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Spriggs à l’UQÀM

Décevante expo de David Spriggs à la Galerie de l’UQÀM. Je ne comprends pas vraiment l’emballement du milieu de l’art pour ce jeune artiste, prometteur certes, mais qui ne me semble pas avoir encore trouvé totalement sa voie et un propos novateur à défendre. Ses petites pièces (exposées chez Art Mûr) me semblaient intéressantes, mais souvent décoratives… Le gigantesque dispositif (scénique), composé de « 400 films de polyester tranparents » peints en vert, présenté à la Galerie de l’UQÀM est impeccable, son effet curieux, mais on reste sur sa faim quant à son propos. Malgré l’érudition et l’intelligence de son auteure (Marie-Eve Beaupré), le texte de présentation n’arrive pas tout à fait à convaincre. Beaupré effectue une lecture passionnante de l’histoire symbolique du vert, de l’Antiquité à nous jours. L’auteure nous explique aussi comment « l’œuvre de David Spriggs met en perspective les principales figures d’autorité qui régissent aujourd’hui notre interprétation de la couleur verte. Outre sa connotation écologique, le vert tel que nous le connaissons aujourd’hui est devenu photogénique. Depuis que l’on utilise de larges écrans verts (green screen) pour réaliser les effets spéciaux au cinéma, cette couleur est devenue un symbole contemporain de la substitution »… Dans le communiqué de presse (idée reprise dans le texte du catalogue), nous pouvons aussi lire qu’«en laissant volontairement de côté son aspect “écologique“ » (étrange geste, car la photogénie du vert me semblait être justement très attachée de nos jours à son lien à l’écologie), cette « installation révèle précisément cette érosion de la frontière entre réel et virtuel qu’induit la couleur ». Érosion ? Depuis quand ? C’est là que le propos et l’œuvre se gâchent. Pas encore ce cliché sur les images et les représentations dans nos sociétés ? Il me semble pourtant avoir déjà lu des textes d’un certain Platon qui critiquait, il y a quelque temps déjà, le risque inhérent à toute représentation (par l’image ou par le texte)… Mais bon, soyons de notre époque et critiquons comment de nos jours la limite entre virtuel et réel s’effiloche… Un peu plus et mettons la responsabilité d’une telle chose sur le dos des technologies, d’internet, de la télé… Il est vrai que pendant des siècles la religion et le politique montraient aux citoyens des images vraies où on n’essayait pas de faire prendre la fiction pour la réalité…
L’ensemble de cette installation a un petit côté maison de fantômes ou vaisseau d’extra-terrestres dans un film hollywoodien, trucs un peu faciles. Elle regroupe un certain nombre d’images plus ou moins accrocheuses et qui ratissent large : un couple faisant l’amour, un taureau « symbole de pouvoir », un véhicule militaire explosant, la chute d’une icône (une statue?) politique, un crâne (tous les artistes font des crânes de nos jours)
Toute cette iconographie facile est bien dommage, car, en effet, cet artiste a un talent certain et a développé un dispositif formel original. Il faudra donc attendre la suite.
Jusqu’au 9 octobre.