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Marion Wagschal

Marion Wagschal, Cyclops, 1972, huile sur toile, 72" x 48"
Photo: Éliane Excoffer. Gracieuseté Battat Contemporary

À l’évidence, elle connaît la peinture. Wagschal réalise des toiles qui dialoguent avec Goya, Klimt, Lucian Freud, James Ensor (qui, disons-le, est un artiste gigantesque, malheureusement pas assez aimé, éclipsé par bien des peintres plus proprets et plus faciles, alors que lui faisait, comme le dit un de ses tableaux, dans l’«hareng saur», dans l’ «art Ensor», dans une peinture qui pour les bourgeois et la critique de l’époque puait au nez)… Mais c’est la moindre de ses qualités. Et, à la limite, cela n’a aucune importance. Ces références ne sont qu’un prétexte pour peindre. Et il aurait beaucoup à dire sur la modernité comme prétexte à la postmodernité…
Wagschal fait des œuvres souvent dérangeantes (ce qui est pour moi une qualité). Ce tableau intitulé BlueBeard’s Castle montre une scène de relation sexuelle où un couple, plus tout à fait jeune, est pris dans un ébat qui semble d’une grande gravité, douloureuse gravité. (La référence à Barbe bleue n’est évidemment pas là pour alléger le sujet… mais là encore cette peinture sait dépasser ce lien explicatif). Cet autoportrait de l’artiste, nue, le corps absolument pas idéalisé, intitulé Cyclops ne maque pas non plus de culot.
La sélection des œuvres choisies à la Galerie Battat Contemporary est particulièrement forte. Et il faut aller voir dans le bureau de la galerie les oeuvres supplémentaires… Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu son travail et ce fut un beau trouble et un grand bonheur que de plonger dans ses tableaux. L’expo s’achève le 5 juin et je vous la conseille fortement.