Rap local : Jay Scøtt, sortir de la boîte
Chaque semaine, cette chronique met en lumière l’oeuvre des rappeurs et des producteurs québécois les plus intéressants du moment. Au programme : entrevue, bons coups de la semaine et aperçu des prochains spectacles à voir.
Olivier Boisvert-Magnen
Photo : Jay Scøtt (Crédit : Alexandre Authier)
Entrevue //
Le rappeur et producteur moulinois Jay Scøtt prendra part au Taverne Tour ce samedi.
VOIR : À quoi peut-on s’attendre pour ce programme triple mystérieusement nommé Dans les brumes du quai?
Jay Scøtt : Dans les brumes du quai?? Je savais même pas que c’était ça le nom de la soirée! Pour vrai, ça va être incroyable, même si je suis pas trop au courant de ce qui se passe. Ce que je trouve cool par contre, c’est que le Taverne Tour nous a réunis pour un show strictement hip-hop, au lieu de nous mélanger avec des groupes métal ou folk, comme j’ai déjà vécu lors d’une soirée aux Francouvertes. Je sais pas trop ce que les autres préparent, mais moi, je vais faire mon stock solo avec un micro directement connecté dans mon ordi avec un effet d’Auto-Tune. Ça va être une formule cabaret.
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Ton plus récent EP, EM0G0D, était assez différent de tes projets précédents. On est dans un registre beaucoup plus intimiste, vraiment moins humoristique ou absurde que ce que tu faisais avec Smitty Bacalley par exemple. Qu’est-ce qui t’a poussé à faire ça?
Je fonctionne vraiment par passes de création. Ce qui est particulier avec EM0G0D, c’est que j’étais pas particulièrement déprimé. En fait, tout allait bien dans ma vie, mais j’ai ressorti mes cassettes et mes disques de My Chemical Romance et Underoath, que j’ai écoutés à répétition dans mon char. Ça a donné une vibe moins présente dans le rap québ. Au lieu de dire que je fais de l’argent pis que ma vie est nice comme tous les autres rappeurs, je dis que je fais des shows à trois piasses pis ça coûte cher de gaz en tabarnak. Mon style a toujours tangué vers ça, mais là, c’est juste moins humoristique. J’aime pas du tout me mettre dans une boîte. J’aime être là où on m’attendait pas, un peu comme Andre 3000. Quand The Love Below est sorti, ça m’a complètement tué de voir ce dude-là qui sortait carrément de la boîte rap pour aller vers le jazz ou le pop.
Et là, tu travailles sur quoi? Est-ce que tu poursuis en solo ou tu remets ça avec Smitty ou Les Drogues Fortes?
Les Drogues Fortes, je te dirais que c’est pas mal sur la glace. On est tellement de monde dans le collectif, c’est presque impossible de coordonner une pratique. Malgré tout, on aime laisser planer le mystère que ça va se passer bientôt. Avec Smitty, c’est aussi sur la glace pour le moment, mais c’est fort possible qu’on refasse des trucs éventuellement. De mon bord, je vais m’enfermer un bon moment chez moi pour enregistrer des trucs. À date, ça s’enligne pour être plus mellow qu’emo.
L’Amalgame – Jay Scott – Maestronautes ⌲ Dans les Brumes du Quai – Quai des brumes (Montréal), 2 février (21h)
La nouvelle de la semaine //
Loud n’en finit plus de terminer son «année record». Après des victoires à l’ADISQ et une certification platine de sa chanson Toutes les femmes savent danser (annoncée lors de l’un de ses spectacles à l’Impérial Bell la semaine dernière), le rappeur montréalais suit les traces de d’autres rappeurs d’ici comme Koriass et Lou Phelps en se frayant un chemin jusqu’aux Junos, gala qui récompense annuellement la musique canadienne. Il est en nomination pour l’album francophone de l’année, au même titre que Hubert Lenoir, Coeur de pirate, Tire le coyote et Philippe Brach.
Le projet de la semaine //
Avec 23+, Nate Husser conclut admirablement sa trilogie d’EPs entamée l’été dernier. Celui qui nous a habitués à des flows incisifs avec sa formation The Posterz se fait maintenant plus polyvalent que jamais. Fougueux sur Godspeed et How You Feel, il calme ses ardeurs sur Tunnel Vision, l’un de ses plus belles chansons en carrière.
La chanson de la semaine //
Revigorée grâce aux voyages solos de la plupart de ses membres, L’Amalgame met la table pour son prochain projet avec Fleur de chou, une envolée environnementaliste bien ficelée, sublimée par une production planante de Catboot et Rousseau.
L’instru de la semaine //
Depuis ses débuts dans les zones lo-fi il y a quelques années, Slumgod a raffermi sa proposition musicale avec tact. Sur H2O Drip, le producteur d’origine trifluvienne amplifie les basses substantiellement et livre une composition percutante.
Le clip de la semaine //
Le studio La cour des grands présente un clip simple et bien rythmé pour Iceberg, l’une des chansons les plus mémorables de la dernière mixtape de Lōst.
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Les spectacles à voir //
Voyage Funktastique au Le Belmont avec Dj Blaster B (Suisse/TCF)
Les inséparables Walla P et Dr.MaD (alias Voyage funktastique) invite le DJ suisse Blaster B pour une autre soirée de disco et de funk.
Le Belmont (Montréal), 2 février (22h)
Le sextuor Alaclair Ensemble sera à Brossard pour un autre spectacle en soutien à son plus récent album Le sens des paroles.
Le Club (Longueuil), 2 février (20h)
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