Foo Fighters au FEQ : le rock l’emporte
Musique

Foo Fighters au FEQ : le rock l’emporte

La chaleur du rock a eu raison de la pluie lundi soir à l’occasion du grand retour des Foo Fighters sur les plaines d’Abraham. Retour sur un spectacle à la hauteur des attentes démesurées.

Fallait être dans la capitale pour comprendre la fébrilité qui animait la ville à quelques heures de ce rendez-vous à la propension épique. Toutes les radios commerciales semblaient compétitionner pour le titre de la radio officielle des Foo Fighters, accumulant les montages de grands succès et les interventions météorologiques. La grande inquiétude de toute la ville: allait-il faire beau pour le retour de Dave Grohl et sa bande ou si, comme en 2015, la pluie et les orages allaient couper court aux festivités? Chose certaine, l’équipe du FEQ a pris les grands moyens en demandant à l’administration de la Ville de Québec de prolonger jusqu’à minuit l’ouverture du site, histoire de laisser les guitares hurler une heure de plus.

En arrivant sur le site, tout juste pour les dernières minutes de la nouvelle sensation blues rock américaine Greta Van Fleet (un habile fac-similé de Led Zeppelin), le déluge se pointe le bout du nez, laissant croire aux dizaines de milliers de spectateurs que Dame Nature viendra encore gâcher la fête. Ponchos à 5$, rideau de douche hissé comme une toile de protection, cartons de caisses de bière en guise de chapeau… Tous les moyens sont bons pour se protéger de la pluie qui va et qui vient.

Mais cette fois, le scénario n’allait pas être le même qu’il y a trois ans. Intraitable, le percutant Dave Grohl s’amène sur scène avec une confiance à toute épreuve, sachant fort bien que la foule attend ce moment avec une hâte démesurée. «Are you ready??» lance-t-il, sous un tonnerre d’applaudissements, avant d’entamer les premières notes irrémédiables d’All My Life, l’une des plus ardentes chansons de son répertoire. Le moment est puissant.

«Nothing’s gonna stop us motherfucker! We’re gonna dance all night!» envoie-t-il en guise de deuxième introduction, signe que la soirée sera longue. Learn to Fly, The Pretender et The Sky Is a Neighborhood suivent avec la même intensité et, peu à peu, on réalise l’aisance avec laquelle le groupe fédère les époques de son généreux cursus qui, à défaut de contenir plusieurs albums classiques, impressionne par sa cohérence musicale. Après tout, Foo Fighters est l’un des seuls groupes de la vague post-grunge de la fin des années 1990 à avoir su garder le cap, sans trahir ses origines pour un format pop rock trop insipide.

Renaud Philippe / FEQ
Renaud Philippe / FEQ

Et Dave Grohl incarne à merveille cette survivance rock avec son charisme contagieux. La tignasse brune tombante dans le visage, il émet des beuglements furtifs, sans jamais en faire trop pour rien. À la batterie, son fidèle camarade Taylor Hawkins épate la galerie avec son jeu rythmique spectaculaire, qui résonne avec beaucoup plus de vigueur lorsqu’il est intégré aux chansons plutôt qu’exhibé dans un interminable solo. C’est d’ailleurs la seule chose qu’on aurait à reprocher à ce spectacle autrement sans faille : cette abondance de solos qui s’étirent en milieu de route, comme pour faire passer le temps avant les hymnes attendus. Et, comme si la formation de Seattle n’avait pas assez de chansons marquantes en banque, elle croit bon nous faire plaisir en accumulant les reprises de chansons rock classiques, tels que Blitzkrieg Bop des Ramones, Under My Wheels d’Alice Cooper et un amalgame superflu et sans réel intérêt de Jump de Van Halen et Imagine de John Lennon. À la place, on aurait pris Low, Have It All, Walking After You, This Is A Call et, pourquoi pas, Big Me. Seule relecture pertinente du lot : celle d’Under Pressure, magnifiée par la chimie entre Hawkins et Grohl au micro.

Le sprint final se profile avec enthousiasme dès les premières notes de l’indémodable Monkey Wrench et du futur classique Run. Juste après, une version plutôt surprenante de la costaude Breakout, garni d’un assortiment rythmique très inspiré de Hawkins et, surtout, d’un beau moment d’accalmie où les spectateurs répondent à l’appel de Grohl en brandissant la lumière de leur cellulaire vers la scène.

Le répit se poursuit avec la facultative Dirty Water, avant de s’estomper pour la légendaire Best of Me, entonnée sans relâche par l’assistance. Transcendant, Grohl déclame ses paroles avec une force pétulante.

Enfin, le rappel se déroule dans la communion la plus harmonieuse avec la douce et rassembleuse Times Like These. Plus clairsemée mais toujours aussi vive, la foule se tient prête pour le cri ultime : Everlong.

«If everything could ever feel this real forever», chante Grohl avec la même émotion brute qui l’animait en 1997.

C’est ce même désir qui nous habitera jusqu’au prochain rendez-vous.