Rap local : Kirouac & Kodakludo, chimie élémentaire
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Rap local : Kirouac & Kodakludo, chimie élémentaire

Chaque semaine, cette chronique met en lumière l’oeuvre des rappeurs et des producteurs québécois les plus intéressants du moment. Au programme : entrevue, bons coups de la semaine et aperçu des prochains spectacles à voir.

Entrevue //

Un peu moins d’un an après wesh, le duo montréalais Kirouac & Kodakludo rend hommage aux romans de la série Amos Daragon avec un nouvel EP volontairement disparate, qui évoque les cinq éléments de l’œuvre de Bryan Perro (le feu, l’air, la terre, l’eau et l’éther).

VOIR : Quel est votre rapport avec cette saga de romans? Et pourquoi avoir choisi de vous en inspirer pour ce mini-album?

Kirouac : Amos Daragon, ça a marqué mon enfance. Il y a là-dedans une mythologie très grande, profonde, complexe, un peu comme dans le Le Seigneur des anneaux ou Harry Potter. Mais la partie la plus importe, c’est que c’est une série québécoise, qui a vraiment résonné dans mon entourage, tout comme Les Chevaliers d’émeraude. Pour moi, c’était important de rendre hommage à cette littérature-là, sans que ce soit non plus trop rigide dans les références.

Kodakludo : C’est Kirouac qui est arrivé avec cette idée-là, car moi, j’ai jamais lu Amos Daragon. Par contre, au même moment où il m’a fait part du concept, je venais d’écouter Avatar. Je suis vraiment tombé en amour avec ce film-là et, en y repensant, il y a des liens entre les deux œuvres, notamment dans leur rapport aux éléments. La créativité qui émanait d’un concept comme ça, ça pouvait juste être stimulant. Ça permettait d’amener cinq émotions différentes.

Comment cette passion commune pour certaines œuvres fantastiques vous a guidés pour la création de cet EP?

Kirouac : Y’a fallu changer notre approche. Wesh parlait beaucoup de mon quotidien dans le concret, de ma vie au jour le jour. Là, je pouvais pas nécessairement raconter ma vie de la même façon. Je suis donc sorti de ma zone de confort, en réfléchissant séparément aux cinq éléments. Pour Terre, par exemple, je me suis approprié le thème, en parlant de l’importance de garder les pieds sur terre, de garder le contact avec la réalité. Pour Feu, je voulais pas non plus rester au premier degré, en parlant de feu de forêts par exemple. À la place, je me suis fié au verse de Nomad, qui était super honnête, et j’ai raconté la vérité d’une façon brutale, enflammée. Bref, l’idée, c’était de matérialiser le sentiment qu’évoque un élément de la nature.

Kodakludo : Au début, je lui ai envoyé les beats que j’avais, sans penser à une thématique précise. Et les beats qui sont devenus Eau et Air ont vraiment inspiré Kirouac, qui a eu l’idée du concept par après. Ensuite, je me suis lancé dans la création en pensant aux éléments. Pour Feu, on voulait de quoi de méchant, de percutant, tandis que pour Terre, c’était plus flou. Finalement, j’ai décidé de miser sur la basse afin de ramener l’auditeur au sol par les vibrations de la chanson.

Chaque chanson d’Amos met en vedette un collaborateur. Pourquoi?

Kirouac : À la base, on voulait des atmosphères différentes pour chaque chanson, donc on s’est demandé quel rappeur incarnait chaque ambiance. Air, c’est un beat qui invite à get high, donc évidemment, Fouki s’imposait avec sa voix très aérienne. Nomad, je sais qu’il est capable d’être super agressif et de ne pas censurer, donc Feu, c’était parfait pour lui. Ensuite, le côté très sensuel de Will Murphy et de sa guitare avaient des résonances avec une chanson comme Eau, tandis que pour Terre, je cherchais un flow plus bas, presque militaire, donc Jah Maaz était la personne parfaite. Enfin, pour Éther, le morceau hommage à Amos Daragon, je suis allé chercher Vendou, qui est un grand fan de l’oeuvre.

Quels sont vos plans à court/moyen terme?

Kodakludo : On a plein d’affaires s’en viennent, mais on peut pas nécessairement en parler. On pense tranquillement au prochain projet, même si on n’a pas encore amorcé l’écriture. On a des concepts en tête, c’est assez ambitieux.

