Au cas où j’aurais raté la chose (comment aurais-je pu ne pas être au courant d’un événement aussi important?!?), des amis cultivés (je n’ai que des amis cultivés…) m’ont courriellé (néologisme que je lance) pour me signaler comment la reine de la musique, Lady Gaga, connaissait ses classiques en arts visuels. Mon lectorat branché (et lui aussi tout aussi cultivé que mes amis) saura déjà, j’en suis sûr, que Stefani Joanne Angelina Germanotta s’est présentée au MTV Video Music Awards à Los Angeles (le 12 septembre dernier) habillée d’une robe de viande « inspirée » par celle de Jana Sterbak (de 1987). Gaga venait tout juste de poser en chair (et en os) avec quelques tatouages pour la revue Vogue Hommes Japan du mois de septembre. Disons-le, la robe était superbe, l’idée merveilleuse et la chair semblait fraîche et tendre… Mais bon, tout le monde ne fut pas fasciné par la culture de Gaga et ne sembla pas apprécier la chose autant que moi… Libération rapporte que « pour l’organisation internationale de défense des droits des animaux, Peta (People for the ethical treatment of animals), c’en est trop : “Peu importe que cela soit esthétiquement bien présenté. La viande crue représente la violence sanglante et la souffrance“ ». Gaga de répondre qu’il s’agissait d’une dénonciation… De mon côté, passé le moment de béatitude, je me suis demandé si nous n'allions pas voir bientôt un sac Vuitton RAW fait de viande crue (réalisé par Murakami)… Tout serait gâché, mais bon, de nos jours, l’industrie de la mode et des arts (l’art contemporain étant majoritairement une industrie) n’en est pas une récupération près. Cet événement aura la vertu de nous montrer que les arts visuels n’occupent plus les devants de la scène et que c’est la musique et la mode qui sont les arts de référence. Jamais, même aux jours les plus intenses du débat sur la Robe de chair pour albinos anorexique au Canada, n’avions-nous autant entendu parler de l’oeuvre de Sterbak.
Gaga devra-t-elle payer des droits d’auteur à Jana ? J’en doute. C’est un hommage voyons ! Pourtant, si un artiste contemporain mettait un air de musique dans une de ses œuvres visuelles, je pense que certaines compagnies de disques auraient tendance à demander un montant d’argent à l'artiste…