Contact ontarois : pour la survie de l’art franco-ontarien
Événement incontournable pour les arts de la scène francophone en Ontario, Contact ontarois lance sa 35e édition ce soir, à Ottawa.
Cette année, à travers une quarantaine d’artistes francophones en provenance de partout au Canada (notamment Joseph Edgar, Claude Bégin, Joëlle Saint-Pierre et, même, l’illustre Wilfred Lebouthiller), c’est 14 artistes franco-ontariens qui tenteront de tirer leur épingle du jeu auprès des diffuseurs nationaux et internationaux. Pour y arriver, ils donneront de courts spectacles au centre des arts Shekman.
La pertinence de cet événement (un genre de SXSW ontarois) n’est plus à prouver. «Chaque année, ce sont près de 900 représentations artistiques qui sont présentées sur le territoire ontarien à la suite de la tenue de Contact ontarois», précise Karine Lafleur, gestionnaire des communications et du développement des partenariats de Réseau Ontario, qui produit l’événement depuis maintenant 15 ans.
Une riche programmation musicale
D’un côté strictement musical, Contact ontarois met de l’avant une offre plus garnie en terme de musique franco-ontarienne. Ainsi, on retrouve pas moins de neuf artistes ontarois dans la programmation cette année, notamment Pandaléon, Mehdi Cayenne Club, Céleste Lévis, Yao et Mclean.
Pour Pandaléon, l’un des seuls groupes franco-ontariens à avoir autant de visibilité à l’extérieur de sa province, l’édition 2016 de Contact ontarois est surprenante. «Je trouve que c’est beaucoup, huit ou neuf groupes/artistes franco-ontariens sur la programmation. Je ne savais même pas qu’il y en avait autant!» indique, en blaguant, le chanteur du trio Frédéric Levac. «Pour vrai, le milieu de la musique franco-ontarienne est tellement petit… On se connait tous personnellement.»
Les choses tendent toutefois à changer selon Karine Lafleur : «Avec une production plus diversifié, professionnelle et solide, l’Ontario vit présentement un engouement au niveau de l’industrie de la musique. Là où ça devient plus difficile, c’est au niveau du décalage entre l’offre et la demande. Les diffuseurs et le public ne semblent pas prêts à accueillir autant d’artistes… En revanche, il est nécessaire d’en avoir autant pour offrir un nombre suffisant de choix.»
Expatriation obligatoire pour les musiciens franco-ontariens?
C’est donc dire que l’expatriation semble, plus souvent qu’autrement, nécessaire pour les artistes franco-ontariens – malgré une industrie artistique que Nathalie Bernardin, présidente de l’APCM (une association assurant le développement de l’industrie musicale franco-ontarienne), qualifie de «plus en plus viable».
À cet effet, Pandaléon fait bonne figure. Signé sous l’étiquette québécoise Audiogram, le trio indie rock rural natif de Saint-Bernardin se promène partout au Canada. «Y’a des super salles en Ontario, mais faut pas s’arrêter à ça», croit le guitariste Marc-André Labelle. «Nous, ça ne nous dérange pas de jouer n’importe où, tant que c’est l’fun.»
Cette ouverture ne semble toutefois pas être partagée par tous les musiciens franco-ontariens, selon ce qu’avance également Pandaléon. «Y’en a beaucoup qui n’aiment pas les Québécois, ni les Anglais, donc ils restent dans leur coin. Ils ne veulent pas sortir de là parce qu’ils ont peur de traverser les frontières», affirme le batteur Jean-Philippe Levac.
Bref, ne serait-ce que pour assurer la survie de ces artistes, Contact ontarois reste une vitrine exceptionnelle qui, de surcroît, permet au reste du Canada (et, particulièrement, au Québec) de découvrir la richesse et la diversité de la musique franco-ontarienne.