Le Killing : l'adolescence amplifiée
Cinéma

Le Killing : l’adolescence amplifiée

Lancée la semaine dernière, la websérie Le Killing s’approprie les standards de la comédie américaine pour adolescents à travers une mise en scène éclatée, profondément absurde.

Mettant en vedette des humoristes en pleine ascension (Jay Du Temple, Rosalie Vaillancourt, Anthony Montreuil, David Beaucage) et des acteurs de la relève (Louis Carrière, Olivier Trahan, Daphnée Côté-Hallée), la websérie de huit épisodes (produite par KOTV et la corp) nous plonge dans l’univers bien hermétique des camps de jour.

En marge de leurs activités quotidiennes avec leurs groupes d’enfants, les moniteurs du camp Saint-Cardinal redoublent d’efforts pour devenir le «master killer», soit le grand gagnant du jeu Le Killing. Pour ce faire, ils doivent éliminer leurs acolytes un par un à coups de fléchettes, de couteaux en plastique ou de gouttes de Tabasco. Au-delà des péripéties inhérentes à ce jeu pour le moins insolite, la trame narrative aborde les relations amicales et parfois tendues entre les moniteurs du camp, notamment le triangle amoureux que forment Quenouille, Clochette et Hercule.

Ayant lui-même été moniteur pendant cinq ans à Boucherville, le réalisateur Alec Pronovost reste ici en terrains connus, revisitant les souvenirs les plus farfelus de cette époque transitoire entre l’adolescence et l’âge adulte. Celui qui s’est révélé avec les courts métrages Tony Speed et Richard Superstar ainsi qu’avec ses nombreuses capsules web humoristiques (pour Julien Lacroix, Martin Matte, Rosalie Vaillancourt…) signe ici sa réalisation la plus étoffée en carrière.

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Louis Carrière, Alec Pronovost, Jay Du Temple et Thomas Sédillot (Crédit : Charles Boisseau)

VOIR : Tes influences sont principalement américaines, notamment les films d’ados ainsi que les séries Community, Freaks and Geeks et Wet Hot American Summer. Qu’est-ce que tu aimes particulièrement de cet univers cinématographique?

Alec Pronovost : Être un ado, c’est tellement une période le fun de la vie! T’es tout le temps en train d’essayer de te trouver et tu découvres sans arrêt des nouvelles expériences. C’est une période candide dans laquelle on fait plusieurs plusieurs erreurs. On est maladroit, mais en même temps, on vit pleins d’affaires. Je suis constamment nostalgique de mes années aux camps de jour, car c’est là que j’ai développé ma personnalité, que j’ai vécu mon premier amour, ma première peine d’amour… Chaque film de ce genre me replonge dans ce feeling-là, et je l’aime, ce feeling-là! J’avais le goût de façonner un projet qui me ramènerait direct là-dedans. C’était super selfish dans le fond.

As-tu déjà toi-même joué au «killing» durant tes années de service au camp de vacances? Est-ce aussi intense que la série le laisse paraître?

J’y ai joué pendant deux ans. La première fois, je me suis fais éliminé vraiment rapidement, car j’étais peu prudent. La deuxième fois, j’étais back with a vengeance : six kills cet été-là, avant de me faire tuer par une fléchette chez moi, trahi par ma propre mère…. Elle voulait aider le jeune moniteur, car elle l’avait trouvé poli de lui avoir demandé de se cacher dans la haie de cèdres…Bref, c’est très intense. Il y a réellement des blessés. Des voisins appellent parfois la police quand ils voient un ninja marauder dans la cours des gens.

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Les moniteurs du camp Saint-Cardinal. Crédit : Charles Boisseau.

Il y a beaucoup d’acteur.trices dans la série. Est-ce que ça a été difficile à gérer sur le plateau?

Au contraire, ça créait une ambiance de camp. C’est sûr que ce sont toutes des personnalités fortes qui veulent faire rire les autres, donc ça prenait un peu de discipline, surtout que j’ai tendance à embarquer dans leurs niaiseries. C’est pour ça que l’assistante-réalisatrice nous ramenait à l’ordre quand la rigolade était rendue trop intense.

Le format de la websérie est en pleine ascension au Québec. Considérant que tu as d’abord fait ta marque dans le court métrage, qu’est-ce qui t’attirait dans ce format?

Je ne sais pas si je dirais que j’ai fait ma marque dans le court métrage (rires), mais merci de le penser en tout cas, c’est fin! Avec une série, je voyais la chance d’explorer du narratif sur du plus long terme qu’un 10-15 minutes. J’avais envie de pouvoir prendre mon temps et de bâtir l’univers, les personnages, les codes de la série… On consomme tous beaucoup de séries, et avec des options comme le FIP (Fonds indépendant de production), les petits nouveaux comme moi ont la chance d’en faire. Il y avait là une opportunité alléchante.

Quels sont tes futurs projets?

Écoute, j’aimerais vraiment ça faire une deuxième saison. Seul le temps nous le dira, mais je souhaite fort retourner au camp Saint-Cardinal cet été. Sinon, j’ai des projets en chantier d’écriture : un court métrage et un long métrage. Rien de concret encore, mais deux comédies absurdes évidemment – peut être un petit peu plus dark que Le Killing. J’écoute ben du emo ces temps-ci, ça doit être pour ça.

Les quatre premiers épisodes du Killing sont disponibles sur noovo.ca