comme Voyager et Bonhomme allumette que j’ai enregistrées avant même que ce soit trendy au Québec», dit-il, en parlant de ces deux pièces aux teintes dancehall ensoleillées.

Au-delà de ces souvenirs de voyage, Des fusils et des roses reste un album relativement concis dans ses structures et homogène dans ses ambiances, majoritairement créées à partir de mélodies de piano simples et de rythmes trap typiques. Bref, les expérimentations poussées, parfois même tourbillonnantes, de son album homonyme de 2015 semblent bien loin derrière. «Je me suis moins cassé la tête, c’est sûr. On dirait qu’avant, je cherchais avant tout à être reconnu comme un producer en faisant des trucs un peu fous à la Kanye. Là, j’ai juste voulu retourner aux sources, c’est-à-dire produire de la bonne musique. Oui, c’est important de faire de la musique pour soi, mais c’est aussi important d’en faire pour ceux qui l’écoutent. »

De là l’idée de revenir à son nom d’artiste originel plutôt que d’assumer sa vraie identité (Maxime Gabriel) comme il l’avait fait sur son album précédent. «Je sentais que les gens s’identifiaient plus à Farfadet, un brand sur lequel je travaille depuis 15 ans, qu’à Maxime Gabriel. Dans la vie, il y a deux choses qui se changent pas : un numéro d’assurance sociale et un nom de rappeur.»

Des fusils et des roses – en vente le 14 septembre

Nouveautés d’envergure //

Rencontre au sommet entre les pionniers du néo-rap québécois actuel Alaclair Ensemble et le maître du rap limoulois Souldia.

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Lary Kidd offre un clip intimiste pour l’une de ses plus profondes chansons en carrière, Ce monde là [sic].

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Le duo ST x LIAM et le rappeur Mori$$ Regal se joignent à plusieurs rappeurs de premier plan de la scène rap actuelle, notamment FouKi, KNLO, Rowjay et Kevin Na$h, pour un remix de qualité suprême de la missive franglaise Bonjour, Hi.

Le collectif La Fourmilière (qui inclut notamment FouKi, Kirouac, LaF et L’amalgame) prépare la sortie de son premier projet officiel et en livre un deuxième extrait convaincant.

Catboot dévoile un clip pour l’une des chansons les plus mémorable de son EP Le roi Catherine : le brûlot psych rap Burlés, en collaboration avec FouKi.

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TRÈS grosse semaine pour FouKi, qui se joint aussi à Alex Nevsky et Cherry Lena pour la chanson thème plutôt kitsch de la série jeunesse L’Académie.

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Grâce à cette relecture d’une chanson d’A$AP Rocky, Naya Ali s’impose comme l’une des rappeuses à surveiller sur la scène montréalaise.

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Rymz étire la saison chaude en compagnie de Samito sur cette pièce enregistrée lors du dernier camp de création Kenekt de la SOCAN.

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Le rappeur fugitif Flawless Gretzky montre sa facette plus pop et sa facette plus brute sur ses deux nouvelles chansons.

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Six mois après son EP No Caption, KGoon continue de faire des vagues.

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Izzy-S annonce la sortie de sa mixtape Empire avec un freestyle de haut calibre.

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Révélé à plusieurs grâce à sa participation à l’édition québécoise de Rentre dans le cercle, tournée la fin de semaine dernière à Québec, Loussa montre de quel bois il se chauffe avec Fais tes bahay, extrait du projet solo Babylone à paraître prochainement.

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Doni Na Ma y va d’un clip sans grande originalité pour l’étonnante Backwood.

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Encore méconnu, Gotti Banxx cumule pourtant plus de 50 000 vues sur le clip de Famous.

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En constante ascension, le talentueux Kay Bandz livre Givenchy.

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La rappeur et producteur GrandBuda joint ses efforts à ceux de Maky Lavender sur la divertissante Brand New.

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Le producteur Raphael Di Raddo s’unit à Lougy Badness.

Plus incisif que jamais, Nate Husser prouve encore une fois qu’il est au-dessus de la plupart de ses confrères de la scène rap locale.

L’audacieux producteur, réalisateur et ingénieur de son Roberto Viglione se fait plaisir avec deux nouvelles compositions.

Membre de La Collection et XXI, le rappeur Plante Carnivore revient d’une pause de quelques mois avec une nouvelle chanson trap introspective.

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Après avoir frappé fort sur la toile avec une collaboration très populaire aux côtés de Souldia et Enima, le rappeur Fou Furieux se dévoile avec l’album Le règlement.

Beeyoudee et Manspino reprennent le chemin du rap old school avec savoir-faire sur Le train, clip d’une chanson tirée de l’album collaboratif Rétroviseur.

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3 shows à voir //

Koriass

Deux ans et demi après Love Suprême, Koriass repart en tournée partout au Québec avec un nouvel sous la main, La nuit des longs couteaux. Dans le cadre du festival St-Roch XP, il viendra présenter son nouveau matériel dans sa ville d’adoption avec FouKi et Zach Zoya en première partie.

Impérial Bell (Québec), 14 septembre (21h30)

P’tit fest du nord 2018

La deuxième édition du P’tit fest du nord pourra compter sur une programmation hip-hop de taille pour son premier soir de festivités. Rymz, Joe Rocca, Lary Kidd, Shash’U, Maky Lavender, GrandBuda, David Lee et la légende brooklynoise Talib Kweli seront notamment de la partie.

Place des Festivités (Saint-Jérôme), 14 septembre (dès 16h30)

La Grosse Semaine

Pour sa troisième édition en autant d’années, La Grosse Semaine mise sur plusieurs ateliers pertinents et événements prometteurs, notamment la La relève se lève qui regroupera à la Maison2109 plusieurs rappeurs de la relève tels que Franky Fade, Kirouac & Kodakludo, Mitch Donovan et Nimbus2k. Le festival organisé par FiligraNn présente aussi un troisième épisode de WordUP! X ainsi que la finale nationale du concours End of the Weak opposant D-Track, Osti One, Shem G, Suspek-T et Scynikal.

Plusieurs endroits à Montréal, du 11 au 16 septembre

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