Retour global sur le FME 2016 : Jouir de la vie
Le FME à Rouyn-Noranda est devenu un incontournable absolu pour les mélomanes en soif de découvertes et d’excès tout autant que pour les professionnels de l’industrie. Labels, médias, groupes et festivaliers s’y mêlent dans une célébration intense qui s’étend sur 96 heures.
jour 1
C’est au très petit matin, jeudi dernier, que je rejoins mes collègues et amis des médias culturels devant un hôtel du centre-ville pour prendre le bus qui nous mènera vers l’Abitibi-Temiscamingue, périple interminable s’il en est.
Accompagné de mon collègue Olivier Boisvert-Magnen (dont vous pouvez lire les résumés ici et là) et de deux sympathiques amis de chez Feu à volonté, nous faisons preuve d’une galanterie sans borne en laissant la horde de journaliste français prendre place avant nous dans le gigantesque véhicule. Évidemment, comme à la petite école, nous constatons à notre entrée dans le bus que les seules places disponibles pour quatre gaillards voulant tailler de la discute tout le long du voyage sont complètement en avant.
Par chance, nous avons prévu du divertissement. Au menu : Tout est parfait!, livre de psycho-pop horrible de Sylvie Boucher, rafraîchissements de tout acabit, tournois répétés de roche-papier-ciseaux chaque fois que l’on croisait une rôtisserie, etc. Inutile de vous dire qu’à l’arrêt-dîner au sympathique «Arrêt de camion» nous nous faisons dire par l’organisatrice du transport de se la boucler un peu, car les moins festifs du groupe ne sont pas friands de gens passant du bon temps.
Magnanimes, nous nous fermons (un peu) la gueule pour les quelques quatre heures restantes. La suite est anecdotique. Quelques rires étouffés, écriture de poèmes de génie, aprrentissage du fait que «l’argent est énergie» grâce au livre de Sylvie Boucher, ronflements et odeur de swing prenant de l’ampleur dans les derniers miles. Enfin, nous arrivons à destination; le temps de quelques verres de blanc à la Maison en Sol Mineur faisant office de salle de presse, puis direction le chic Motel Mistral!
On consomme un brin, on se délie les jambes, et c’est direction FME! Le tout commence avec nos bons amis de Quebec Redneck Bluegrass Project (reportage à lire ici) qui, visiblement aussi en forme que nous, livrent une prestation enlevante. Ça danse, ça crie, ça mandoline et ça se brasse le couvre-chef sur scène et dans la foule. Le quatuor tient le public dans la paume de sa main, et ce dernier le leur rend bien.
Je me dirige ensuite vers l’un de mes endroits favoris de ce festival, le pop-up shop du plus-que-sympathique Franz Jakob, barbier allemand à l’ancienne qui sait recevoir, vous faire une tête de tombeur en moins de temps qu’il n’en faut pour crier « ACHTUNG! » et qui vous replace la moustache folle en trois coups de ciseau. Il a été dans mes coups de coeur l’an dernier, et sa popularité l’a mené à avoir deux sièges plutôt qu’un ce coup-ci et à même inviter un ami tatoueur (j’y reviendrai d’ailleurs un peu plus tard).
J’en sors, fraichement rasé et la nuque bien fraîche, pour aller rejoindre mes comparses qui se massent devant le concert de Galaxie et Marie-Pierre Arthur. On se fait joliment brasser la cage par les hits de la bande d’électro-rockeurs ponctués des chansons plus calmes de l’auteure-compositrice-interprète. Somme toute, l’ensemble me paraît plus tight que la version vue aux Francofolies, où j’avais l’impression de prendre un break non-désiré entre les tounes plus intenses de Galaxie. Une jolie formule qui se peaufine habilement.
Je ramasse ensuite un groupe d’amis français pour leur montrer un joyau local : le mythique Bar des Chums, où s’échouent les festivaliers après les spectacles, histoire de se déshydrater un peu plus en se tapant un karaoké enflammé. La fin de soirée se perd dans les brumes et la poutine non moins obligée de chez Morasse.
jour 2
Ouf. Réveil ardu dans une chambre qui n’est pas la mienne, pour cause de « y’avait quelqu’un que je connais pas dans mon lit en y arrivant à cinq heures du mat’ ». Une chance qu’il y a les amis, dans la vie. On se décroûte, puis on se botte le train vers le traditionnel party Bonsound, où l’on boit, mange et visionne une performance des Deuxluxes autour d’une piscine où se massent médias, Dead Obies, et autres gens frais et bigarrés.