Kirouac : Ça va être un entre-deux entre un album déconstruit à la wesh et un projet conceptuel à la Amos. On est en train de penser à une idée générale qui va en ce sens et qui pourrait guider notre création. Chose certaine, on s’en va dans des zones complètement différentes.

The Big Boys Band Show (avec Kirouac & Kodakludo, LaF et O.G.B) – Bain Mathieu (Montréal), 8 février (21h)

La nouvelle de la semaine //

FouKi bat le fer quand il est chaud et annonce la sortie d’un deuxième album officiel, sans grande surprise intitulé ZayZay. Encore une fois épaulé par son inséparable QuietMike, il propose un premier extrait conforme à son style, Budapest, ainsi qu’un clip filmé lors de son passage en Europe l’été dernier. L’album sera disponible le 3 mai prochain, et des lancements auront lieu au Club Soda (11 mai) et à l’Impérial Bell (le 17).

[youtube]tSosLW0Tm-M[/youtube]

Le projet de la semaine //

Au-delà de son concept et de ses quelques références à l’oeuvre de Bryan Perro, ce mini-album du rappeur Kirouac et du producteur Kodakludo frappe par son approche décomplexée qui, en dépit d’une direction homogène, mise sur des explorations musicales captivantes et des collaborations impeccables. Voilà ce que devrait être un EP : une parenthèse éclatée qui ouvre les horizons en attendant un album à la facture plus cohérente.

La chanson de la semaine //

Malgré la complicité du trio Mike Shabb, Mtlord et Kevin Na$h sur No Opposition et la qualité indéniable de [youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=kh3h1Dj5SR4″]la plus récente pièce [/youtube]de Planet Giza, la palme de la chanson de la semaine va à ZAC de Ragers. Depuis son éclosion en 2015, le quatuor montréalais s’est souvent appuyé sur différents collaborateurs estimés (Nate Husser, James Di Salvio, Ceasrock) pour donner de la couleur à ses compositions, mais cette fois, les quatre acolytes ont choisi de se faire confiance. Résultat : une pièce savoureuse guidée par une ligne de basse consistante, des flows désinvoltes et un refrain accrocheur à la sauce Pharrell.

[youtube]aTfiTC_PdhY[/youtube]

L’instru de la semaine //

Électron libre sur la scène des beatmakers montréalais, Morti Viventear met la table pour la sortie de son prochain album Sleep Deprived Pessimist (prévu le 11 février sous l’étiquette allemande Anette) avec le deuxième extrait Chimere, une vibrante pièce instrumentale.

[youtube]E342Y995sx8[/youtube]

Le clip de la semaine //

Fort de ses clips pour Lomepal, Clay and Friends et Green Hypnotic, le réalisateur Xavier MC s’amuse comme jamais sur OK, premier extrait louable du prochain album de D-Track, Dieu est un Yankee. Très divertissant, le clip ne comporte aucun temps mort.

[youtube]ImUN14pvfrc[/youtube]

Les spectacles à voir //

Qualité Motel, Brown, Nomadic Massive, Dj set Alaclair Ensemble

Qualité Motel (le projet connexe de Valaire) sera du tout premier Fest’Hiver du Vieux-Hull aux côtés de Nomadic Massive et d’Alaclair Ensemble (en formule DJ set).

Rue Laval (Gatineau), 8 février (20h)

Casse Croute En Spectacle

Pour une première fois en 10 ans, le collectif Casse-Croute retourne à Sainte-Agathe le temps d’un spectacle, qui mettra notamment de l’avant les chansons de son honorable dernier album Éléphant rose.

Resto-Bar Les 4 as (Sainte-Agathe-des-Monts), 8 février (22h)

Montréal Loves Dilla 2019

La célébration annuelle Montreal Loves Dilla, en hommage au regretté producteur J Dilla, reprend du service pour une 12e fois, en rassemblant une horde de talentueux producteurs et DJ montréalais : Sev Dee, Toast Dawg, Manzo, Ephiks, Manifest, Mark the Magnanimous, Vlooper et KenLo Craqnuques.

Ausgang Plaza (Montréal), 9 février (21h)

[youtube]AFhBhtUZPxU[/youtube]