J Dilla, le dénominateur commun
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J Dilla, le dénominateur commun

Pour une 11e fois, l’évènement Montréal Loves Dilla rassemble une horde de talentueux producteurs et DJs montréalais.

Réunis pour rendre hommage à la mémoire du regretté producteur J Dilla, l’un des artistes les plus influents de l’histoire du hip-hop américain, Toast Dawg, Sev Dee, Dr. MaD, Ephiks, Manzo, DJ Manifest et Mark the Magnanimous se relaieront sur la scène du Artgang Plaza ce samedi 10 février.

«C’est vraiment quelque chose qui me tient à cœur», dit Toast Dawg, à propos de cet évènement qu’il a confondé avec Ephiks en 2007. «Avec les années, on ne s’inquiète plus à savoir s’il va y avoir assez de monde, car on sait que c’est un peu devenu une institution.»

Au-delà de l’hommage qu’il met de l’avant, Montréal Loves Dilla est une plateforme de rassemblement pour les producteurs de la métropole. Lors des premières éditions, Toast Dawg y a rencontré plusieurs jeunes beatmakers prometteurs, notamment ceux du collectif Alaiz (dont ont fait partie Dr. MaD, Kaytranada et High Klassified). «J Dilla, ça touche un peu tout le monde, ça rassemble les anglos et les francos. Même si tout le monde a maintenant des styles variés, il reste une influence commune pour notre scène, un dénominateur commun.»

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Amorçant sa faste carrière au milieu des années 1990, notamment avec son groupe Slum Village, J Dilla a sans cesse repoussé ses limites artistiques. Membre du mythique collectif The Soulquarians, au même titre que Q-Tip, Talib Kweli, Eyrkah Badu et D’Angelo, il a insufflé une dose vivifiante de neo-soul au hip-hop américain au tournant des années 2000. En février 2006, trois jours avant qu’il ne succombe à un arrêt cardiaque, son approche minimaliste et expérimentale a pris forme sur Donuts, deuxième album officiel dont l’impact indiscutable a résonné jusqu’au Québec avec l’avènement des soirées ArtBeat et l’implosion de la scène hip-hop instrumental montréalaise en 2011-2012.

Ainsi, chaque artiste invité à Montreal Loves Dilla a sa période de prédilection. «On a tous nos années préférées. Mark pis Sev Dee, ils jouent beaucoup de chansons sorties sur ses beat tapes posthumes», explique Toast Dawg, faisant référence aux nombreuses compositions instrumentales minimalistes qui sont parues au compte-gouttes depuis la mort de l’artiste. «Moi, je suis surtout un fan de ses grosses prods qui ont changé la face du rap américain comme celles de Welcome 2 Detroit ou de Amplified de Q-Tip.»

Déjà impressionnante, l’évolution de J Dilla a été freinée par sa mort hâtive, à l’âge de 32 ans. Dans une période charnière où le rap est maintenant la musique la plus consommée aux États-Unis, qui sait jusqu’où il aurait pu aller? «Il ferait peut-être des gros tracks de club», croit Toast Dawg. «Ce qui est certain, c’est qu’il pouvait faire pas mal toute. On raconte qu’en 10 minutes, il pouvait reproduire n’importe quelle chanson à la mode. Il était vraiment efficace.»

Montréal Loves Dilla – Artgang Plaza (Montréal), 10 février (21h)

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