On se dirige ensuite vers une curiosité qui fait jaser le tout-Rouyn. La colonie de vacances, groupe venu de France, se compose en fait de quatre bands distincts s’installant sur quatre scènes installées tout autour du public. Musiciens de feu, les douze membres jouent ensemble des morceaux d’un math-rock complexe et dense. Leur disposition donne un spectacle en 360 degrés comme nous n’en avons jamais vu ou entendu, la musique attaquant l’ouïe de tous bords tous côtés. Je suis complètement tombé en amour. Ensuite nous prenons un petit répit à la salle de presse, histoire de se rafraîchir (encore plus) et de travailler un brin.
Après un souper copieux et de nombreux moments de franche camaraderie, je me dirige vers le concert de Yonatan Gat, qui me fout à terre tout autant que la première fois que je l’ai vu au OFF de Québec l’an dernier. La suite ne se raconte pas dans le détail et ne se photographie pas sans risquer de compromettre de nombreuses personnes, mais je vous laisse vous faire votre propre scénario à l’aide de cette sélection de mots : after, motel, tronc d’arbre, Pabst, gin, stupéfiants, micro-ondes, moppe, chaise, lit, hurlements, rire, Spider-man, déjeuner pré-coucher. Vous pouvez m’envoyer vos reconstitutions à [email protected].
jour 3
Un étrange concours de circonstance fait que je me réveille plus en forme que la veille. Ce n’est toutefois pas le cas de mes comparses, dont la vie semble infiniment difficile. Je me donne donc comme mission d’aller leur chercher des Octane (t’sais, la boisson à 7% avec du Guarana, là?) et quelques bières, histoire de les aider à écrire leurs compte-rendus quotidiens. Tâche ardue qui nous fait manquer quelques activités, mais les bros passent avant tout alors je reste avec eux pour les soutenir.
Les forces reviennent, la faim nous gagne et l’Octane fait son oeuvre juste à temps pour nous botter le cul à nous diriger vers le souper organisé par la SOCAN à la Maison du festival. Il s’agit d’un superbe party où l’on a droit à des prestations très solides des Soeurs Boulay et de Ponteix. S’ensuit un festin gargantuesque où le vin continue de couler à flots au son de la mastication de nombreuses bouches professionnelles de l’industrie culturelle. On rigole, on se goinfre, on s’enivre, on jouit de la vie, quoi!
Nous nous dirigeons ensuite vers la place principale du FME pour aller se faire rentrer en pleine gueule par les succulents METZ. Pas de déception ici, les gars sont en pleine forme et nous envoient des décibels saturés au visage en quantité suffisante pour décaper les tympans des moins férus de musique forte.
La soirée se poursuit avec Claude aka Flugeance, DJ français maniant les samples à merveille et qui nous fait danser à s’en suer la vie. Je n’ai réussi à rescaper que trois photos de ce moment-là. Les flous artistiques se multiplient.
jour 4
L’épuisement nous gagne. Les excès des jours prédécents ont finalement raison de notre volonté féroce, mais qu’à cela ne tienne; c’est pour ça que Dieu a inventé le Octane et le Four Loko! On se repart donc la machine avec du gaz d’avion une fois de plus.
Je me dirige vers l’un de mes objectifs principaux de ce weekend intense, la table de tatouage de Marc-André Boucher. Le gars sait ce qu’il fait. Il m’a réalisé deux designs que je désirais depuis longtemps dans le temps de le dire avec une grande précision, et j’en suis sorti heureux comme un prince!
Après cette séance d’aiguille dans le bras et la coupe de cheveux d’un de mes collègues, on retourne en ville pour capter Paupière, qui livre en plus des chansons de son dernier EP du nouveau matériel qu’il est plus qu’intéressant de découvrir.
Personnellement, c’est malheureusement comme ça que la fête se termine (lisez le résumé de ma collègue Catherine Genest ici pour une autre vision peut-être un tantinet moins embrouillée). Le soleil combiné aux abus massifs ont raison de mon corps, et je rentre au motel me reposer et faire le ménage dans mes photos.
Peu de temps après, le chef Aubry me rejoint. Nous poursuivons la drinkerie en écoutant des épisodes de South Park et autres conneries, pendant que la chambre se remplit lentement de nos collègues et amis qui tombent tour à tour au combat. Finalement, le sommeil ne vient jamais avant notre départ dans le bus, le lendemain aux abords de 7 heures du matin.
Il va sans dire que ce FME 2016 a été une expérience hors du commun. L’organisation de ce festival et tout ce qui l’entoure est absolument sans faille, assurant aux musiciens, aux médias, et aux festivaliers qu’ils en reviendront transformés.