De retour au Québec : La longue route des Young Gods
Musique

De retour au Québec : La longue route des Young Gods

Après plus de 20 ans d’absence, The Young Gods vient donner trois concerts au Québec afin de présenter son nouvel album Data Mirage Tangram

Entre la fin des années 1980 et le milieu des années 1990, les Young Gods se faisaient un devoir de passer par Montréal lors de leurs tournées nord-américaines. C’est toujours ici qu’ils recevaient un des accueils les plus chaleureux de leur périple. Avec leur son tranchant de guitares, de section de cordes et d’autres sonorités échantillonnées, couplé avec une batterie métronomique fulgurante et la présence quasi chamanique du charismatique Franz Treichler, qui chantait autant en français qu’en anglais, les Young Gods allaient là où personne n’était jamais allé auparavant. Plébiscités par Bowie autant que Nine Inch Nails, The Edge, Faith No More et Sepultura, les Young Gods ont développé un son bien à eux, entre la musique industrielle et l’avant-gardisme rock, le tout reposant en grande partie sur l’échantillonnage. On pourrait même considérer les Young Gods comme des pionniers du sampling. «Je pense que oui. On n’était pas les premiers à utiliser le samplingmais nous avions une approche très radicale. Le groupe est né et est basé autour de l’échantillonnage. Par la suite, on a ajouté un batteur live pour faire le lien entre la machine et l’Homme. Je pense que si l’échantillonneur n’avait pas existé, il n’y aurait jamais eu de Young Gods», admet Franz Treichler, rejoint chez lui en Suisse. 

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Après la sortie de Only Heaven en 1995 et la tournée qui a suivi, les Young Gods ont tout simplement cessé de se rendre en Amérique du Nord. Problème de label, moyens de promotion moins importants, c’était le début de la crise qui secoua le milieu du disque et les Young Gods en ont fait le frais. Durant ce long hiatus, le trio suisse a néanmoins fait paraître sept albums, dont le tout récent Data Mirage Tangram, qu’il viendra défendre lors d’une mini tournée québécoise de trois dates à Montréal, au FME de Rouyn-Noranda et à Québec. «La musique qu’on fait maintenant est assez différente de celle qu’on faisait dans les années 1990, mais je pense que c’est un peu la même vision. Ça n’a pas la même intensité, ce n’est pas aussi tranchant, mais c’est un peu plus répétitif et profond», insiste le chanteur et guitariste. «Il y a plus de groove, plus de moments de transe, des morceaux plus longs. Ce qui ne veut pas dire que nous ne reviendrons pas éventuellement à quelque chose de plus tranchant».

Genèse jazz

Né d’une série d’improvisations sur scène au Festival de jazz de Cully où le groupe avait été invité en 2015, Data Mirage Tangram est un disque qui amène encore une fois le trio helvète vers de nouveaux horizons. «On nous a invités à improviser durant cinq jours dans un petit club à tendance plus rock expérimental, qui est en fait une cave à vin. On nous laissait faire ce qu’on voulait, devant le public. On a donc décidé d’occuper ce lieu sous un autre nom que The Young Gods – nous avions baptisé cela The Treichler Pizzi Trontin Experience – et de développer de nouvelles idées tous les soirs durant trois sets d’une heure. C’étaient des jams en fait. Mais on a amené plein d’instruments qu’on n’a pas l’habitude d’utiliser au sein des Young Gods. C’était un gros laboratoire d’idées. On a tout enregistré, puis écouté et trié les passages qui nous semblaient plus intéressants et on a développé ces idées pour faire ce disque», résume Franz Treichler qui s’est ensuite tourné vers le réalisateur Alan Moulder (NIN, Foals…) pour mettre un peu d’ordre dans tout ça. «C’est quelqu’un que j’ai connu lorsque je vivais à New York au début des années 1990 et j’ai toujours eu envie de bosser avec lui. C’est quelqu’un qui arrive à magnifier le son des groupes avec lesquels il travaille sans pour autant y mettre trop de sa couleur, sans être omniprésent. C’est toujours assez subtil».

photo Mehdi Benkler

Si ce 12e album des Young Gods découle de la spontanéité de l’improvisation, c’est aussi un disque influencé par des lectures plutôt scientifiques, souligne Treichler. «Je me suis plongé dans des bouquins qui expliquent en gros que tout est une question d’algorithmes et qu’il y en a tellement qu’ils finissent par se croiser, s’emmêler les uns aux autres, falsifiant les données, de sorte qu’on ne peut plus se fier à cette source. Donc ça, c’est un peu le «data mirage» du titre. Pour ce qui est du «tangram», c’est un jeu chinois très ancien constitué de sept morceaux de bois qui forment un carré, un peu comme un puzzle. Y’a des triangles, des carrés, des losanges… Quand tu les sors de la boîte, tu peux créer toutes sortes de formes. Mais quand tu veux les remettre dans leur boîte, ça devient plus compliqué. C’est à la fois un jeu créatif, mais aussi un casse-tête. Puisque nous avons sept morceaux sur l’album, c’est là que m’est venu la relation au tangram, à savoir comment faire pour que ces sept morceaux forment un tout».

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Power trio

Le groupe, qu’on va voir au Québec pour cette mini tournée, n’est plus tout à fait le même que celui qu’on a connu à l’époque. «Y’a eu des changements depuis. Nous avons un différent batteur, Bernard Trontin, qui a rejoint le groupe vers 1996, et notre tout premier claviériste, Cesare Pizzi, a réintégré le groupe en 2012. Il était avec nous à notre première tournée nord-américaine et a quitté en 1988. On a réussi à le convaincre de revenir pour une tournée de nos deux premiers albums, sur lesquels il jouait en plus d’avoir participé à la composition de plusieurs titres. Cette tournée a duré deux ans. Donc ce qui était d’abord temporaire est devenu permanent et à partir du moment où il a réintégré le groupe pour de bon, on a eu envie de faire de nouvelles choses. Donc ce nouvel album est à l’image de ce qu’on est maintenant», précise Treichler, qui prévient cependant que pour les concerts au Québec, le trio va prendre en considération sa longue absence et ne pas se cantonner qu’au nouvel album. «En fait, on aime bien jouer nos nouveaux morceaux, mais on est conscients qu’on n’a pas joué chez vous depuis longtemps et que beaucoup de gens aimeraient entendre des morceaux de notre ancien répertoire, donc on va faire une sorte de compromis. On est en train de réfléchir à tout ça. Ces concerts au Québec vont probablement être différents de ceux qu’on fait en ce moment en Europe».

Data Mirage Tangram
disponible maintenant

Le 27 août
Bar Le Ritz PDB – Montréal
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Le 29 août
Au FME – Rouyn-Noranda
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Le 1er septembre
Le d’Auteuil – Québec
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