Mon aventure au journal Voir a commencé, dans la copie papier, en octobre 1998 et elle s’est vue relancée, depuis février 2008, par la tenue d’un blogue. Durant toutes ces années, j’ai eu l’immense honneur et le grand plaisir de vous donner des pistes de lecture par rapport à l’art contemporain, moderne ou ancien. J’espère avoir suscité des questions et su générer quelques débats de fond. Je crois que le travail du critique n’est pas, en particulier en ce moment où les (mêmes) informations circulent si vite, de juste raconter ce qui se passe, ou même de simplement dire de quoi parle une œuvre. À l’heure où l’amateur voit les mêmes œuvres et les mêmes artistes de New York à Shanghai en passant par Venise, Paris, Miami, Londres, Berlin, Tokyo et Rio, le critique d’art doit discuter d’œuvres moins célébrées, tenter d‘être l’héritier d’une approche postcoloniale (ainsi que postmoderne) afin de défendre aussi des artistes « régionaux » que l’on considère encore trop souvent comme mineurs. Le critique ne doit pas oublier le travail de la sociologie de l’art qui nous a appris comment ce que l’on considère comme le goût le meilleur est toujours celui de ceux qui ont l’argent et le pouvoir. L’histoire de l’art est avant tout celle des nations riches et dominantes. Le critique doit donc prendre position. Cela est encore plus important de nos jours où le marché de l’art et le « goût » (trop souvent clinquant ) des grands collectionneurs influencent à nouveau trop fortement les musées et même l’écriture de l’histoire de l‘art. L’art doit être avant tout question d’idées et non pas d’argent, de placement, de décoration, de hype et de visibilité médiatique.
Le journal Voir m’a offert une expérience exceptionnelle. Grâce à Voir, et à toute son équipe, j’ai pu défendre cette vision de la critique d’art. Je tiens à en remercier Pierre Paquet (président éditeur et fondateur de Voir) ainsi que les nombreux rédacteurs en chef et chefs de pupitre qui depuis 1998 ont eu confiance en moi et en mon approche de l’art. En particulier, je tiens à saluer Tristan Malavoy-Racine qui m’a soutenu avec force et qui tout comme moi a une grande passion pour l’art. D’autres défis m’attendent. Merci de m’avoir lu en ces pages.
Bravo Nicolas. Plus jeune, je lisais vos articles dans la version papier. J’aimais votre sincérité et ce que vous choisissiez de présenter, Je partage entièrement votre opinion quant à ce qu’est devenu le milieu de l’Art en général. Je suis heureux de constater que des acteurs importants tels que vous ne veulent plus nécessairement suivre la »tendance » au risque devenir moins populaire.
Je vous salut bien bas.
Franchement, je ne suis pas surpris de lire votre texte de départ. Plusieurs autres vous ont précédés en quittant le Voir. J’aimais bien laisser mes textes sur la page consacrée aux arts visuels, mais moi aussi je vais probablement me contenter de regarder passer le train (sans jeu de mots). Quelqu’un finira bien par tirer la plogue sur ce site qui est de moins en moins fréquenté par les membres du Voir.ca. Même la version papier semble moins disponible qu’auparavant depuis qu’elle est publiée 2 fois par mois. Les lecteurs doivent se faire plus rares. Je vous souhaite donc du succès dans votre carrière qui vous amènera vers un ailleurs meilleur.