FrancoFaune : Bruxelles de toutes les musiques
FrancoFaune, c’est un festival musical qui fait vibrer Bruxelles depuis cinq ans et c’est l’enfant de la feue Biennale de la chanson française. J’ai participé à l’édition qui vient tout juste de se terminer où j’y ai vu les Québécois Alaclair Ensemble, Fanny Bloom, et les Belges Le 77, Sacha Toorop, Mathias Bressan, Samir Barris. Je reviendrai plus en détail sur l’événement cette semaine, mais pour le moment, voici mon entretien à chaud, alors que prenait fin la 5e édition, avec le directeur du festival Florent Le Duc.
«Je me sens heureux et fier, dit-il, après un marathon d’une dizaine de jours. Et c’est un sentiment partagé avec toute l’équipe. On a l’impression qu’il s’est passé quelque chose de beau et c’est ce qu’on voulait. C’est un festival de belles rencontres.»
Rencontres avec une équipe dévouée jusqu’au bout, avec des artistes généreux. Rencontres avec des publics enthousiasmes, avec toutes les possibilités qu’offre cette ville.
«FrancoFaune, c’est 20 lieux. C’est une façon de rencontrer une ville, ses habitants, sa langue, ses odeurs, ses bruits, ses sons. C’est chouette Bruxelles, pour ça. Le festival est très axé chanson et pour nous, la chanson, c’est bien des choses. C’est la façon dont on met une langue en musique. Et y’a autant de façon qu’il y a de gens qui la parlent.»
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Francophonies
Si l’un de ses slogans est «Sexe, drogue et chanson française», FrancoFaune prône en effet la «biodiversité musicale» en programmant des artistes issus de tous les genres musicaux et de toutes les francophonies, dont la nôtre. «À l’époque de la Biennale de la chanson française, on avait déjà des liens avec le Canada, la Suisse, la France. Demain, on essaie de travailler sur l’Afrique. On a envie d’une rencontre avec cette francophonie qui est démographiquement la plus importante au monde et qui n’est pas assez représentée dans nos plateaux en ce moment.»
Un jeune festival doit faire ses preuves, se définir, mais déjà, on sent qu’un engouement certain a gagné FrancoFaune par la diversité de sa proposition. Cette année, outre les artistes de la relève et ceux plus établis, une légende: Brigitte Fontaine. Est-ce que la programmation est pensée en sorte de balancier, c’est-à-dire que des concerts-événements d’artistes connus à guichets fermés permettent la tenue de concerts de propositions plus émergentes ou expérimentales?
«Si on regarde la fréquentation par les chiffres et le budget, oui c’est des endroits importants pour la durabilité et la santé du festival, mais c’est la conséquence, ça. Le point de départ, c’est d’avoir envie de proposer à des gens avec une grande notoriété de venir mais à la sauce FrancoFaune autant que possible, en leur proposant des cartes blanches, de sortir de leur zone de confort, de les inviter à des «Secret Sessions» (un projet de création de deux heures avec des gens qui ne se connaissent pas du tout). Pour Brigitte Fontaine, c’était sa première nouvelle date à Bruxelles et elle remonte sur scène après une période difficile dans sa vie. C’est un moment important.»
Le Canada francophone à Bruxelles
Nous étions une belle délégation canadienne à FrancoFaune cette année: gérants, diffuseurs, programmateurs, journalistes, etc. Et le festival fait la part belle à nos artistes alors que Louis-Philippe Gingras et Jacobus étaient aussi du lot d’invités. Mais il ne s’agit pas là d’ententes de partenariats, précise le directeur. «Y’a des complicités, mais y’a pas trop de cadres et on ne s’impose rien. C’est pas un dispositif d’échange de programmateurs, de visites professionnelles qui imposent des partenariats. C’est pas notre façon de voir les choses. C’est des voyages, des oreilles, des yeux, des rencontres. Je connais une infime partie du Canada francophone et les points de brillance que je vois, au-delà des parties que je connais, m’attirent vraiment fort. Vous êtes dans une logique de minorité et vous vous tenez droit. Vous êtes un bel exemple parce que vous n’avez pas peur du mot valeur, de la tradition, de votre histoire. On s’intéresse à votre culture et vos artistes sont assez révélateurs de cette culture-là. Chez nous aussi.»
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