Rap local : Koriass, se débarrasser des étiquettes
Chaque semaine, cette chronique met en lumière l’oeuvre des rappeurs et des producteurs québécois les plus intéressants du moment. Au programme : entrevue, bons coups de la semaine et aperçu des prochains spectacles à voir.
Entrevue //
Quatre mois après avoir livré un album profondément morose, Koriass s’apprête à reconnecter avec son public montréalais ce samedi.
VOIR : Tu fouleras les planches du MTelus à nouveau, quelques mois après y avoir présenté un spectacle de lancement à guichets fermés. Qu’est-ce que cette salle représente pour toi?
Koriass : C’est un step important dans une carrière, car c’est une salle vraiment mythique. J’y ai mis les pieds pour la première à 18 ans pour un show de Blur et, jamais, je me serais imaginé être sur cette scène-là un jour. Au début, j’étais vraiment sceptique à l’idée de faire une supplémentaire. Est-ce que je vise trop haut? Finalement, c’est Steve Jolin (directeur des Disques 7ieme Ciel) qui m’a convaincu d’aller de l’avant avec ça. Et tant mieux, car je vais arriver beaucoup moins stressé que la première fois.
La nuit des longs couteaux est un album personnel et sombre, assez lourd par moments. Comment transposes-tu cette ambiance sur scène?
Je m’assure que le show soit dynamique et pas seulement dark. J’ai plusieurs albums en poche, donc ça me permet de faire un show complet qui va dans plusieurs directions. J’ai quand même tenté de transposer des éléments de l’album sur scène, notamment dans les éclairages de Mathieu Roy, qui sont à la fois éclatés et très sobres. Pour ajouter un peu d’intensité à l’ensemble, je serai aussi accompagné d’un quatuor à cordes.
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Considères-tu ton dernier opus comme l’antithèse de Love Suprême? Si oui qu’est-ce que cet exercice de création t’a apporté?
Je pense que «antithèse», c’est une bonne façon de le qualifier. Dans Love Suprême, j’étais super cocky, je parlais sans cesse de mes envies d’accéder à la gloire, tandis que là, je suis davantage dans le self loathing et je joue pas du tout un personnage. Mais bon, sincèrement, je commence un peu à être tanné de faire ça… Je me dis aussi que les gens doivent être tannés de m’entendre chialer sur mes propres malheurs. En ce moment, je travaille sur un nouvel album et, déjà, je vois que c’est plus positif et universel, un peu comme sur Petites victoires. Même si c’est pas mon album le mieux produit en carrière, je crois que c’est probablement le plus concis et cohésif sur le plan des thèmes. Je cherche à faire un album aussi bien balancé.
En terminant, on t’a à peine vu et entendu dans les médias dans les derniers mois. Qu’est-ce qui explique ce silence?
Je veux pas trop rentrer dans les détails, mais j’ai dû arrêter de faire des entrevues cet automne, car j’ai eu un problème personnel super important. Et bon, l’avantage de ça, c’est que ma musique a vraiment pris le dessus sur tout le reste. Pour être franc, j’étais un peu turned off qu’on me donne des étiquettes, qu’on parle de moi comme d’un modèle ou d’un «rappeur féministe». En fin de compte, je réalise que tout ça était un peu de ma faute et, pour vrai, ça devenait vraiment lourd à porter.
Koriass à Montréal | Supplémentaire – MTelus (Montréal), 26 janvier (21h)
La nouvelle de la semaine //
Après avoir galvanisé la Place des festivals avec un spectacle soulignant les 20 ans de L’école du micro d’argent lors des FrancoFolies 2017, IAM poursuit les célébrations de son album culte avec un événement bien spécial. Présenté dans le cadre de la série OSM POP les 7 et 8 avril 2020, ce concert sera présenté sous la direction de Dina Gilbert et réunira les cinq membres actuels de la formation marseillaise.
Le projet de la semaine //
Première beat tape du rappeur et producteur RamehS.eS, pseudonyme du musicien montréalais Shemar Gordon, Oolong, Steeped est un éminent bijou de hip-hop lo-fi aux racines jazz, entièrement créé à partir d’échantillons de l’album live Oolong du groupe montréalais Lady J & The Jazz Cigarettes. Ses mélodies sourdes et ses rythmes frappants créent une dichotomie singulière.
La chanson de la semaine //
Toujours aussi inventif, le trio Planet Giza livre une composition soul placide sur Brk Frm Nrml, collaboration fortifiante sublimée par la présence du rappeur américain Mick Jenkins.
[youtube]BE84PmSphfg[/youtube]
L’instru de la semaine //
Les jours de Nicholas Craven à Montréal sont comptés. Avec une esthétique toute désignée pour plaire à des rappeurs clés des scènes de Buffalo et de New York, qu’on pense à Conway ou Roc Marci, le beatmaker défriche les vinyles soul et jazz les plus obscurs. Cette semaine, il nous propose notamment Curtain Call, beat qui incarne une fois de plus la force du minimalisme.
Le clip de la semaine //
Nate Husser est l’un des artistes les plus intéressants de notre scène locale. En plus de toujours se renouveler avec un son avant-gardiste et un flow aventureux, le Montréalais s’entoure à merveille. Sur Duck Hunt, il collabore avec l’ingénieux producteur Max G (alias Prince Club, fondateur de Ghost Club Records) et le réalisateur Jonathan m Frydman, qui signe un clip totalement déjanté.
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Les spectacles à voir //
LOUD / Impérial Bell – 24&25&26 janv / Par District 7 & 3E
Loud poursuit sa tournée panquébécoise avec trois arrêts dans la capitale, dont deux (25 et 26 janvier) présentés à guichets fermés.
Impérial Bell (Québec), 24, 25 et 26 janvier (19h30)
Journée Off-Igloo 2019 : Événement gratuit
Les DJs/producteurs montréalais Dr. MaD et Walla P (Voyage funktastique), Charles Cozy et Nana Zen assurent l’ambiance musicale de la journée familiale et gratuite d’Igloofest.
Quai Jacques-Cartier (Montréal), 26 janvier (14h)
Un peu plus d’un an après la parution de son honorable Mille soleils, Rymz se rend à Jonquière.
Côté-Cour (Saguenay), 25 janvier (20h30)
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