GAMIQ 2015 : Des gagnants, des hommages et des longueurs
Pour son dixième anniversaire, le Gala alternatif de la musique indépendante du Québec (GAMIQ) a célébré la scène locale dans toute sa diversité, dimanche soir au Bain Mathieu. Un peu longue, la soirée a été marquée par l’intronisation d’Aut’Chose au Panthéon du rock’n’roll québécois et par un hommage-surprise au leader de Groovy Aardvark, Vincent Peake.
Parti favori avec cinq nominations, le trio rap Loud Lary Ajust n’a finalement raflé qu’un seul trophée (et non le moindre), celui de l’artiste de l’année, coiffant au passage Kandle, Pierre Kwenders, Chocolat et Eman X Vlooper, qui a paradoxalement eu le dessus sur le trio dans la catégorie de l’album rap de l’année.
La récolte a été passablement bonne pour le duo électro-pop Milk & Bone, qui est reparti avec trois Lucien (nouvelle dénomination du trophée GAMIQ, en hommage à Lucien Francoeur) : l’album pop, la chanson de l’année (pour Coconut Water) et la révélation de l’année (devant Rosie Valland et Safia Nolin, notamment). Très heureuses et excitées, les deux musiciennes ont semblé de plus en plus surprises à chaque fois qu’elles étaient appelées à remonter sur scène.
Autre surprise : la double récolte de Tire le coyote, absent, mais représenté par son ami Guillaume Beauregard. Gagnant du Lucien dans la catégorie de l’album folk de l’année, le musicien sherbrookois a causé la surprise en remportant les honneurs côté vidéoclip de l’année pour Ma révolution tranquille, devant Loud Lary Ajust et la Blue Volvo noyée de Martin C. Pariseau.
D’une durée de quatre heures, la soirée a été marquée par l’animation énergique d’Ogden d’Alaclair Ensemble et par plusieurs prestations dignes de mention, notamment l’ouverture rap menée par Toast Dawg et Eman X Vlooper, ainsi que les performances rock assez relevées de Sandveiss, Oromocto Diamond, Les Conards à l’orange et Hashed Out.
Essoufflement après l’entracte
Très dynamique dans sa première moitié, le GAMIQ 2015 a fait face à un problème logistique après l’entracte : la grosse boule centrale, qui projetait les vidéos des nommés pour chaque catégorie, a subitement arrêté de retransmettre le son. Ainsi amenés à nommer chaque finaliste, en lisant le journal promotionnel du gala, les présentateurs ont fait ce qu’ils pouvaient pour garder à un niveau acceptable l’enthousiasme de la foule.
Malgré tout, la salle s’est graduellement vidée dans la dernière heure. Alors qu’on se serait attendus à une excitation de plus en plus manifeste au fur et à mesure que les prix les plus convoités s’apprêtaient à être donnés, on a plutôt assisté à un essoufflement global. Sur scène pour recevoir le dernier prix de la soirée, le rappeur Loud a d’ailleurs bien résumé le sentiment général qui habitait les plus vaillants d’entre tous : «J’m’éterniserai pas sur un discours parce qu’on a tous hâte de s’en aller.»
Deux hommages
Au tout début du gala, le journaliste Félix B. Desfossés a donné le coup d’envoi à l’intronisation d’Aut’Chose au Panthéon du rock’n’roll québécois. Toujours aussi volubile et irrévérencieux, le leader du groupe Lucien Francoeur a rappelé son cheminement sinueux sur la scène musicale québécoise des années 1970. Mal-aimé par la presse, le groupe n’a jamais reçu d’honneur, mis à part un «Félix volé» que Lucien aurait soi-disant caché dans la sacoche à Marjo il y a de cela fort longtemps.
«Si tu prends assez de drogue, tu vas vivre vieux, et si tu vis vieux, l’histoire va te prouver que t’avais raison», a-t-il dit, encourageant les artistes à rester intègres, tout en prenant soin d’envoyer chier «les mangeux de marde» et «les multinationales».
De son côté, Vincent Peake a été pris par surprise par un hommage musical plutôt réussi, qui réunissait notamment des membres de GrimSkunk, Anonymus et BARF, venus interpréter Y’a tu kelkun?.
Ému, le leader du groupe hard rock culte Groovy Aardvark, qui a cessé ses activités au milieu de la décennie précédente, est monté sur scène pour recevoir son Lucien. «J’m’y attendais pas… Mais criss que je le mérite!» a-t-il envoyé, récoltant une ovation bien méritée.
Liste complète des gagnants 2015
Album Pop de l’année / Pop Album of the year
Milk & Bone : Little mourning
Album Rock de l’année / Rock album year
Chocolat : Tss Tss
EP Rock de l’année / Rock EP of the year
Heat : Rooms EP
Album Indie rock de l’année / Indie Rock album of the year
Bernhari : Bernhari
Album Folk de l’année / Folk album of the year
Tire le coyote : Panorama
EP Folk de l’année / Folk EP of the year
Saratoga : Saratoga
Album Heavy de l’année / Heavy album of the year
Sandveiss : Scream Queen
Album Musique électronique de l’année / Electronic music of the year
Pierre Kwenders : Le dernier empereur bantou
EP Musique électronique de l’année / Electronic Music EP of the year
Le Couleur : Dolce Desir EP
Album ou EP Roots de l’année / Roots Album or EP of the year
Orkestar Kriminal : Tummel
Album Jazz/Contemporain de l’année / Jazz/Contemporary album of the year
Benoit Paradis Trio : T’as tu toute?
Album Expérimental de l’année / Experimental album of the year
Jardin Mécanique : La sinistre histoire du théâtre Tintamarre épisode 2
Album Rap de l’année / Rap album of the year
Eman X Vlooper
Vidéo de l’année / Video of the year
Tire le Coyote : Ma révolution tranquille
Révélation de l’année / Upcoming artist of the year
Milk & Bone
Auteur-Compositeur de l’année / Songwriter of the year
Félix Dyotte
Chanson de l’année / Song of the year
Coconut Water – Milk & Bone
Spectacle de l’année / Show of the year
Alaclair Ensemble
Artiste de l’année / Artist of the year
Loud Lary Ajust
Festival de l’année / Music Festival of the year
Le Festif
Salle de spectacle de l’année / Venue of the year
Le Divan Orange
Illustration d’album de l’année / Album cover of the year
Louis-Alexandre Beauregard / Thomas B. Martin – Ponctuation/La réalité nous suffit
Maison de disques de l’année / Record Label of the year
Bonsound Records
Agent de spectacle de l’année / Booker of the year
Heavy Trip
Média de l’année / Media of the year
CISM 89,3