Le FIJM annule SLĀV
Musique

Le FIJM annule SLĀV

Devant le tumulte ambiant, le Festival international de jazz de Montréal et l’artiste Betty Bonifassi ont pris la décision d’annuler les neuf dernières représentations du spectacle SLĀV : une odyssée théâtrale à travers les chants d’esclaves.

Par l’entremise d’un communiqué de presse envoyé ce matin, l’équipe du FIJM dit être «ébranlée et fortement touchée par tous les témoignages reçus», ajoutant qu’elle tient à s’excuser «auprès des personnes qui ont été blessées». Le FIJM précise au passage «que l’inclusion et le rapprochement entre les communautés sont essentiels».

Présentée au Théâtre du Nouveau Monde, la première de ce spectacle mis en scène par Robert Lepage et basé sur des chants d’esclaves afro-américains avait provoqué l’ire de certains citoyens. «Les chants d’esclaves n’ont pas été écrits pour que des personnes blanches fassent un profit sans inclure des personnes noires», avait alors dit à Radio-Canada l’artiste et rappeur Lucas Charlie Rose, l’un des initiateurs de ce soulèvement qui culminé avec une manifestation devant le TNM.

Depuis, le battage médiatique entourant cette controverse s’était poursuivi sans relâche. Lors de son spectacle de lundi dernier sur la Place des festivals, le groupe hip-hop montréalais Nomadic Massive avait choisi d’arborer un chandail sur lequel on pouvait lire le message «Faites mieux», destiné aux organisateurs du FIJM. Mardi, le chanteur californien Moses Sumney avait annoncé l’annulation de son spectacle au festival, organisant en retour un «contre-événement» en marge du festival. «J’ai été déçu d’apprendre que le FIJM présentait plusieurs représentations d’une pièce appelée SLĀV, dans laquelle des chanteurs majoritairement blancs, dirigés par un metteur en scène québécois blanc, chantaient des chansons afro-américaines, parfois déguisés en esclaves et en cueilleurs de coton», a-t-il écrit dans une lettre adressée au festival, maintenant publiée sur sa page Tumblr.

Silencieuse depuis le début de cette controverse, Betty Bonifassi «remanie des chants d’esclaves afro-américains dans une rigoureuse démarche d’anthropologie artistique» depuis plus de cinq ans. Son alliance avec Robert Lepage devait donner une nouvelle impulsion à ce spectacle. Dans un communiqué de presse également envoyé ce matin, la compagnie de production multidisciplinaire Ex Machina (appartenant à Lepage) dit comprendre la position du Festival International de Jazz de Montréal. «Tenant compte du contexte ambiant, nous ne souhaitons pas ajouter d’autres commentaires pour l’instant», peut-on lire dans ce même communiqué.

Les détenteurs de billets pourront obtenir un remboursement au point d’achat.