Rap local : Heartstreets, les âmes sœurs
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Rap local : Heartstreets, les âmes sœurs

Chaque semaine, cette chronique met en lumière l’oeuvre des rappeurs et des producteurs québécois les plus intéressants du moment. Au programme : entrevue, bons coups de la semaine et aperçu des prochains spectacles à voir.

Entrevue //

Formé des chanteuses et rappeuses Gab Godon et Emma Beko, le duo montréalais Heartstreets donne de la consistance à son mélange épuré de R&B et de rap sur Why Make Sense.

VOIR : Vous sortez votre premier album Why Make Sense trois ans après votre EP You & I. Qu’est-ce qui s’est déroulé durant cette période? La création a-t-elle été éprouvante?

Gab Godon : La sortie de notre EP You & I nous a vraiment poussées à mettre le pied sur la pédale et à foncer. En tant qu’artistes indépendantes, on doit travailler énormément, pas juste sur notre musique, mais aussi sur tout ce qui gravite autour, notamment la commercialisation et le marketing. Ça a été un long processus parce qu’on a préparé davantage notre terrain de jeu avant de se lancer dans la création.

Emma Beko : Il y a eu des obstacles dans la création de l’album, comme dans tout. On les a surmontés, et ça nous a permis d’en sortir plus déterminées. On a eu tellement de plaisir à créer notre premier album, c’est notre bébé. On l’a créé à notre image et on en est fières.

You & I abordait en grande partie une rupture amoureuse, tandis que Why Make Sense évoque plusieurs nouvelles thématiques comme la dépression et l’anxiété. Pourquoi avoir abordé ces sujets?

E.B. : On écrit toujours à propos de ce qu’on vit ou de ce que l’on constate et, durant la création de You & I, on vivait des histoires d’amours très fortes.  Bien sûr, on continue d’écrire sur la manière dont notre environnement nous affecte, mais étant maintenant en couple depuis quelques années, on est interpellées par ce qui qui se passe à l’extérieur de notre petit monde.

Vous semblez avoir une chimie très profonde, qui se constate notamment dans vos paroles très intimes et dans votre union vocale. Comment cette complicité s’est-elle développée?

G.G : On s’est rencontrées au primaire et on n’a jamais cessé d’être amies depuis. Je trouve qu’on est vraiment chanceuse de partager ce projet ensemble et je pense que notre relation reflète, en partie, ce qui crée Heartstreets.

E.B. : On est comme des soulmates en quelque sorte. Je ne suis pas restée proche avec personne du primaire, sauf Gab. It was meant to be!

Malgré les influences hip-hop très prononcées de votre musique, on vous sent relativement à part de la scène rap québécoise. Est-ce que vous partagez cette impression? Si oui, comment l’expliquez-vous?

G.G. : C’est une question qui revient souvent récemment et, en effet, on peut se sentir, par moments, un peu à part de la scène rap québécoise. Je pense que de faire de la musique en anglais et d’être deux filles qui chantent et rappent en même temps, ça diffère peut être trop de ce qui se fait sur la scène hip-hop au Québec. Ça nous catégorise d’une autre manière.

E.B. : Il y a aussi beaucoup de personnes dans ce milieu au Québec qui ne croient pas à la place des femmes dans le hip-hop. Ils pensent que c’est une mode, ou que c’est pas assez «hard» ou «gangster». Ils se trompent solide!

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La nouvelle de la semaine //

Au-delà du[youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=CiD402c9QXM »] retour[/youtube] d’Enima (qui a annoncé, bien candidement, que sa prochaine mixtape allait sortir le 8 mars prochain, c’est-à-dire à la Journée internationale des droits des femmes), une autre nouvelle a marqué la semaine dans le microcosme rap québécois: le dévoilement des participants de la 23e édition des Francouvertes. Pour une première fois, deux soirées de la ronde préliminaire seront entièrement consacrées au hip-hop, et on pourra y voir Miles Barnes, CE7TE LIFE, Marie-Gold, O.G.B, Kirouac & Kodakludo ainsi que Suprême Sans Plomb. Visiblement, la victoire de LaF l’an dernier (une première pour un artiste hip-hop depuis Loco Locass) a motivé les troupes à s’inscrire en grand nombre.

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Le projet de la semaine //

Après avoir testé diverses avenues dans les cinq dernières années, en multipliant les sorties à succès (tout particulièrement le puissant EP Détour: Zayad City), Planet Giza fait le grand saut et propose un premier album qui remplit les attentes démesurées qu’on entretenait à son égard. Avec sa signature hip-hop soul chaleureuse aux accents future funk et trap, le trio québécois prouve une fois de plus qu’il a l’étoffe pour se rendre loin.

La chanson de la semaine //

Inspiré par un long séjour en Nouvelle-Zélande, le producteur montréalais Ghostnaut se joint au beatmaker et guitariste l’indécis sur cette chanson douce et paisible, qui parait sous le label californien Mellow Orange. Ode au voyage, mais surtout aux influences humaines et musicales qui l’enrichissent, la chanson met en vedette le rappeur Kid Abstrakt, qui livre un habile flow décontracté.

[youtube]gfMqCdhQBcg[/youtube]

L’instru de la semaine //

Membre du projet CE7TE LIFE, qualifié pour les prochaines Francouvertes, le Montréalais Major se fait mordant sur Purple Kiss, brûlot trap décapant.

Le clip de la semaine //

Après avoir livré la légère et velouté Run Away ainsi que la puissante et incisive AndréDead Obies nous présentait cette semaine un troisième extrait, Doo Wop, en vue de son troisième album DEAD. (qui parait aujourd’hui). Qu’on aime ou pas cette parenthèse pop assumée (pas entièrement représentative du son de l’album), on doit reconnaître l’efficacité du clip signé Jean-François Sauvé, qui propose une mise en scène fougueuse venant donner davantage d’éclat à la chanson.

[youtube]E9tdt-Re3Fc[/youtube]

Les spectacles à voir //

Don’t Sweat The Technics // Valentine’s Week-End Edition

DJ White Socks et Mark The Magnanimous redonnent rendez-vous aux Montréalais pour une nouvelle édition de leur soirée mensuelle Don’t Sweat The Technics. Cette fois, le légendaire Manifest sera à leurs côtés.

Maison2109 (Montréal), 16 février (22h)

Les Francouvertes 2019: soir 1 des préliminaires

Pour la première soirée de préliminaires de sa 23e édition, le concours-vitrine mise sur une programmation hip-hop : Miles Barnes, CE7TE LIFE (projet de David Campana, Major et Shotto Guapo) et Marie-Gold.

Lion d’or (Montréal), 18 février (20h)

Soirée de la relève Hip-Hop – Phoque OFF 2019

Pendant alternatif de l’évènement RIDEAU, le Phoque Off présente une soirée mettant en vedette des espoirs de la scène rap/R&B de Québec, notamment Velozo et Amen Deniro.

Scanner Bistro (Québec), 19 février (23h30)

Les Résidences 4436 – 02

Pour une deuxième fois, Honie B, Lodgicko, Jei Bandit et Franky Fade (quatre révélations à surveiller sur la scène rap montréalaise) joignent leurs efforts pour une résidence créative présentée devant public.

Quai des brumes (Montréal), 21 février (21h30)

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